Hidden Sides

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15/20
Nom du groupe Lost Opera
Nom de l'album Hidden Sides
Type Album
Date de parution 14 Octobre 2016
Style MusicalMetal Mélodique
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1. The Inquisitor 01:28
2. Today I Cry 04:05
3. Follow the Signs 05:20
4. Rage 04:50
5. Betrayal 05:38
6. The Lonely Owl 05:11
7. The Sinner 01:49
8. May I ? 04:57
9. So Wrong 06:18
10. O.P.S 05:49
11. My Silent Hill 05:42
12. The Weight of the Cross 05:08
Total playing time 56:15

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Lost Opera


Chronique @ ericb4

26 Octobre 2016

Ayant pris le temps d'affuter ses armes, le combo envoie désormais du très lourd...

L'histoire musicale du groupe français, loin d'être linéaire, l'a vu se métamorphoser au fil du temps, la maturité de son projet et l'évolution de son potentiel aidant, celui-ci s'affichant aujourd'hui comme une valeur montante de son registre metal d'affiliation, valeur avec laquelle il faudra vraisemblablement compter désormais. Aussi, un flashback s'impose, d'une part pour déceler la manière dont s'est opérée la progression de ce concept musical et, d'autre part, afin de comprendre en quoi cette fraîche et sculpturale offrande serait synonyme d'œuvre totalement aboutie.

Fondé en 2007, le quintet ébroïcien officie dans un registre metal mélodico-symphonique fringant, un tantinet explosif, avec une touche extrême, non sans rappeler les pointures du genre (Kamelot, Rhapsody Of Fire, Stratovarius, Therion...). Après la réalisation de deux discrètes démos (« Xenocide » et « Luzibel ») en 2008, le combo a multiplié ses apparitions sur la scène metal hexagonale, et ce, jusqu'à ce qu'il se mette à l'écriture de son premier album full length, le sculptural « Alchemy of Quintessence », sorti 3 ans plus tard chez Brennus Music, suivi d'une tournée française, celle qui, précisément, lui permit de se placer sous les feux de la rampe.

Galvanisé par l'accueil favorable d'un public de plus en plus acquis à sa cause, le collectif normand s'est prestement remis en selle. Cette fois, il a souhaité lui en offrir plus, à l'aune d'une production à la logistique minutieuse, artistiquement inspirée et techniquement exigeante, aux arrangements d'excellente facture, élaborée sur le long terme avant sa diffusion. En 2013 déjà se tissent les premières toiles de ce qui deviendra, en 2016, « Hidden Sides », imposant album où s'enchaînent finement et judicieusement 12 pistes sur un ruban auditif de plus de 56 minutes. Pour preuve de l'engouement suscité par les gammes et les arpèges livrés par la valeureuse troupe, la réalisation de cet opus a reposé, pour l'essentiel, sur une campagne de financement participatif qui s'est soldée par un retentissant succès, les aficionados s'étant largement mobilisés à cet effet.

Durant ces 3 années, en parallèle et en guise de préambule, nos acolytes ont réalisé le clip live « Rage », celui-ci remportant le Metal Symphonique Award du meilleur clip francophone de l'année 2013, suivi d'un second, à l'instar de « So Wrong », en 2014, et enfin de « Follow the Signs », quelques mois précédant la sortie de la galette. Brûlot émanant d'une symbiotique harmonie dont ont fait preuve les maîtres d'oeuvre, à savoir : Loïc Conti chant), Sven Faucon (guitare), Raphaël Treuil (basse), Julien Gronnier (batterie) et Stéphane Vignon (claviers).

Autant de signes avant-coureurs, synonymes d'inspiration féconde, qui nous poussent à placer le cd dans le boîtier de la platine. Asseyons-nous, le spectacle peut enfin commencer...

Cette substantielle rondelle peut être appréhendée en deux sets, répondant à une même logique de distribution des espaces rythmiques, à peine interrompus par un interlude, chacun renfermant ses joyaux.

Le rideau s'ouvre classiquement sur un soyeux et enveloppant environnement synthétique, digne d'un Nightwish des premiers émois, alors qu'une légère brise souffle dans les voiles, à l'aune de « The Inquisitor ». Cette progressive entame instrumentale, où s'adjoignent des choeurs en faction, annonce la couleur des intentions du collectif français tout en témoignant d'un enregistrement de fort bon aloi.

Parmi les cinq morceaux suivants de la première salve, quatre sortent du lot, dont un mémorable mid tempo.

Tout d'abord, un enchainement bien amené nous propulse dans le chaudron bouillonnant de l'offensif « Today I Cry », titre dans la veine mélodique de Stratovarius, avec une pointe de Rhapsody eu égard aux harmoniques, disséminant des riffs en tirs en rafale. Dans cette magmatique ambiance, de claires et corrosives inflexions de l'interprète alternent avec des growls caverneux, l'ensemble évoluant sur une sente mélodique sécurisante. On appréciera enfin les frémissants gimmicks à la lead guitare débouchant sur une lente dégressivité de l'intensité sonore. De même, difficile de rester de marbre sur le flamboyant et vénéneux « Follow the Signs », puissant titre heavy symphonique orienté Stratovarius, avec une touche de Therion, celui-ci jouant dans la catégorie des hits en puissance. Si l'on est assailli, voire bringuebalé, de toutes parts, la sarabande sait ralentir le tempo à bon escient, nous permettant de reprendre notre souffle, sans jamais se départir d'une ligne mélodique travaillée au scalpel. Chapeau bas. Enfin, un tapping martelant infiltre l'entraînant et diluvien « Betrayal », dans le sillage atmosphérique, un poil orientalisant, de Therion. De sculpturales attaques du graveleux frontman font mouche dans cette mordante offrande. Un pont technique, où un coléreux serpent synthétique est au coude à coude avec une lead guitare enragée, au beau milieu d'un champ de mines riffeuses, enivre nos sens. Une insolente et corpulente reprise sur le refrain nous incitera à une inconditionnelle remise du couvert.
Légèrement en-deçà de ses incandescents voisins, le tonitruant « Rage » ne laissera pas indifférent non plus. Et ce, surtout lorsqu'il lance ses riffs mitrailleurs et sa rythmique massive et vrombissante, qui ne manqueront pas de rappeler Rhapsody, avec de faux airs d'Evergrey, notamment sur un refrain immersif à souhait. Si les growls ne s'imposaient pas réellement, petit bémol du morceau, ils confèrent un caractère plus martial et frondeur au corps oratoire.

Mais, lorsqu'ils touchent aux instants fragiles, nos acolytes ne se montrent pas maladroits non plus, loin s'en faut. D'ailleurs, la magie opère dès les premiers accords de « The Lonely Owl », magnétique mid tempo aux allures d'une ballade romantique. Enchanteur et poignant instant que n'auraient renié ni Dream Theater, ni Kamelot, ni même Pendragon. Tenter de résister à l'emprise de ce bain orchestral aux doux remous, aux accents orientalisants, est pure hérésie, qui plus est, sur un refrain résolument catchy. C'est dire que l'émotion est indubitablement au rendez-vous de nos attentes sur cette pièce d'orfèvre.

Comme pour calmer le jeu et mieux nous préparer à un second set non moins tumultueux, le laconique et cinématique instrumental « The Sinner », faisant office d'interlude, nous projette dans un organique et chatoyant désert d'Orient. Puis, le temps de reprendre ses esprits, la machine infernale repart de plus belle...

Tout aussi frétillant, ce second volet recèle lui aussi quelques réussites même si quelques nuances à apporter s'imposent.

Deux parmi les quatre titres les plus vitaminés tirent leur épingle du jeu. D'une part, le rhapsodien, plombant et contrasté « So Wrong », dynamisé par ses riffs crochetés et sa rythmique sanglante nous conduit en des espaces obscurs hantés par une bête gromeleuse. Suivant une ligne mélodique nuancée, enjolivée par un délicat picking à la lead guitare, cette piste heavy mélodique retient l'attention, même si, par moments, on tend à s'égarer au beau milieu d'une dense et bourdonnante forêt orchestrale. Par ailleurs, les attaques répétées des choeurs complètent un tableau oratoire des plus prégnants. D'autre part, le saillant, épique et un poil déroutant « The Weight of the Cross » voit s'avancer une inébranlable chorale, relayée par une prise de becs entre le frontman et son growler de comparse. Martial, colossal, le corps orchestral s'embrase corrélativement, et l'on est happé par la tourmente. Une mélodicité moins libertaire et davantage de souplesse rythmique auraient toutefois permis à cet acte, au demeurant techniquement insubmersible, de remporter une franche adhésion.

Tout comme dans le premier set, le combo nous octroie quelques mots bleus, écrits avec finesse et restitués avec talent. Ainsi, la sensible et frissonnante ballade « My Silent Hill » nous offre un véritable instant de félicité, au regard des avenantes harmoniques et de la précision du tracé de son sillon mélodique. Doux mais non sirupeux, cet intimiste et voluptueux moment libère de savoureux arpèges et une interprétation digne des plus illustres formations du genre. Un filon que sait assurément exploiter le groupe, en atteste la petite larme perlant sur la joue.

Malgré les nombreuses qualités de ce méfait, deux pistes connaissent quelques difficultés à se hisser au rang de celles sus-citées. Concernant le cinglant et angoissant « May I ? », il ne fera pas de concessions aux oreilles non averties. Les incessantes joutes oratoires mettant en scène l'empreinte rocailleuse du maître de cérémonie et d'ombrageux et fulgurants growls frappent, brutalisent, jusqu'à meurtrir le tympan. Ce faisant, on regrettera de perdre le fil du cheminement mélodique d'une plage ayant davantage misé ses espoirs sur des plans technicistes et cultivé un climat gorgonesque pour tenter de nous rallier à sa cause. En vain. Par ailleurs, de furieux blasts intronisent le nerveux et acariâtre « O.P.S », dans la veine de Pendragon, sans qu'une accroche mélodique ne puisse véritablement s'opérer. Si cette plage sait néanmoins ralentir la cadence et rendre notre parcours moins rude, elle apparaît trop linéaire et les attaques de la section vocale, par moments, frisent l'indigestion.

On ressort de l'écoute de l'opus habité par le sentiment de détenir une œuvre de caractère reposant sur une sidérante qualité de production et une technicité éprouvée d'un groupe ayant peaufiné ses compositions jusqu'au moindre détail. Pugnace, rageur, voire volcanique, ce propos parfaitement équilibré n'en demeure pas moins sensible, délicat et émouvant, in fine. De plus, une atmosphère diversifiée, parfois envoûtante, confère à ce message musical tout son substrat et son originalité. Malgré quelques égarements mélodiques susceptibles d'atténuer l'impact de certains passages, tant l'architecture générale que la logique de distribution des pistes permettent de compenser ces relatives lacunes. Surtout, la teneur argumentative de cet effort confirme le potentiel observé chez cette formation depuis déjà quelques années, qui devrait lui autoriser l'accès à une scène metal internationale appelée de ses vœux. Bref, l'une des belles sorties de cette fin d'année 2016, à laquelle les aficionados de ses sources d'influence pourraient bien être sensibilisés car, selon votre humble serviteur, l'écouter c'est l'adopter...


9 Commentaires

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ericb4 - 25 Janvier 2017: Merci à toi! C'est effectivement un très bon album, que j'écoute toujours avec autant de plaisir.
Skalyto - 03 Fevrier 2017: Par contre tu n'as pas parlé de la guitare de Sven, que je trouve excellente avec ses riffs rapides et ses harmoniques artificielles. Dommage car c'est un des points forts de l'album par rapport au précédent
ericb4 - 04 Fevrier 2017: Tu as raison, j'aurais pu en dire quelques mots. Mon oreille s'est peut-être davantage orientée sur la qualité de la production d'ensemble, la fine mélodicité doublée d'une technicité hors pair octroyées par le combo.

Cela dit, si tu souhaites à ton tour nous faire part de ton point de vue sur la question pour mieux préciser les choses, je lirai ton argumentaire avec plaisir. D'autant plus que la manière qu'a le guitariste de placer, poser et dispenser ses riffs marque une certaine évolution du projet du groupe.
Skalyto - 18 Juin 2017: Au fait j'ai essayé d'écrire une chroique sur cet album mais tu as à peu près le même avis que moi, et ta chronique est déja très complète j'ai pas besoin d'en dire plus

Et au fait tu connaîtrais pas d'autres groupes dans ce genre là, qui mélange chant crié et chanté avec des bouts symphoniques et mélodiques ?
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