Le credo du Metalcore électronique est une tendance en vogue depuis quelques années,
Sybreed ayant lancé les hostilités par de nombreux éléments dans son album «
Antares », des groupes comme
Asking Alexandria ont par la suite démocratisé le genre, l’apportant à la réussite de projet comme
Enter Shikari,
Crossfaith ou
We Butter The Bread With Butter pour ne citer que ceux-là. L’électro-core, comme nous le nommerons ici, est une évolution-type, un Metalcore 2.0, décalant de cela encore plus une mouvance déjà très critiquée dans l’univers du
Metal.
Perdurant dans un style raillé bien trop souvent pour une simple question de look (qui est parfois, il faut l’avouer, atroce, même si certains Blackeux… Je ne rentrerais pas dans ce débat sans fin),
The Browning a pénétré de plain-pied dans ce domaine avec un premier album qui s’est inscrit dans la lignée des productions des groupes cités ci-dessus. La volonté de faire du Dancefloor une scène
Metal à part entière n’est pas une chose que la plupart pourront apprécier, mais il faut reconnaître qu’à aujourd’hui, les groupes osant des mélanges particulièrement osés deviennent légion, bien que la qualité, elle, soit la plupart du temps absente.
«
Hypernova ». Deuxième album après «
Burn This World » donc. Ce premier jet avait régulièrement eu comme principale remarque l’absence de plans
Metal marquant, la plupart n’étant pas du tout appuyés, donnant l’air d’écouter un disque d’électro greffé de quelques guitares et d’une base hurlée parfois trop mise en avant. «
Hypernova » s’inscrit dans une évolution logique du concept adopté par
The Browning. La production, comme toujours dans le milieu, se veut parfaitement propre et organique, la différence viendra maintenant de la place des instruments. Bien entendus, les claviers et autres effet électronique tiendront une place prépondérante dans l’ossature globale de la chose, mais les Américains vont maintenant bien au-delà.
La surprise avait été vraiment importante pour le premier opus et il était clair que les Américains ne pouvaient en aucun cas se contenter de se reposer sur leurs acquis. «
Hypernova » est donc un album entre deux chaises, fruit d’un groupe évoluant sans réellement savoir quelle direction donner à son avenir. Ainsi, sur «
Hypernova » se côtoie des titres aux effets extrêmement Dancefloor, multipliant les effets électroniques apportant une dimension atteignant une trance palpable et les courants électro désormais démocratisé (la
Hard-Tek ne fait plus peur à personne, aujourd’hui). Mais de l’autre côté, le groupe propulse des variantes bien plus virulentes, purement
Metal/
Deathcore. Les guitares y tiennent ainsi une place plus que prépondérante, la batterie ressortant facilement du mixage, le chant, toujours growlé, trouvant une nouvelle dimension dans un registre plus mélodique.
L’ «
Invasion » de départ est une introduction plus que facile, multipliant déjà les mélanges organiques et synthétique avec des riffs déjà purement dans la mouvance –coreuse. Ce sera l’un des points de divergence de l’album, néanmoins, «
Save the World » démontre déjà la volonté du groupe de faire ressortir les inspirations
Metal, les guitares sont nettement en avant, l’électro ne domine plus et ne sert que d’accompagnement.
«
Hypernova » s’apprécie comme un sandwich. Il y a deux tranches de pain (à savoir les premiers et derniers titres) qui s’apprécient correctement et un cœur qui révèle tout le potentiel du groupe. Commençons par le pain. Il se matérialise avec l’électro catchy et les breakdowns de «
Gravedigger », jouant comme au tennis entre des parties à dominance
Metal et d’autres plus Electro. Il y a aussi « Industry », plus clinique et froid. Un
Metal Industriel plus rapide, des growls furieux, tous les éléments sont en adéquation sans jamais trop dépasser. Puis il y a l’incroyable triplette «
Breaking Point », « Planet
Hate » et «
Cross the Line ». La rythmique est classique, un
Deathcore de base, les breakdowns sont dessinés de la même façon, les ponts électroniques très bien jumelés entre les pistes, parfois symphonique, parfois sous forme de chœur plus céleste. Un impressionnant manque d’inspiration et une facilité assez déconcertante.
Le déroulement de cet album est extrêmement intéressant. Le groupe ouvre et ferme son disque de la même manière : par de l’in-originalité, se contentant de piocher des rythmiques usées jusqu'à la corde et des parties technos que ne renieraient pas les dernières boîtes à la mode. On pourrait interpréter le début par un : « Eh les mecs, vous avez vus ? C’est encore nous ! » qui permettrait que le fan ne soit pas désabusé. Puis l’album se conclurait par la même touche d’in-originalité pour montrer au fan que « Et ouais, c’est toujours nous ! ». Et au milieu ?
Tel un bon steak saignant, le groupe propulse un «
Hypernova » extrêmement dynamique dans son déroulement, multipliant interludes et breakdowns avec un talent certain, rien n’est en omniprésence, le groupe dispose ses éléments dans la justesse, que ça soit dans la lenteur extrême ou d’étouffantes frappes de double. On capte une rythmique tout aussi dynamique du côté de « Type 1A », plus industriel sur ses ambiances très mécaniques (son sublime break électro) et martiales, donnant dans des growls parfois plus émotionnels, moins dans la violence.
Des titres comme « Fifth Kind » prouvent également que le groupe sait bâtir des morceaux plus ambiants. N’attendez pas non plus des ballades, le chant clair n’existe pas ici (même si un semblant de chant électronique fera son apparition sur le refrain), je parle davantage d’ambiance. Les breaks sont moins sombres, plus reposant et en total adéquation avec la lourdeur des parties
Metal et des growls caverneux de Jonny McBee. De la même manière, la courte «
Black Hole » se fera plus atmosphérique, les hurlements iront même parfois jusqu’à se montrer plus implorant. L’électro emmènera d’ailleurs parfaitement le rythme.
Et de l’autre côté, nous voyagerons au Moyen-Orient avec l’arabisante «
Slaves ». Oui oui, du point de vue de la cohérence avec le reste de l’album, c’est moyen, mais nous sommes forcés de reconnaître que c’est particulièrement bien réussis, aussi bien dans la synthétisation des ambiances que dans la brutalité des blasts et des riffs plus orientaux. L’album se clôturera par la suite sur un « Fearplex » plus angoissant, entre un piano pesant et une lourdeur mécanique impeccable sur des growls d’une violence sublime.
The Browning nous livre un disque en demi-teinte, entre une partie plombée de pompage rageant et une autre remplie de trance et d’ambiances enivrantes. De ce fait il est difficile d’émettre un vrai jugement sur la valeur du groupe, nous prouvant à la fois le pire de la scène –coreuse et également en quoi elle peut habilement se sublimer. Pour
The Browning, la réponse est claire : le cap du troisième album risque d’être décisif. L’ombre ou la lumière ?
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