Harpokrates

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15/20
Nom du groupe Hess (ARG)
Nom de l'album Harpokrates
Type Album
Date de parution 20 Juillet 2019
Style MusicalHeavy Symphonique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 King Aiwass
Ecouter06:16
2.
 God of Silence
Ecouter06:59
3.
 Thoth
Ecouter07:16
4.
 The Outsider
Ecouter07:26
5.
 Heroes
Ecouter07:04
6.
 Battle of Maldon
Ecouter06:58
7.
 Chaos at Uruk
Ecouter04:18
8.
 Atlantean Dreams
Ecouter06:36
9.
 Hagalaz
Ecouter05:01

Durée totale : 57:54

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Hess (ARG)



Chronique @ ericb4

06 Novembre 2019

Un second et frondeur mouvement d'une rare intensité émotionnelle...

De l'eau aura coulé sous les ponts pour le combo argentin depuis sa création, en 2010, par la mezzo-soprano argentine Melani Hess (ex-Abrasantia). Ce faisant, le collectif sud-américain a eu pour devise de se laisser le temps nécessaire à la maturité de son projet, et ce, tout en essaimant ses apparitions scéniques et en diversifiant les supports médiatiques. En effet, suite à la discrète démo « Blood & Iron » (2012), il aura fallu attendre la bagatelle de deux années pour que naisse « Hagalaz », leur premier album studio. Une roborative et flamboyante galette leur ayant précisément ouvert les portes de la reconnaissance internationale en 2015. Canada, Etats-Unis, Japon, Mexique, Brésil, Pérou, Nicaragua, Angleterre, Irlande, Allemagne, Belgique, Serbie, Pologne, et naturellement, Argentine, sont autant de terres dès lors acquises à leur cause. Une période féconde où le groupe se produisit également sur une chaîne de télévision locale mais aussi procéda au remaniement de son équipe.

Pour rappel, c'est avec le concours du batteur Luis Dufour (Fire & Steel) et de l'ex-guitariste Marcos Schaimne (ex-Iron Mask, ex-Presagio) que la talentueuse auteure et interprète créa son groupe éponyme, celui-ci conjuguant des sonorités colorées un poil virulentes, à la rythmique massive, au riffing rageur et graveleux, schéma orchestral auquel s'est adjointe sa chatoyante et cristalline empreinte lyrique, dans le sillage d'Alejandra Barro (Elessär), elle-même dans la veine de Joan Baez. Une empreinte lyrique aujourd'hui mise en retrait au profit d'une orientation plus rock. Suite à un premier changement de line up, émergea un quintet incluant : Diego Martarello à la guitare, en remplacement de Marcos ; Ariel Schefer, second guitariste, et Nicolas Copani à la basse (ex-Nocturnal Howl), tous trois venus rapidement rejoindre Luis et Melani. Second changement, en 2015, avec l'arrivée du batteur Martin Blengino (Nippur), en remplacement de Luis. Enfin, deux ans plus tard, c'est au tour de Diego Martarello et Nicolas Copani de quitter le navire, respectivement substitués par Diego Schmidhalter (Keepers) à la guitare, et Eric Knudsen à la basse.

De cette nouvelle collaboration naît un second album full length dénommé « Harpokrates » ; une auto-production accouchée quelque cinq années suite à son aînée, généreuse de ses 58 minutes où s'enchaînent sereinement 9 pistes inédites aussi roboratives et chatoyantes que vivifiantes et enivrantes. Tout comme son prédécesseur, cet opus renvoie à un heavy progressif bien trempé, aux sonorités latino et à la dynamique évoquant à nouveau Daemon Lost, Fortalezza, Anabantha ou encore Abrasantia. Là encore, un élan d'inspiration transparaît dans le jeu d'écriture des paroles et le potentiel technique, loin de s'être affadi, s'est même affermi. Finement mixé et mastérisé par German Delgado, claviériste du groupe power metal argentin Silverheart, le méfait témoigne d'un confort auditif certain autorisant son écoute d'un seul tenant. Aussi, l'ingénierie du son du présent manifeste fera-t-elle oublier tant les notes résiduelles que les finitions lacunaires d'autrefois. Indices révélateurs du souhait d'en découdre plus sérieusement aujourd'hui qu'hier de la part de nos acolytes. Mais embarquons sans plus attendre à bord du paquebot...


A nouveau, certains passages à l'énergie bien canalisée se détacheraient, nous intimant dès lors de ne pas quitter précipitamment la partie. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir gagné par un headbang subreptice à l'aune de « King Aiwass », engageant mid tempo dans le sillage d'Abrasantia, distillant un chapelet de riffs crochetés adossés à une rythmique féline et d'une régularité métronomique, et décochant un vibrant solo de guitare. Dans cette tourmente, un paysage de notes aux chatoyantes colorations latino nous est proposé, au sein duquel les toniques et sensuelles inflexions de la belle font mouche où qu'elles se meuvent. Sur un même modus operandi, le reptilien « The Outsider » imposera, pour sa part, son caractère frondeur et un fin legato à la lead guitare. Un titre somme toute agréable à défaut de s'avérer inoubliable, à la complexe technicité instrumentale, mené tambour battant par une frontwoman bien habitée, mais dont on regrettera un longuet et linéaire schéma d'harmoniques en fin de parcours. Et comment esquiver l'engageant mid tempo « Atlantean Dreams » sans éprouver quelques regrets ? Pourvu d'un refrain immersif à souhait doublé d'un sémillant solo de guitare, le mordant propos joue dans la catégorie des hits en puissance sans pour autant avoir vendu son âme au diable. Louable effort...

Parfois, nos acolytes se plaisent à flirter avec d'amples espaces d'expression heavy progressif, pour un résultat tenant toutes ses promesses. Ainsi, si le mid tempo progressif et syncopé « Thoth » développe une insoupçonnée densification du corps orchestral, il place également un mémorable solo de guitare sur notre route. Ce faisant, sous couvert des puissantes et ensorcelantes patines de la sirène, le pulsionnel et mélodieux effort dans la veine de Daemon Lost nous immerge peu ou prou dans un champ de turbulence que l'on ne quittera qu'à regret. Dans l'ombre d'Anabantha, le troublant et corpulent low tempo progressif « Battle of Maldon », quant à lui, délivre un joli slide à la guitare acoustique et de séduisants couplets mis en habits de lumière par les enveloppantes modulations de la maîtresse de cérémonie.

Quand la cadence se fait plus véloce, le combo trouve là encore matière à nous retenir plus que de raison. Dans cette dynamique, sous le joug de son intarissable et saignante rythmique, le ''lacunacoilesque'' up tempo « God of Silence » ne lâchera pas sa proie d'un iota. Doté de saisissants gimmicks guitaristiques, pourvu d'une lumière mordorée et sous la houlette des grisantes serpes oratoires de la charismatique prédatrice, le brûlot poussera consciemment ou non à un déhanchement chaloupé autant qu'il enivrera les sens du chaland. Plus échevelant encore, le tempétueux « Heroes » n'a de cesse de nous asséner ses frappes sèches de fûts tout en faisant vrombir sa basse à l'envi. Développant un sidérant solo d'une guitare larmoyante et faisant montre de nombreuses variations atmosphériques, l'éruptif manifeste disposerait d'un arsenal suffisant à imposer le respect. Dans l'ombre de ses voisins, le vigoureux « Hagalaz », titre éponyme du précédent opus, n'en révèle pas moins une énergie aisément communicative ainsi que d'insoupçonnées et vibrantes accélérations du dispositif instrumental. A la déesse, eu égard à ses corrosives volutes, de contribuer à rendre le volcanique instant plus impactant encore.

Dans un souci de diversification de son offre, sans pour autant perdre de son allant, le groupe nous mène, par ailleurs, vers de plus sombres rivages. Ainsi, les riffs en tirs en rafale de l'offensif « Chaos at Uruk » s'inscrivent dans une ogive à l'ambiance à la fois glaçante et tourmentée, à mi-chemin entre Daemon Lost et Lacuna Coil. En dépit d'une mélodicité un proie à quelques platitudes et d'une tenace répétibilité du cheminement d'harmoniques, mais sous-tendu par d'oscillants et galvanisants gimmicks et une interprète au faîte de son art, c'est sans mal que le magmatique méfait tirera son épingle du jeu.


En définitive, le combo semble avoir beaucoup appris de ses erreurs de jeunesse, offrant dès lors un opus heavy progressif moins lyrique que son aîné, aux compositions empreintes de caractère, ayant diversifié ses ambiances comme ses phases rythmiques, et témoignant d'une ingénierie du son désormais bien plus soignée aujourd'hui qu'hier. Certes plus accessible que son illustre aîné, ce message musical ne se laissera dompter qu'au fur et à mesure des écoutes. Certains passages pourront même nécessiter quelques retours de pistes avant leur éventuelle appropriation. Quelques efforts de lecture qui, là encore, se révéleront payants, ce second album réservant aux aficionados du genre moult moments de pure jouissance auditive. Parvenus à une mise à distance suffisante de leurs sources d'influence, nos acolytes apposent dorénavant leur sceau sur la plupart de leurs gammes et leurs arpèges, avec l'une ou l'autre prise de risque à la clé.

Il conviendra encore de faire fi de toute zone de remplissage, d'affiner encore d'un iota le trait mélodique, de varier les exercices de style et d'ouvrir le champ des possibles sur le plan vocal, pour espérer voir le collectif argentin se hisser parmi les valeurs confirmées du heavy progressif à chant féminin. En revanche, ce second et fringant mouvement se révèle tout à fait apte à le propulser parmi les valeurs montantes de son registre metal, Melani et ses compères nous menant volontiers en d'enjouées et ensorcelantes contrées. Jamais deux sans trois, dit-on ?...

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