IN.R.I.

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15/20
Nom du groupe Infection Code
Nom de l'album IN.R.I.
Type Album
Date de parution 08 Novembre 2019
Enregistré à The Cat's Cage Recording
Style MusicalMetal Industriel
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Slowly we Suffer
 06:14
2.
 Unholy Demo(n)cracy
 05:22
3.
 Where the Breath Ends
 06:45
4.
 The Cage
 07:27
5.
 Alteration
 07:14
6.
 New Rotten Flesh
 07:07
7.
 Dead Proposal
 06:06
8.
 8 hz
 07:05

Durée totale : 53:20

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Infection Code


Chronique @ JeanEdernDesecrator

11 Novembre 2019

Un maelstrom de béton armé, avec métal rouillé option tétanos

Qui n'a pas rêvé de tout plaquer pour revenir vingt ans en arrière ? C'est ce qu'a fait Infection Code avec son cinquième opus, en tranchant net avec sa vie musicale passée.

Infection Code a commencé sa carrière dès 1999, avec un metal industriel brutal à la croisée de Napalm Death, Voivod et Godflesh. Depuis, ils avaient privilégié l'exploration sonore tantôt côté noisy , tantôt coté électronique, avec une approche très avant-gardiste, d'aucuns diront élitiste. Samples qui hantent les morceaux, rythmiques tordues, chant halluciné, l'imprévisible surgissait à chaque titre, sans concessions , quitte à perdre l'auditeur en route. On pourra noter que le groupe avait choisi de chanter en italien, sur ses derniers albums "La Dittatura del Rumore" et "Dissenso".
Si les deux membres à l'origine d'Infection Code, le batteur programmateur sorcier des samples Ricki Porzio, et le chanteur Gabriele Oltracqua, sont toujours là depuis les débuts, les péripéties de casting au sujet des bassistes et guitaristes ont fini par bouleverser la musique du groupe. Il semble qu'Infection Code ait été au bord du split quelques mois avant l'enregistrement de cet album, à cause d'un burn-out de l'expérimental, si l'on peut dire, Gabriele et Ricki voulant revenir à du metal industriel de base aux intentions belliqueuses.

Il en a résulté le départ du guitariste Paolo et du bassiste Enrico, puis l'arrivée de deux nouveaux membres.

D'abord Davide à la basse, qui avait déjà tenu la guitare dans le groupe par le passé, qui est revenu prêter main forte à ses anciens compères.

Puis le guitariste Rust (Sylpheed, Genetical Disorder, Mater Machina) a complété le line-up, et le groupe a passé six mois à répéter les nouveaux morceaux du futur "IN.R.I". Mais bien qu'il ait enregistré les parties de guitare pour ce disque, Rust était... déjà sur le départ.

Dès qu'"IN.R.I" a été mis en boîte, un nouveau guitariste, Max Barbero, a donc intégré Infection Code.

On est pas loin de Plus Belle la Vie, et on peut croiser les doigts pour que le line up se stabilise enfin.

Ce nouvel album, produit par Francesco Salvadeo, et sorti sous la bannière d'Argonauta Records, se place sous le signe du retour aux débuts du groupe, avec un mélange de thrash/death brutal et torturé mâtiné d'industriel, en rupture totale avec leurs années d'expérimentations. Plus de sonorités noisy, plus de chant clair, plus d'ambiances mélancoliques, plus d'errements bruitistes, aux oubliettes les visuels de pochette décalés, colorés et tordus.

Le changement c'est maintenant comme dirait l'autre, et il commence par l'artwork gris sur gris assez dérangeant (le sniff de crâne, mmm) et pas très engageant qui fleure bon les vieilles pochettes de Napalm Death. Menaçant par sa guitare, grinçant par sa voix, déroutant par sa batterie, mais discret par sa basse, Infection Code malmène l'auditeur, dans un maelstrom de béton armé, avec métal rouillé option tétanos.

Mes premières impressions m'ont fait penser à un Shining sans jazz - la tessiture vocale rappelant Jørgen Munkeby passé à l'acide punk et blackoïde, et à Meathook Seed pour l'âpreté menaçante de la musique. La découverte est éprouvante, Infection Code a une intransigeance assez punk, un esprit jusque-boutiste, qui était déjà présent dans leurs années de savants fous sonores.
Beaucoup de morceaux commencent de manière abrupte, ou avec une intro aplatissante ; le but est de faire mal, et de ne rien lâcher, comme on le dit dans Koh Lanta. Sauf le temps d'arrêts inquiétants, samples indus ou bourdonnements drones, avant de repartir pied au plancher.

Il m'a fallu énormément de temps pour rentrer dans cet opus, et ce n'est qu'après un nombre certain d'écoutes que mon oreille a pu y trouver ses repères. Infection Code ne rend pas les choses faciles, mais le plaisir n'en est que meilleur au bout, car il ne sonne comme aucun autre groupe.

Certains titres se détachent avec un peu plus d'évidence, comme "Where the Breath Ends", lourd, rampant et inquiétant, ou "The Cage", dont les mélodies fricotent avec le black metal. "New Rotten Flesh" est très dissonant (on pense à Voivod, celui de "Dimension Hatröss"), et violent, entrecoupé de silences de samples synthétiques, flippants comme de gros bugs. Infection Code prend une envergure impressionnante les rares fois où il superpose plusieurs couches sonores, comme sur les samples indus, arpèges crunch et le violon nostalgique (par Katija di Giulio, de Sylpheed) sur "Slowly we Suffer".
Les changements et breaks sont soudains, dans des structures de morceaux finalement plutôt complexes. Il y a tout de même quelques relatives accalmies, comme sur "Alteration", qui apporte de la nuance et des arpèges gentiment tordus.

La guitare se taille la part du lion dans des compos assez longues, articulées autour d'une pléthore de riffs. Des accords industriels, du riff thrash rappelant les vieux Sepultura, une pointe de black ("The cage"), des allers retours sur une corde bien death, il y en a pour tous les goûts bétonnés. Cependant les morceaux auraient pu être raccourcis et simplifiés, car on dépasse souvent les 6 ou 7 minutes, ce qui fait beaucoup pour ce style de zique. Il y a quelques passages dispensables, comme un groupe le ferait sur son premier essai discographique. On se demande si Infection Code n'a pas eu peur de jeter ses moins bonnes idées. Témoin, ce"8hz" en fin d'album, qui fait un peu empilage de riffs, avec des transitions assez raides.

Je suppose que les instabilités chroniques au poste de six-cordiste n'ont pas facilité la fluidité de la composition. En revanche, le son de guitare est assez maousse et prend une bonne partie de l'espace sonore en duo avec la voix, d'autant plus que la batterie est légèrement en retrait dans le mix. On se rapproche même d'un son sec et droit de boîte à rythmes, alors qu'il avait sur d'autres opus un son organique et presque végétal. Les patterns très variés de Ricki peuvent être lourds, hachés à la mode indus, mais il ne perd pas une occasion d'accélérer (le poutapoutapouta de "Unholy Demo(n)cracy"), ou de blaster façon déstructuré à la Dillinger Escape Plan. Un son de batterie plus détaillé et présent aurait bien mis en valeur les parties touffues et complexes de Ricki Porzio.

La voix de Gabriele, si elle est reconnaissable, se trouve exacerbée, plus cassante que jamais, et harcèle sans relâche les esgourdes.
Heureusement, Gabriele dispose d'une autre corde vocale à son arc pour nous soulager les oreilles : un growl légèrement death ! Doté d'une grosse couche de saturation, il donne du gras en doublage de la voix principale, ou sur quelques couplets ("Dead Proposal"). J'aurais aimé quelques passages avec du chant plus clair, et pour tout dire plus expressif comme Gabriele le faisait sur leurs albums précédents. Le seul passage clair est fait par un guest, Andrea Marchisio de Highlord sur "The Cage", et il arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, mais au final ce passage un peu limite rentre quand même dans les oreilles et a son petit charme.

La basse est comme souvent dans le metal assez en retrait, mais elle apporte vraiment dans des parties où la guitare lui laisse un peu la place ("Where the Breath Ends"). La production de Francesco Salvadeo est brute et puissante, et colle bien avec le son du groupe.

Le changement de direction musicale d'Infection Code peut laisser perplexe ; mettre de coté la machine à samples, si vitale jadis, peut se concevoir comme une prise de risques éthique, en laissant les instruments rugir sans artifices, quitte à perdre une bonne partie de son originalité, voire son âme. Cependant, "IN.R.I" pourra fortement intéresser les nostalgiques de l'âge d'or du metal indus avec ce metal très austère, abrupt, et dissonant.

Pour ma part, je ne peux m'empêcher de penser ce que pourrait donner un album synthèse de tout ce que peut faire Infection Code, et imaginer un jouissif croisement entre Treponem Pal, Sepultura, Refused et Sonic Youth...

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