De temps en temps parmi des myriades de promos reçues à chroniquer, il est bon de se laisser aller à faire fi des règles établies. Encore faut-il que le coup de cœur causant cet effet soit réel et non le résultat d’une réaction anti-formalisme ou d’une lassitude instaurée par la monotonie d’une scène sur calibrée et sur aseptisée. Mais les galettes miraculeuses pouvant engendrer cette révolte sensitive -finalisée par des Reviews -qualifiées dans notre jargon de groupies ou de fans- sont comme les perles : rares et sans prix !!! Dans l’incommensurable océan métal actuel, seules celles de cultures sont abondantes, ce qui rend la quête de notre
Graal d’autant plus utopique. Et pourtant le sort a mis entre les mains du « pov vieux pécheur » que je suis cette offrande divine :
Jarell…
Fondé en 2006 par Dorian (ex
Landvaettir), guitariste et compositeur principal, Seb (second gratteux) le rejoint et assoit ainsi une consistance rythmique sans faille. Les rejoindront par la suite,
Dom (ex La chose) derrière les futs, Jean le claviériste aux lignes organiques apportant à chaque plage une ambiance particulière, et le chanteur Krys (ex Whydraft). L’arrivée du bassiste Phil finalisera le line up, et après une première démo 4 titres éveillant l’intérêt de divers labels, la signature se fit chez Thundering Records.
Nous déboule donc dessus en cette fin d’été, cet «
Hidden Side », album produit par Vincent Thermidor et le combo lui-même au Tour
Fine Studio d’Herblay puis masterisé en Californie par Maor Appelbaum.
Si comme moi vous attendiez impatiemment « Face the colossus », et bien vous voilà dans la même veine que
Dagoba, mais teinté d’atmosphères gojiriennes, avec un pur bijou à savourer. Moins linéaire dans la débauche d’ultra violence que les marseillais, cet opus n’en reste pas moins une démesure sonore au modernisme incandescent. Un chef d’œuvre (oui, j’ose !!!) contemporain de mixité des genres métal, un maelstrom death/thrash/power/prog/atmo/ hardcore/indus résolument détonnant et chaotique, aux ambiances et breaks ciselés et variés. Quelques réminiscences d’influence du death mélodique suédois à la
Soilwork, des soupçons légers de
Fear Factory voir
Machine Head, mais une unicité réelle, un cachet authentique pour
Jarell. La surpuissance énergétique est toujours maitrisée au profit de mélodies lumineuses et accrocheuses qui sont de véritables bouffées d’oxygène dans une mer en furie nous laissant en apnée au bord d’une asphyxie de nos neurones.
Pas de titre par titre pour étayer mon appréciation, car toutes les plages sont foncièrement excellentes tout en étant diversifiées. Disons juste que dans la catégorie des morceaux qui tuent, on trouvera ainsi un « Ephémère » purement dévastateur au refrain hymnique, un «
Die morgen » malsain, emphatique et syncopé, un «Diplomatic missile » initial, véritable sous-marin nucléaire en action, ou bien encore un «
Hidden Side of democracy » purement dantesque. Heureusement, qu’en milieu de galette se trouve un ilot de quiétude salvateur vous permettant enfin de reprendre votre haleine et retrouver vos esprits « Aux malheurs des hommes ».
Le concept général des lyrics est quand à lui en parfaite symbiose avec la musicalité et la sensibilité développée.
Jarell,- ville du
Texas rasée par une des plus grandes tornades répertoriées quand dans le même temps cet état gros pollueur réfute le réchauffement climatique- assène ses textes contre la société de sur consommation, le totalitarisme ambiant ou naissant entre autres, et suggère par sa hargne et sa conviction un véritable tsunami culturel et social…
Ne souhaitant pas terminer cette chronique en queue de poisson, car je ne peux me tarir d’éloges sur cet album ; je conclurais juste en disant que
Jarell est d’ores et déjà « une des découvertes » 2008. Le meilleur premier album depuis des lustres, et qui sera sans conteste sur le podium espoir de cette année comme l’ensemble métal actuel fédérateur, une véritable bouée de bonheur… A découvrir absolument et à apprécier sans modération.
Nota :
Dom le batteur a été remplacé par Fred le 22/07/08
18/20 METALPSYCHOKILLER
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