Green Is Good

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14/20
Nom du groupe Exit 13
Nom de l'album Green Is Good
Type Album
Date de parution 1990
Style MusicalGrind Death
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Anthropocentric-Ecocidal Conundrum 03:32
2. Reevaluate Life! 01:21
3. Gaia 02:22
4. Inbreeding Populations 01:56
5. Unintended Lyrical Befuddlement 01:58
6. An Outline of Intellectual Rubbish 02:40
7. Where's Exit-13? 03:13
8. Ecotopian Visions 03:35
9. Constant Persistence of Annoyance 01:59
10. Self-Misunderstood Cerebral Masturbation 03:22
11. The Funk Song 02:18
12. Get High on Life 02:40
13. Disemboweling Party 01:26
14. Shattnerspackle 01:34
Total playing time 33:56

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Exit 13


Commentaire @ TasteofEternity

22 Novembre 2021

Nature et découverte

1987, USA, défoncés à la weed, lubrifiés à la graisse de bébé phoque, sous une cascade de mutagène vert fluo, Defecation, Terrorizer et Impetigo s’emboitent comme des légos, non, s’enfilent comme des bonobos prépubères en rut. La nature étant bien faite, ils finissent par donner naissance à toute une tripotée d’abrutis dystrophiés prêts à se lancer tels des bites en fleur dans le Grindcore. Ces résidus de viande saoule réussirent le tour de force de conquérir un espace autrefois ridicule à vitesse grand V, et cela bien avant l’arrivée d’internet. Mais qu’est-ce que le Grindcore, au-delà d’une simple décharge électrique, bruitiste, hypersaturée et générique prête à faire jouir, chier et vomir en même temps la première pucelle venue ? Le Grindcore est au Metal, ce que les frappes chirurgicales sont à la guerre, une vaste escroquerie, qui fait énormément de dégâts là où il tombe. Loin de moi de vouloir considérer le genre comme insignifiant, je le trouve bien au contraire passionnant car dangereux pour ceux qui y croient. Le Grindcore est devenu un formidable vecteur d’idéologies en tout genre, héritier du Punk, du Crust, du Hardcore et du Thrash et cousin germain du Death. Il véhicule une ultraviolence sonore qui se voudrait revendicatrice, à défaut cathartique. Une certaine bienpensance les idéalise comme une avant-garde, et les Metalleux qui ont fait option Famille en première langue de bois, vous dirons que seule la musique importe. Pas moi, même si la vérité est souvent protéiforme.

1990, Pennsylvanie, Millersville, Exit-13, forgé sur les cendres de Distorted World et Satan’s Bake Sale, et après 4 démos, pratique un Grindcore alternatif teinté vertement d’idéologie écologiste. On se retrouve avec un bordel sonore qui sent bon les dessous de bras poilus, l’herbe fraîchement coupée, les Converses trouées, et le fumier. Groupe enfumé s’il en est, les Ricains se lancent alors dans le défi de sortir un album. Lorsqu’on pratique un tel art, on sait que le projet est risqué. Le Grindcore appelle des formats courts pour concentrer la déflagration, bien sûr il existe une poignée d’exceptions pour me contredire. Mais je brûle quelques étapes car qui a déjà entendu parler d’Exit-13 ? En effet hormis un chercheur en Grindcore, spécialité peu répandue, le collectif est inconnu au bataillon, relégué à l’arrière-ban. Pourtant le groupe a compté dans ses rangs du beau linge comme Dan Lilker à partir de 1992, et le reste de Brutal Truth en 1995. Mais Exit-13 a réussi à attirer l’attention dans un premier temps car il s’agit de l’une des créatures de Bill Yurkiewicz, l’un des co-fondateurs du label Relapse Records, spécialisé dans le Metal extrême, qui occupe le poste d’éructeur/chanteur et surtout de parolier/propagandiste. Bon pour le moment Exit-13 compte dans ses rangs Steve O’Donell (guitare), Joel DiPietro (basse) et Pat McCahan (chant/batterie) pour l’enregistrement de Green Is Good !.

Alors non, vous n’aurez pas un descriptif minutieux des 50 titres qui composent cet album, car il n’en recèle que 14, pour une longueur raisonnable se situant entre 1,21 min et 3,35 min. Cet album ne pratique pas le passage à tabac classique : distorsion stridente, blasts à l’infini entrecoupés de grands coups d’aérofrein pour éviter les ampoules aux mains du batteur, le tout surmonté d’une dysenterie vocale, un pur régal de viol auditif. Le groupe s’épanouit autant sur les phases d’accélérations, que sur les parties planantes plus mid tempo et autres ponts mélodiques. On a à faire à un Grindcore vieilli en fûts de stoner, death, jazz et agrémenté de samples qui rappellent les extravagances instrumentales du légendaire John Zorn, alliées aux talents de Jaco Pastorius, Stevie Ray Vaughan et la folie d’un Frank Zappa . Exit-13, c’’est un peu la rencontre festive de Faith No More, Naked City et Soilent Green, au cours d’une université d’été d’Europe Ecologie les Verts, sur le thème des bienfaits de la Botanique dans l’art de la fumaison des cerveaux juvéniles. Entre les samples de musique des années 1930 et 40, la basse slappée, les soli de guitare enfiévrés, et les voix pitchshiftées, et saturées d’effets, c’est un véritable circus musical qui est convoqué sur cet album, sur lequel il faut l’avouer il est impossible de s’ennuyer une seconde.

Maintenant arrêtons-nous un instant sur l’intention à l’œuvre derrière la déferlante sonore. Bill Yurkiewicz est très attaché à ses efforts d’écriture, suffisamment pour tenter une diction compréhensible sur certains passages et surtout pour les publier dans un livret de fortune (page format A4, pliée et repliée dans un feuillet 2 pages). La légende ne dit pas si tout cela a été fait avec du papier recyclé ou mâché. Les tenants de l’écologie sont tenus de choisir entre deux camps : Nature ou Liberté, comme nous l’explique Bernard Charbonneau dans Le Feu Vert (1980). Les premiers s’attachent à la protection de l’environnement, des espèces menacées, la lutte contre la pollution et le nucléaire, et le remembrement abusif, entre autres. Les seconds revendiquent l’autogestion, la libération de la femme et de la sexualité, l’antimilitarisme, l’antiétatisme et le régionalisme, entre autres. A partir de cette dichotomie simplifiée, et non-exhaustive, l’ami Yurkiewicz se place définitivement côté Nature, en critiquant à grands renforts de noms fleuris les actions destructrices menées par les hommes au nom de leurs seuls intérêts. La cause environnementale est le cheval de bataille de Bill qui se situe bien plus du côté de Earth First que des nostalgiques de Woodstock.

Un album digne d’intérêt, cohérent dans son délire, qui manque d’une production à la hauteur pour faire crever le plafond à Exit-13. On imagine la stupéfaction de l’auditoire devant le carnage avec Colin Richardson aux manettes ; l’autoproduction, la sortie sur un label allemand underground, Ecocentric Records, tout cela transpire le D.I.Y. et contribue à la légende a posteriori, mais au temps présent c’est un frein puissant à toute exposition. L’époque, le style, et l’humain compliqueront durablement l’avenir d’un groupe qui comme beaucoup de légendes du Grind sortiront un premier album monstrueux puis s’éteindront à petit feu tout en diluant leurs efforts avec des édulcorants issus d’esprits un peu trop féconds. Il nous reste en héritage ce Green Is Good ! qui en plus de moudre et capable de faire un café très honorable, pour des amerloques.

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