Opportunément, le titre et l'artwork coloré de l'album chroniqué ci-dessous m'ont rappelé, au premier contact, un jeu vidéo de plate-forme des années 1990 : le délirant Earthworm
Jim. Ce héros à tête de lombric évoluait dans un décor plutôt psychédélique et ponctuait les bonnes actions par un "
Groovy" tonitruant et comique. Mais loin d'être une farce malgré ces atours déjantés, ce jeu méritait la découverte, tout comme
Geezer et son 4ème opus "
Groovy".
Formé en 2010 à Kingston (état de New-York), ce trio est composé du guitariste-chanteur Pat Harrigton (maître à penser et seul membre originel), du bassiste Richie Tousseul et du batteur Steve Markota et s'échine à pratiquer un stoner/hard rock aux racines bien bluesy, où pointent parfois des fulgurences psychédéliques. Habitués aux changements de labels fréquents, c'est chez la locomotive italienne Heavy Psych Records que sort ce "
Groovy" en juin 2020.
L'introductive "Dig" plante idéalement le décor. Magnifiant un duo basse-batterie soutenu mais moelleux, la guitare décortique un bon gros riff velu, avant que la voix de Harrigton vienne enrober le toux avec une gouaille charmante. Un morceau qui fait bouger la tête et qui est terriblement
Groovy.
La fin du morceau (et son beau solo de guitare) va aussi se parer d'une dimension un poil plus space-rock.
Dimension explorée plus avant sur "
Ares Electra", petite merveille de stoner-doom trippant, et la jam quasi instrumentale "Slide
Mountain", un poil redondante mais délicieusement bluesy par endroit.
Groovy,
Geezer l'est totalement sur la délicatement puissante "
Dead Soul Scroll", où la section rythmique au cordeau et légèrement funky permet à la guitare et à la voix de louvoyer entre plusieurs états d'esprit, alternant ainsi l'attitude cool et une agressivité mesurée et bienvenue. Harrigton déclame ses paroles comme un gourou, emmenant l'humble auditeur dans son jardin aux plantes odorantes et planantes.
Mais le groupe n'oublie pas non plus son approche hard/stoner sur les convaincantes "
Awake" et "
Drowning on Empty", où les riffs s'insinuent dans votre cortex pour vous immerger dans une béatitude bienfaisante. Il plante même une banderille en pleine cible cérébrale avec le titre éponyme, qui sort du placard cow bell et claviers seventies pour vous faire remuer votre popotin et vous laisser imaginer aussi bon danseur que Travolta (bourré, c'est facile).
Et finalement, "Black
Owl" et ses quasi 10 minutes de doom-stoner sonnent comme un allié idéal pour une descente en douceur. Trippante, portée par une basse
Groovy en diable, truffée de petits pépites de guitare psyché, ce titre dévoile ses charmes vénéneux et vous amène à vous renvoyer l'album illico.
Matthew Cullen (ingénieur son) et Pat Harrigton ont su trouver un son adéquat à l'ensemble, où chaque instrument a sa place de choix. Le choix d'un mix enrobé de douceur s'avère idoine, le groove recherché par le trio y étant sublimé. Cette ambiance rejaillit également sur l'artwork haut en couleur signé par Ryan Williams, où shaman barbu, planète lointaine et grenouille géante cohabitent astucieusement dans des jaunes, violets et verts apaisants.
Geezer atteint donc son objectif avec cet album réussi, qui devrait séduire les amateurs du style et pourquoi pas les curieux. Classique au premier abord, "
Groovy" dévoile ses subtilités au fil des écoutes et finit par squatter durablement vos écoutes. Un prétendant sérieux qui, comme ce bon vieux Earthworm
Jim, sera se tortiller aux sommets du top ten 2020 dans sa catégorie.
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