Grizzly

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
14/20
Nom du groupe Slaughter To Prevail
Nom de l'album Grizzly
Type Album
Date de parution 18 Juillet 2025
Style MusicalDeathcore
Membres possèdant cet album14

Tracklist

1.
 Banditos
 
2.
 Russian Grizzly in America
 
3.
 ImDead (ft. Ronnie Radke)
 
4.
 Babayka
 
5.
 Viking
 
6.
 Koschei
 
7.
 Song3 (ft. BabyMetal)
 
8.
 Lift That Shit
 
9.
 Behelit
 
10.
 Rodina
 
11.
 Conflict
 
12.
 Kid of Darkness
 
13.
 1984
 

Acheter cet album

 $14.23  162,58 €  15,93 €  £9.99  $20.48  19,90 €  16,99 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Slaughter To Prevail


Chronique @ Groaw

03 Septembre 2025

Entre fureur incontrôlable et démesure insolente, le Grizzly est en perte inquiétante de vitesse

Slaughter To Prevail, formation russe menée par l’imposant Alex Terrible, s’est rapidement taillé une réputation de rouleau compresseur dans la scène deathcore. Leur maîtrise instrumentale et la puissance vocale d’Alex ne font aucun doute et riffs tranchants, batterie métronomique et gutturaux abyssaux sont là pour terrasser l’auditeur. Mais ce talent brut ne s’exprime pas de la même manière sur leurs deux albums studio.

Le premier en date, Misery Sermon (2017) se définirait comme un concentré de violence. Entre blasts furieux et breakdowns cataclysmiques, les temps morts sont rares et rien ne vient relâcher la tension. Le quintet s’exprime dans un deathcore traditionnel pur et dur exécuté avec une efficacité redoutable mais sans réelles stupéfactions. La déflagration est continue, presque rigide, un atout fort pour les amateurs de brutalité mais qui laisse malheureusement de côté toute tentative de nuance ou de narration sonore.
Mais avec Kostolom (2021), la formation a franchi un cap. On y retrouve la férocité qui a fait leur popularité mais enrichie par une approche plus variée et, osons le mot, plus créative. Le neo deathcore proposé par les artistes intègre des influences des premières pièces de Slipknot assez notables. Le chant clair tourmenté, l’esprit parfois plus thrashy aux percussions et l’atmosphère morose limite crade offrent au disque un caractère à la fois nostalgique et riche sans perdre en véhémence. Les musiciens parviennent enfin à se libérer du carcan d’un deathcore trop conventionnel et imposent une signature plus singulière.

Cette progression nous mène aujourd’hui à Grizzly, troisième esquisse des Russes. Le choix du titre est révélateur : à l’image de l’animal, cette offrande se montre globalement féroce et imprévisible. La majeure partie des comparaison est une charge sauvage et tel un ours qui domine son territoire, nos artistes déploient une brutalité souveraine capable d’écraser en un instant ou de se faire discret avant d’asséner son coup final.
Pour autant ici, notre pauvre créature semble être atteinte d’un mal quasiment incurable, celui d’attaquer tout ce qui bouge sans toujours réfléchir à ce qui se trouve en face de lui. Cet instinct primaire a pour conséquence de la mettre régulièrement à terre, épuisée par ses assauts vains et ses excès de colère. Et c’est précisément là que réside le cœur du problème …

À force de foncer tête baissée, le quintet semble piégé dans une mécanique de surenchère où chaque rugissement doit surpasser le précédent. La bête autrefois redoutée pour sa force brute en devient prévisible, presque caricaturale. On admire toujours l’énergie colossale mais cette obsession pour l’impétuosité finit par tourner au ridicule et l’ours rugit si fort et si souvent qu’il perd peu à peu sa capacité à effrayer.

Cette parodie n’est toutefois pas encore palpable sur le morceau d’ouverture Banditos. Au contraire, il s’impose comme l’un des temps forts du disque. Son esprit épique porté par des chœurs massifs lui confère un penchant symphonique assez inattendu et pourtant bluffant. La section que l’on peut qualifier de « transitoire » est teintée d’une ambiance mexicaine tout aussi surprenante et permet d’élargir les horizons sonores. Le breakdown est plutôt prévisible mais ses timides impulsions typées black metal le rendent captivant. Ici, l’ours rugit avec panache, et sa force se met enfin au service d’un véritable tableau plutôt que d’un simple assaut.

À l’inverse, le titre suivant Russian Grizzly in America illustre parfaitement les limites de l’approche actuelle du groupe. Certes, la palette vocale d’Alex Terrible impressionne entre growls abyssaux, cris déchirants et variations surprenantes qui démontrent une maîtrise indéniable. Mais ce potentiel se voit rapidement étouffé par une surenchère de breakdowns toujours plus massifs, toujours plus monstrueux, au point de devenir pesante. La batterie n’est pas en reste avec une tonalité très similaire aux casseroles de St. Anger de Metallica qui tourne rapidement à la prise de tête. Là où l’on aurait pu espérer une montée en intensité ou une tension dramatique, le morceau se complaît dans l’accumulation brute, malgré une section de musique traditionnelle russe plus légère et euphorique. L’ours gronde, frappe, insiste, mais à force de marteler sans relâche, il finit par émousser ses propres griffes.

Mais le pire n’est pas encore arrivé car Imdead, en featuring avec Ronnie Radke, est tout bonnement exécrable. Le chant clair d’Alex Terrible est, sans mauvais jeu de mots, terrible, nasillard, forcé et incapable de soutenir la moindre mélodie. Chaque tentative de variation vocale tourne au ridicule et l’alchimie supposée avec Ronnie Radke échoue complètement. Le passage trap, censé dynamiser le morceau, apparaît comme une rupture maladroite, inintéressante, mal intégrée et franchement pénible à l’écoute. L’instrumental ne sauve rien, répétitif à l’extrême et empilé de riffs redondants qui tournent en boucle sans apporter le moindre souffle.

Heureusement, tout n’est pas perdu sur Grizzly. Song 3 prouve que Slaughter To Prevail peut encore se montrer inventif. La collaboration avec BABYMETAL apporte une touche de kawaii metal, un mélange audacieux de brutalité et de légèreté où les harmonies vocales et l’énergie dynamique des Japonaises contrebalancent la fureur du quintet russe. Ce contraste déconcertant crée un morceau à la fois original et mémorable capable de surprendre et de captiver et rappelle que malgré ses excès, le collectif sait toujours enrichir son univers sonore.
Autre moment fort, Behelit déploie une atmosphère sombre et dramatique qui tranche avec l’animosité des autres titres. Inspiré par l’univers épique de Berserk, le morceau alterne passages orchestraux et explosions de violence et crée une tension palpable et intéressante. Certaines lignes mélodiques rappellent Mein Herz Brennt de Rammstein et ajoutent un souffle théâtral, presque cinématographique. Ici, le combo montre qu’il peut marier maîtrise instrumentale, intensité et mise en scène sonore et prouve que l’expérimentation, lorsqu’elle est bien dosée, peut se transformer en une expérience inoubliable, loin des excès caricaturaux de certains autres morceaux.

Grizzly illustre autant le talent que les limites de Slaughter To Prevail. Quelques titres parviennent à surprendre et montrer une vraie créativité, mais l’album est trop souvent noyé sous une brutalité excessive. Les redondances, les breakdowns surchargés, les passages maladroits et les choix stylistiques douteux rendent l’ensemble laborieux et presque épuisant à écouter. À force de chercher à tout pousser à l’extrême, le quintet s’auto saborde et perd presque tout l’impact qui faisait sa force. Si le groupe veut retrouver sa stature de référence, il devra apprendre à canaliser son énergie et à privilégier la nuance sous peine de continuer à se perdre dans ses propres excès et à sombrer dans l’oubli.

4 Commentaires

5 J'aime

Partager
Jibe - 04 Septembre 2025:

Je m'attendais à voir intégré à la chronique un petit mot sur les récentes critiques de leurs performances live "trafiquées" (voire sur la polémique du passé sulfureux du chanteur mais là, on passe vraiment sur de l'extra-musical donc je comprend si c'est choisi de ne pas en parler).

Groaw - 04 Septembre 2025:

J'avais déjà parlé du passé sulfureux de Ronnie Radke lorsque j'avais fait la chronique du dernier Falling In Reverse donc j'aurais pu en mettre une couche ici aussi. Après, ma chronique était déjà bien fournie car j'avais beaucoup de choses à dire, là où j'avais moins de critiques à évoquer chez FIR.

Pour les critiques sur les performances lives "trafiquées", j'ai en effet vu qu'il utilise la distorsion et en abuse beaucoup. Pourtant, ce n'est clairement pas nécessaire car il a vraiment un growl époustouflant. J'aurais pu en parler mais comme on reste sur du studio, je me dis que ça n'avait peut-être pas sa place.

Merci pour ta lecture en tout cas et de ta fidélité !

Jibe - 09 Septembre 2025:

Pour les critiques des lives, je pensais plus à ce que j'ai lu sur le guitariste. Certains ont un gros doute en le voyant à 7'22 sur cette vidéo : SLAUGHTER TO PREVAIL LIVE Warped Tour Long Beach CA 2025
 

Icare - 14 Septembre 2025:

Ce groupe ne m'a jamais vraiment convaincu et ce n'est pas avec Grizzly que ça va commencer ! Je retourne écouter le dernier Lorna Shore ! 

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de Slaughter To Prevail