Ce qui est intéressant avec le metal à tendance folklorique, c’est que chaque pays aura sa propre approche et ses propres sonorités, ce qui en fait un genre potentiellement très riche. Malheureusement, si les groupes qui parlent des Vikings existent à la pelle, pour d’autres régions culturelles, il faut davantage creuser. La Chine est l’un de ces pays où existent de nombreux groupes faisant appel à une instrumentation folklorique, mais malheureusement ceux-ci sont assez mal distribués en
Europe. Ainsi, si
Tengger Cavalry fait figure d’exception, il est plus difficile en France de trouver des copies physiques de groupes comme
Black Kirin ou de la formation qui nous intéresse aujourd’hui :
Zuriaake, avec son album
Gu Yan (L’Oie
Solitaire).
Première chose : si vous étiez à la recherche de blasts à tout va et d’un rythme effréné, vous vous êtes trompé de disque. L’imagerie du groupe nous indique clairement à quoi on va avoir droit. La pochette, sous forme d’une peinture traditionnelle et de caractères chinois calligraphiés évoque quelque chose de plus posé.
Zuriaake ne donne pas dans la violence, mais plutôt dans la contemplation et l’admiration de la nature. Se plonger dans
Gu Yan est plus proche d’une retraite dans un ancien temple au sommet d’une montagne brumeuse, où l’on peut aussi bien observer la végétation environnante que la condition humaine.
Ce qu’on remarque aussi très vite, c’est qu’au cours des 8 années qui séparent l’album de son prédécesseur, le groupe a fait de grands progrès au niveau des sonorités. Là où la principale faiblesse d’
Afterimage of
Autumn était les sonorités assez synthétiques des instruments traditionnels, tout ça est bien oublié ici ! Là où le précédent album était l’œuvre des trois compères Bloodsea, Bloodfire et Deadsphere,
Gu Yan se distingue par le nombre d’artistes invités. Cette fois, l’instrumentation traditionnelle est véritablement mise en valeur et on entendra par exemple de la flûte en bambou, du guqin (une sorte de cithare traditionnelle) ou du pipa (proche du luth). Il va sans dire que la musique du groupe prend une nouvelle dimension.
Cependant,
Zuriaake est avant tout un groupe de metal, de black metal atmosphérique, même. Comme je le disais plus haut, on est plus dans la contemplation que dans la haine et la violence. Ainsi, le groupe se montre plutôt lent et posé. Les guitares ne sont pas très agressives. Elles sont souvent très saturées, mais plus pour créer des textures sonores que pour gagner en violence. Il en ressort une musique plutôt mélancolique, soutenue par des leads lancinants, mais également par des nappes de claviers discrètes, qui viennent parfaire l’ambiance. L’instrumentation traditionnelle n’est pas omniprésente et n’intervient que lorsque c’est nécessaire, notamment sur les passages les plus calmes. Le chant, en revanche, plutôt en retrait, reste assez classique, à part pour l’emploi du chinois.
Le grand point fort de l’album reste donc l’ambiance. Si vous êtes à la recherche d’un album qui vous transporte aux confins de l’orient,
Gu Yan est un très bon album. Il suffit d’écouter la longue introduction de Sleepwalking pour s’en rendre compte. Elle démarre très lentement, sur une atmosphère onirique, méditative, portée par les instruments traditionnels et les claviers, bientôt rejoints par une guitare discrète. Difficile de ne pas s’imaginer en Chine à l’écoute de ce beau passage. Le titre dans son ensemble, s’il gagne en intensité par la suite, reste dans cette même atmosphère. Chaque titre fait penser à la Chine d’autrefois, telle qu’immortalisée sur d’anciennes estampes.
Bref, si vous êtes à la recherche d’un groupe de metal asiatique dont la culture imprègne chaque titre,
Gu Yan est fait pour vous. Le groupe a fait de grands progrès depuis l’album précédent. Le travail sur les atmosphères, l’instrumentation traditionnelle et sur la composition vous feront voyager loin à l’est, sur une musique black metal posée et très atmosphérique.
Ça m’intéresse fortement. Merci j’y cours.
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