Au lieu de faire la sempiternelle chronique de grind ressassant éternellement que « ça débourre grave dans la gueule », que « ça ramone la cheminée » ou je ne sais encore que « ça déboîte le dentier à mamie », « fait descendre la culotte de belle-maman » et « que ce n’est pas pour les lavettes », on peut proposer un autre type d’analyse sur ce genre d’album. Non ?!
Il faut bel et bien savoir qu’il n’y a que deux groupes sur l’hémisphère parmi le pullulement de groupe tous plus crades et inintéressants les uns par rapport aux autres qui me donnent envie d’approfondir le sujet et d’élargir mon registre. Le premier n’est autre que
Cephalic Carnage le second, mais bon c’est pour ça que je fais une chronique dessus, c’est
Nasum.
Pourquoi ces deux-là ? Tout simplement parce que tous les deux sortent des virages pré calculés, des clichés repérables à cent kilomètres et des amalgames coutumiers au style, mais à leurs façons, avec leurs méthodes spécifiques.
D’où maintenant ma question : Comment peut-on voir dans «
Human 2.0 » une avancée dans le grind et comment fait cet album pour se différencier ?
Si l’on regarde la Set-List, pas grand-chose à priori, vingt-cinq titres pour presque quarante minutes d’ultra violence, mais déjà la pochette amène un petit quelque chose dans son ambiance hybride et clinique. Cependant, le principal se joue sur la personnalité de son (ex) leader : Miezko. D’accord, ça dessoude sévère tout le long de l’album et l’on a toujours l’impression d’avoir affaire à un marteau-pilon, d’une intensité impitoyable, mais attendez...
Une demi-heure, c’est largement assez pour rentrer et sortir d’un disque de
Nasum, les oreilles en sang, mais pas si persécutées que ça. Enfin si, je sais bien, qu’entendre «
Human 2.0 », c’est avoir un volcan dans les WC, néanmoins
Nasum fait de son album une décharge certes soniquement extrême voir même improbable, mais en tout point contrôlée, maîtrisée. Et c’est là que l’album se démarque comme des voix n’ayant rien à voir avec les borborygmes habituels. Elles lorgnent plus vers les vocaux criards entre le punk virulent et le hardcore teigneux. Ensuite, musicalement cette touche se ressent, si les nombreuses accélérations sont terrifiantes, elles se désagrègent sans en perdre de leur intensité et de leur crudité en des passages plus déstructurés, parfois lents, mais toujours vindicatifs.
Cela donne pour ainsi dire l’impression que les musiciens agissent comme des pantins déchaînés et mis hors contrôle, mais sachant toujours contrôler ce qu’il faut pour ne pas sombrer dans la brutalité stérile et faussement flinguée.
Non, on sent bien que Miezko tient fermement les ficelles de cette déflagration sonique aux textes engagés suivants parfaitement la ligne musicale.
C’est là que l’on ressent que
Nasum fait du grind intriguant et qui a du sens !!! Une version extrême du punk qui s’écoute avec modération (faute sinon de péter un plomb) et qui se démarque fondamentalement du style binaire simpliste et assez horripilant pour ma part et cela malgré ces titres qui durent moins d’une minute dont je ne vois franchement pas l’intérêt. Cependant dès que l’on approche des cinquante secondes, un accent de nouveauté pointe et maintien l’auditeur à l’écoute de ce disque. Des segments accrocheurs qui se suivent parfaitement même si le meilleur est à prendre dans les titres les plus longs gorgés de breaks aussi domptés que furieusement agressifs (ce qui ne fait pas perdre la ligne droite tracée).
Résultat, «
Human 2.0 » est un excellent album de grind psychotronique et réfléchi (on est loin du bordel sonore de base) et même si les détracteurs loucheront sur le fait qu’un album de grind reste un album de grind, celui-ci aidé par une production impeccable entre la crudité et le professionnel devrait donner une alternative à un mouvement encroûté dans sa détermination à nager dans le non-sens.
Je dis, persiste et signe...
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