Le milieu des nineties a été une période difficile voire fatale pour une majorité de formations deathmetal nord-américaines, et plus particulièrement pour de nombreux seconds couteaux pourtant prometteurs, comme
Rottrevore,
Killing Addiction,
Morpheus Descends,
Baphomet, j’en passe et des meilleurs. Possédant un album à son actif chez
Red Light Records (ex Grindcore Int.), le groupe des frères Ditch n’échappe pas à la règle, se retrouvant en 1995 sans label attitré après le forfait de son écurie, tout comme
Cianide et
Oppressor avec lesquels il partageait le catalogue.
Cette année 95,
Gutted a toutefois eu le temps d’immortaliser cinq nouveaux morceaux durant deux sessions d’enregistrement, en janvier et juillet, avant de se retrouver ainsi brutalement sans plan de carrière. Il faudra attendre 1997, alors que le groupe est désormais moribond, pour que ses derniers titres voient le jour sur un album éponyme, modestement mis en image et distribué en CD par la petite structure
Loud’n Local Music, mais aussi agrémenté de la demo-tape
Disease, capturée en 1993 une année avant la sortie de
Bleed for Us to Live.
Suffer In
Exile, In
Sickness et Silenced, enregistrés en janvier 1995 alors que le guitariste Billy Mills était encore dans les rangs aux côtés des trois frères Ditch, sont des nouveaux morceaux robustes où
Gutted montre une bonne progression dans l’écriture, tout comme
Mask of
Insanity capturé lors de l’ultime session de juillet, composition au savoir-faire également irréprochable. Toutefois, bien que l’ombre de
Morbid Angel soit moins présente que par le passé, notre groupe de l’Ohio peine encore à se démarquer, jouant un deathmetal typiquement US, aussi générique que celui de son confrère
Morta Skuld, mais tout aussi solidement bâti.
Manitou, repris d’un célèbre morceau de
Venom, est quant à lui plus dispensable, notre formation s’étant moyennement approprié ce titre du fameux trio anglais, tout comme
Massacre et
Hypocrisy sur leurs reprises honnêtes & respectives de
Warhead et Black
Metal, à mon humble avis.
Pour compléter l’œuvre,
Gutted a eu la bonne idée d’inclure les quatre plages de sa démo-tape
Disease mise en boite en 1993. Historiquement intéressants, ces morceaux n’apportent toutefois guère d’eau au moulin aux possesseurs de
Bleed for Us to Live, intrinsèquement, puisqu’on les trouve déjà tous sur l’album de 94 avec une interprétation et une production relativement proches.
Difficile de considérer
Gutted (l’album) comme le second full-lenght de nos américains. Il faut plutôt l’aborder comme le testament du groupe, quatre ultimes compositions parmi les plus abouties de sa carrière à défaut d’être originales, bref un deathmetal dans la pure tradition US qui plaira à coup sûr aux deathsters déjà conquis par
Bleed for Us to Live. Enfin la demo-tape
Disease glissée en complément, sans être indispensable reste un ajout très appréciable.
Fabien.
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