Hagalaz

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14/20
Nom du groupe Hess (ARG)
Nom de l'album Hagalaz
Type Album
Date de parution 27 Octobre 2014
Style MusicalHeavy Symphonique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Blood & Iron 05:11
2. The Hessian 06:48
3. Clarisse's Nightmare 06:30
4. Der Teufel und Sein Lehrling 04:37
5. The Giant (in Memory of Ronnie James Dio) 06:13
6. Interpretación 05:15
7. Sailor's Cross 05:10
8. Perpetual Flight 05:43
9. Boleskine House 08:36
Bonustrack
10. Diamonds and Rust (Joan Baez Cover) 04:23
Total playing time 58:26

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Hess (ARG)


Chronique @ ericb4

15 Janvier 2016

Un vivifiant effort singulier cultivant l'effet de surprise au rang d'un art...

C'est vers un projet heavy couplé à une touche lyrique que s'est orientée, dès 2010, la mezzo-soprano argentine Melani Hess (ex-Abrasantia). En effet, avec le concours du batteur Luis Dufour (Fire & Steel) et de l'ex-guitariste Marcos Schaimne (ex-Iron Mask, ex-Presagio), la talentueuse auteure et interprète a créé son groupe éponyme conjuguant des sonorités colorées un poil virulentes, à la rythmique massive, au riffing rageur et graveleux, schéma orchestral auquel s'est adjointe sa chatoyante et cristalline empreinte lyrique, dans le sillage d'Alejandra Barro (Elessär), elle-même dans la veine de Joan Baez. Suite à un changement de line up, un quintet émerge, au final, incluant : Diego Martarello à la guitare, en remplacement de Marcos ; Ariel Schefer, second guitariste, et Nicolas Copani à la basse (ex-Nocturnal Howl), tous trois venus rapidement rejoindre Luis et Melani. On comprend que le groupe peut déjà compter sur une première expérience collective en studio mais aussi de la scène metal locale par ses membres, qu'il met à profit dans ce premier album full length.

Suite à la discrète démo « Blood & Iron » (2012), il aura fallu attendre pas moins de deux ans pour que naisse « Hagalaz », roborative galette distribuant dix pistes égrainées sur un ruban auditif de près d'une heure. On évolue au cœur d'un heavy bien trempé, suivant une dynamique d'ensemble proche de Daemon Lost ou de Fortalezza, concomitamment à des modulations vocales propres à Abrasantia, avec un zeste d'Alejandra en voix de tête. C'est dire que le combo souhaite désormais en découdre sur une scène désormais de plus en plus luxuriante en talents émergents, et ce, à la lumière de compositions techniquement de bon aloi, à l'énergie aussi grisante que judicieusement distillée. Un élan d'inspiration transparaît également dans le jeu d'écriture des paroles ainsi qu'en ce qui a trait à l'artwork d'obédience néo-romantique de la pochette. Toutefois, on y décèle un petit bémol quant à la qualité d'enregistrement, n'autorisant qu'une accroche en demi-teinte sur plusieurs morceaux. De plus, les finitions ainsi que les enchaînements inter pistes ne sont pas toujours au rendez-vous de nos attentes. Mais, entrons dans le vaisseau amiral pour voir ce qu'il recèle au juste dans sa cale.

Quelques titres se détachent et auront raison de nos frustrations les plus tenaces, à l'instar d'un saisissant tracé harmonique accolé à une énergie bien canalisée. Et ce, à commencer par l'entame de l'opus. Déjà présent sur la démo, le percutant et incisif « Blood & Iron » ouvre la voie à une piste heavy mélodiquement invitante à la fleur de sel latino, où la belle laisse glisser et onduler à loisir ses fines vibes, dans le sillage lyrique d'Abrasantia. Ce faisant, on est irrépressiblement happé par l'agitation frénétique de l'instant posé, notamment à la lumière d'un flamboyant solo de guitare, alors que des riffs mordants jamais ne desserrent leur étreinte. Rien ne vient assombrir le tableau de ce moment suspendu aux séries d'accords bien inspirées, indice révélateur d'un hit en puissance. Par ailleurs, une féline guitare acoustique nous introduit sur « The Giant (in Memory of Ronnie James Dio) », titre entraînant et également inclus dans la démo, au riffing élégant et aux harmoniques finement ciselées, recelant un magnétique solo de guitare à l'expert délié. Sur une somptueuse couverture mélodique, la sirène déploie d'hypnotiques inflexions, non sans rappeler Elessär. Tout bonnement magique. Enfin, un guitare/voix introduit « Perpetual Flight », rugissante perle où les riffs écorchés vif enserrent une rythmique enjouée. Avec un allant communicatif, la mezzo-soprano, par ses angéliques patines, nous conduit vers des couplets accrocheurs et des refrains plutôt agréables avec, en prime, deux soli de guitare bien enlevés et un break final bien amené.

Avec un soupçon d'originalité, le collectif n'a pas manqué d'étoffer sa palette linguistique pour corroborer ses gammes, elles-mêmes calées sur une assise rythmique tout aussi épaisse. Ainsi, c'est dans la langue de Goethe que nous parvient « Der Teufel und Sein Lehrling », tonitruant titre heavy à la dense section rythmique et au riffing acéré. Un solo de guitare au furieux picking vient infiltrer le pavillon, la déesse reprenant le flambeau par quelques impulsions musclées, devenant cristallines, sur un morceau manquant néanmoins de teneur mélodique. Même ferveur mais autre ambiance sur le fouettant morceau heavy « Interpretación », interprété en espagnol, laissant rutiler une lead guitare en liesse et vrombir une basse en état de grâce. Un habile solo de guitare interrompt un instant le cours d'une piste un poil linéaire dans sa ligne mélodique mais relevée par les envolées lyriques de la diva. Bref, deux passages magmatiques à retenir davantage pour leur enivrante atmosphère que pour une séduisante esthétique de leur cheminement mélodique.

Parfois, le propos prend des allures plus énigmatiques, délicat exercice de style où le combo ne se montre pas maladroit non plus. La fresque de l'opus, « Boleskine House », développe ses neuf minutes d'un incandescent et sémillant bal des vampires à la saveur gothique. L'atmosphère se fait gorgonesque, la lumière blafarde, et les effets de surprise sont ménagés : les frasques oratoires abondent et souvent interpellent, les blasts et oscillations rythmiques également, dans la veine d'Anabantha. Dommage toutefois que l'empreinte mélodique soit aussi difficile à appréhender sous cette épaisse couche d'effets techniques. Mais, les deux experts soli de guitare rattrapent la mise, même si l'on aurait pu opter pour un dégradé plus serein de l'intensité sonore en fin de piste.

Tout en diversifiant leur offre rythmique, nos acolytes ont intégré d'insoupçonnés instants, et pour certains, de pure jouissance auditive. Puissant et altier, « The Hessian » pénètre le tympan avec des riffs délicieusement rocailleux étreignant un saisissant contre-tempo. Moult variations du champ percussif et de tonalité s'installent sur un pont technique revigorant et inlassablement martelant, où une lead guitare incendiaire s'invite à la danse, et ce, non sans rappeler Anabantha. Une inattendue reprise en duo mixte sur un envoûtant refrain ne manquera pas de nous retenir, avant une soudaine clôture. Tout en sachant ménager le suspense, le combo n'a pas failli à la tache dans le secteur des power ballades progressives. Comment échapper à l'emprise du cheminement harmonique des premières notes de « Clarisse's Nightmare » ? Plus complexe et coquin qu'il n'y paraît, ce morceau déboîte sans crier gare, finit par lâcher les chevaux pour une folle cavalcade, où s'insinue un énième et réjouissant solo de guitare, avant une reprise en embuscade et bienvenue de la belle. Enfin, nerveux dans son riffing, « Sailor's Cross » est un hypnotique mid tempo à la rythmique lipidique, jouant sur les nuances de tonalité, un subtil tapping et nombre de descentes de toms et de variations distillées par une double caisse en liesse. De son côté, l'inspirée Melani use de puissance et d'un léger vibrato pour venir flirter avec cette roborative instrumentation. Et la sauce prend...

Enfin, on se surprend à ne trouver aucun moment d'apaisement, compte tenu des antécédents stylistiques de la maîtresse de cérémonie. Toutefois, sur la version incluant un titre bonus, on pourra goûter à l'atmosphère feutrée des mots bleus d'un gemme a-temporel. Comme pour nous dévoiler sa source d'inspiration fondamentale, la sirène, accompagnée d'une délicate guitare acoustique, interprète avec maestria une reprise de « Diamonds and Rust  », dont l'auteur, compositeur et interprète n'est autre que Joan Baez. Cette somptueuse ballade est une ode d'une grande sensibilité, susceptible de provoquer un émoi d'une seule envolée lyrique. Troublant instant de félicité s'il en est.

Au final, l'opus, tenant toutes ses promesses, se parcourt d'un seul tenant, même si quelques retours de pistes semblent indispensables pour mieux en saisir la teneur de composition. Passée cette étape, on entrera assurément en communion avec les éléments, et il y a fort à parier qu'on ne lâchera pas la galette du tympan de sitôt. Ainsi, le projet de Melani offre une substantielle démonstration des capacités créatives et techniques du collectif, qu'il conviendra néanmoins de compléter par une touche artistique plus affirmée. Encore un effort à accomplir sur le plan de l'ingénierie du son et le combo y gagnera en matière de relief de champ acoustique. Le message musical, au demeurant diversifié, en sera d'autant plus valorisé. Toutefois, les amateurs de heavy metal à chant féminin lyrique y trouveront une source d'inspiration susceptible de les retenir. Un groupe qu'on ne quitte qu'à regret et qu'on espère voir perdurer...

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