Au détour d'un single qui pique la curiosité (la mention d'
Extol dans le laïus promotionnel n'y est pour rien, je le jure !), je me suis retrouvé à me demander comment diable je ne connaissais pas ce combo ricain qui a vingt-cinq bougies et sept albums à son actif, et pratique un mélange de genres si doux à mes oreilles : thrash, metal progressif et groove metal. En écoutant quelques titres de leur discographie, j'ai compris la raison de ce passage sous les radars : ce groupe du midwest des USA est frappé historiquement d'une qualité qui est aussi un défaut : c'est une grosse machine à riffs, à l'instar d'un
Lamb Of God ou d'un
Machine Head. Et pourtant, sentant qu'il y avait plus que cela sur cet aperçu de ce nouvel album "
Harbingers", je me suis dit, prenons le risque, sait-on jamais...
Byzantine a vu le jour en 2000, avec Tony Rohrbough à la guitare, Cid Adams à la basse,
Jeremy Freeman à la batterie et Chris "OJ" Ojeda au chant. Ayant écumé leur scène locale en Virginie Occidentale, c'est grâce à la maquette "The
Broadmoor Demo", qu'ils ont été remarqués par Chris
Adler, batteur de
Lamb Of God. Un coup de pouce bien utile pour lancer la carrière de Bizantine !
Pour succéder à leur dernier et sixième album paru en 2017, "
The Cicada Tree", le groupe a quelque peu changé ses habitudes pour la conception de ce nouvel album : le bassiste Ryan Postlethwait à apporté quantité de riffs et des morceaux entiers, et d'autre part c'est Chris Ojeda lui-même qui a officié comme ingénieur du son pour les quinze mois d'enregistrement dans son studio,
Trident Music Facility.
La galette à été passée au polish par l'ex-guitariste de
Soilwork et producteur Peter Wichers (
Soilwork, Nevermore,
All That Remains, James Labrie,...), qui a eu aussi un rôle dans le travail de composition.
Le groupe est aujourd'hui composé de Chris "OJ" Ojeda (chant), Brian Henderson (guitare), Ryan Postlethwait (basse), Matt Bowles (batterie), et à réintégré son co-fondateur Tony Rohrbough juste après ce nouvel album.
"
Harbingers" est paru le 13 juin 2025 chez
Metal Blade Records, avec un artwork de Ashley Hoey, illustré par un portrait évanescent d'Irene l'Athenienne, première impératrice
Byzantine.
Ça commence en douceur par le solennel acoustique "Consequentia", qui sert d'intro à "A Place We Cannot Go", un morceau nuancé dans un registre progressif et émotionnel, où Chris Ojeda met en avant son chant clair. J'ai pensé à
Pantera pour le son de guitare (en moins typé), et à
Alter Bridge dans la façon de lier toutes les influences dans un mid-tempo heavy. Il semble que le groupe ait décidé d'éviter d'empiler les riffs, et essayé d'écrire de véritables chansons sans se donn de limites. Je l'avais constaté sur l'envoûtant "Floating Chrysanthema, qui utilise des touches de synthés psychédéliquement industriels pour une ambiance intriguante qui infuse le morceau.
La production de "
Harbingers" marque un grand pas dans une direction plus personnelle, sur le rendu des guitares en particulier, qui sont bien mises en avant. On sent que Bizantine veut sortir des rails et oser, et cela m'a rendu la première écoute plutôt gratifiante, avec le plaisir de découvrir bon nombre de fulgurances.
Cela ne va pas sans quelques dérapages risqués en chant clair sur "The Clockmaker’s
Intention" par exemple, ou des vocaux d'ambiances qui ne vont pas trop ensemble sur la fin de "Kobayashi Maru", qui n'empêchent pas l'émotion d'affleurer. Tout ça m'a rappelé les fugaces mais excellents
Last Crack, qui avaient joué les savants fous avec leur heavy progressif, à la jonction des 80's et des 90's, avant de sombrer dans l'oubli, malheureusement.
Quelques pistes débutent parfois dans une direction toute tracée, comme sur le thrash assez convenu de "Riddance", ou "
Harbinger" et son riff moteur classiquement heavy, avant de bifurquer avec des enchaînements d'ambiances bizzarroides, comme s'ils n'étaient pas dans le bon morceau.
C'est sur les guitares que j'ai apprécié toutes les prises de risques réussies, même si elles ne plairont pas à tout le monde objectivement ; et la référence à
Extol n'était pas une pub mensongère : le p...tain de riff de "The Unobtainable
Sleep" aurait pû sortir des doigts d'Ole Børud ! j'ai terminé la première écoute avec une furieuse envie de remettre l'opus. Et les réécoutes ont renforcé ce sentiment : il y a beaucoup de détails à écouter un peu partout, ça se voit que les gars ont passé du temps à peaufiner le disque, et l'enregistrement "maison" à ouvert les vannes créatives.
Ce nouvel album de
Byzantine, aussi imparfait soit-il, m'a apporté une des choses que j'attends dans la musique : de la surprise, d'autant plus jouissive quand elle se renouvelle à chaque fois que je revisite l'opus. Who Dares Wins!
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