Laissons-nous tenter par un petit
Blind test musical et écoutons à l’aveugle le début de cet album… Fermons les yeux.
Première plage : une intro sonore. Un bruit sourd suivi de nappes de claviers. Une voix parlant dans un micro (à priori un commandant de bord s’adressant à l’équipage), suivi du son de réacteurs d’un avion de ligne au décollage. Ca ressemble au début du premier album de
Tora Tora.
Seconde plage : Une intro très mélodique batterie/guitare, accompagnée de fines notes de claviers. La voix du chanteur entre en action, chaude et suave. La mélodie du couplet est maitrisée, puis arrive ce refrain accrocheur qui emporte tout sur son passage. Premier titre, premier hit en puissance.
Ce son si marqué, cette maitrise technique indubitable, ces envolées vocales du vocaliste qui rappellent indéniablement celles des chanteurs surdoués de cet âge d’or du Hair
Metal situé entre le milieu des années 80 et le début des années 90… Tous les ingrédients d’un album de Hair
Metal marqué au fer rouge du genre.
Nos sourcils se froncent alors car il nous est impossible de mettre un nom sur ce groupe que l’on ne peut que connaitre. Ou bien étions nous passés à côté à l’époque… Ce ne serait pas la première fois.
Rouvrons les yeux pour regarder la pochette. « H.E.A.T. ». Ce nom ne nous dit rien. La pochette typée très années 80 avec ce dessin représentant un groupe de
Hard Rock montant dans un jet privé.
On retourne alors le boitier plastique et nos yeux tombent sur la date de l’album : 2008 !
Nous venons d’échouer lamentablement à ce
Blind test qui semblait si simple. Cependant les dés étaient légèrement truqués.
En effet, à l’écoute de ce premier album éponyme du groupe suédois, la première pensée qui nous vient en tête est que ces gars ne sont pas nés à la bonne époque. Les cigognes suédoises ont probablement pris 20 piges de retard sur la livraison des chérubins dont ils avaient la charge.
La seconde qui nous vient ensuite en tête est comment des musiciens aussi jeunes ont ainsi pu saisir aussi parfaitement l’essence d’une musique presque aussi vieille qu’eux ?
C’est d’autant plus étonnant que bons nombres de groupes de Hair
Metal qui faisaient partie des têtes de file du courant en ont aujourd’hui oubliés la recette, sortant régulièrement déceptions sur désillusions (
Warrant,
Firehouse,
Danger Danger, …).
C’est bien simple, cet album est un concentré de tout ce qui a pu se faire de mieux dans le genre : Compos aux mélodies ciselées et toujours inspirées, soli efficaces et souvent bluffant, lignes de chant aux envolées impressionnantes,… Le tout agrémenté d’une production au son colossal de 2008.
L’un des points forts du groupe est la voix splendide de son chanteur, Kenny Leckremo. Son timbre rappelle très souvent celui d’un
Danny Vaughn (
Tyketto,
Waysted) avec une amplitude un peu plus large que ce dernier (rien que ça!). Ce qui frappe avant tout, c’est la touche groovy qu’il réussit à distiller au gré des titres (‘Bring the stars’, ‘Straight for your heart’, ‘Straight up’, mais surtout ‘You're lying’). C’est peu de dire qu’il maitrise son organe vocal et ce de manière plutôt inhabituelle pour un chanteur de Hair
Metal : s’il n’hésite pas à faire montre de puissance, ses qualité premières se trouvent dans la retenue et la technique dont il fait preuve.
Si le tempo général de l’album n’est jamais vraiment rapide, la qualité des titres est quant à elle souvent brillante. Les suédois nous servent du lourd qui à défaut de décoiffer nous ensorcelle littéralement.
Que ce soit avec des mid-tempos éclatants de feelings (‘Straight up’, ‘Late night lady’, ‘
Keep on Dreaming’), des titres plus enlevés parfaitement maitrisés (‘Straight for your heart’, ‘There for you’), ou bien des power ballades bien senties (‘Follow me’, ‘
Cry’), H.E.A.T. réussit à surprendre bien que les ingrédients nous soient déjà connus.
Il est inutile d’en rajouter des couches. Ce premier album éponyme est une véritable bombe qui ne laissera pas indifférent les fans de Hair
Metal,
Hard FM ou bien
AOR. De jeunes musiciens respectueux de leurs influences au service d’une musique extrêmement jouissive. Ils qui réussissent le pari de nous faire voyager dans le temps... Un temps pas si lointain où
Bon Jovi dominait les Charts du monde entier et où les groupes de Hair
Metal faisaient rimer musique avec fun. Un temps où le mouvement Grunge n’était même pas encore en état embryonnaire. Grand bien lui fasse.
Exact pour Tyketto et Trixter. Je suis assez curieux de voir ce que cela va donner. Mais Je suis assez sceptique sur ces groupes qui sortent des albums après 10 ou 15 ans de silence.
C'est souvent très décevant car on en attend beaucoup trop.
Merci pour la chronique. Dans l'ensemble, les influences, évidentes, sont bien intégrées. Dans ce style, outre un bon chanteur, il me semble indispensable de posséder un six cordistes capable de poser des soli hyper inspirés. C'est parfois le cas ici (sur "Keep on Dreaming" ou "Cry" par exemple, excellents) mais pas toujours hélas à mon goût. Je trouve également que ces soli auraient mérité d'être mis davantage en avant dans le mix. A titre d'exemple, l'un des must have dans ce style musical reste pour moi le "Seven Wishes" de Night Ranger. Ceci étant dit, on passe un bon moment à l'écoute du skeud et j'ai apprécié que les claviers restent assez discrets. Découverte sympa. Es-tu toujours aussi fan du disque 2 ans aprés ta chro où t'es tu un peu "lassé"?
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