Gothesque

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16/20
Nom du groupe Tears Of Heaven
Nom de l'album Gothesque
Type Album
Date de parution 15 Avril 2022
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Black Wedding
 08:20
2.
 The Crow
 07:27
3.
 Hunter and Prey
 04:28
4.
 Lullaby for Wolves
 06:27
5.
 Halloween
 06:07
6.
 Hail Thyself
 04:28
7.
 Death of the Puppet
 05:50
8.
 This Is Our Time
 04:18
9.
 Clamor Gothici
 14:10

Durée totale : 01:01:35

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Tears Of Heaven


Chronique @ ericb4

20 Juillet 2022

Un retour sur des chapeaux de roue symbolisé par cette dantesque et chatoyante offrande...

Sept ans de silence radio envolés déjà depuis son premier et solaire album studio, « The Secret », et, contre toute attente, voici le combo russe revenu nous gratifier du réjouissant paysage de notes dont il a le secret. Et ce, à l'instar d'un second effort de même acabit dénommé « Gothesque », une auto-production de neuf opulentes pistes dispatchées sur une bande auditive de quelque 62 minutes. A l'image de son devancier, cet effort témoigne d'un enregistrement de bon aloi, co-signé Alexander Venediktov, Andrey Maryin, Anton Golubenko (Novemberry) et Sergey Razlivanov (guitariste d' Autumn Legacy, ex-Fractal, ex-Nemirie...), d'un mixage bien équilibré entre parties vocales et instrumentales, relevant de la patte experte de Nikita Kochkin (bassiste (Irv) et batteur (ex-Denial, ex-Nemirie, ex-Fractal), sollicité par Sukkuba, Nemirie et Tears Of Heaven pour la production de certains de leurs albums), évacuant, par ailleurs, les finitions lacunaires du premier jet. Il semble que l'on soit entré-là dans une tout autre dimension...

A cet effet, le groupe russe créé en 2011 sous l'impulsion commune du guitariste/vocaliste Dmitriy Lykov et de la mezzo-soprano Tatiana Titova a vu son line-up remanié en profondeur : Si, des cinq membres de la précédente livraison, Dmitriy est resté seul maître à bord, il s'est néanmoins adjoint les talents conjugués d'Inga Zenkova, en qualité de co-vocaliste, de Rustam Galimov (Nobody.One, ex-Blind Countess...), à la batterie, et d' Alexander Filimonov, aux percussions, déjà présent sur le premier opus. Afin de conférer davantage d'ampleur à son assise symphonique, le groupe a également sollicité : Yulia Belova, au violoncelle, Maria Karonina, au violon, Viktoria Murzaeva, à la flûte, et Olga Korovina, au hautbois. Sans oublier l'enveloppante empreinte oratoire de neuf choristes venus prêter main forte à nos deux vocalistes patentés.

De cette fraîche mais fructueuse collaboration émane un propos metal symphonique gothique progressif et folk à chant mixte en voix claires, dans la lignée de Therion, Visions Of Atlantis, Nightwish, Xandria, The 69 Eyes, Lacrimas Profundere, Lyriel et consorts, soit à quelques encâblures de son illustre prédécesseur. Si l'actuel regard stylistique et quelques arpèges d'accords l'en distinguent, on ne retrouve pas moins ces compositions patiemment élaborées, finement sculptées, savamment orchestrées, techniquement éprouvées, aux arrangements efficaces, et rigoureuses dans l'écriture de chacune de leurs portées. Mais suivons plutôt nos flibustiers dans leur traversée, et ce, au coeur de cette mer limpide à la profonde agitation intérieure...


Plus qu'il ne l'a consenti jusqu'alors, le collectif a essaimé d'amples pièces en actes symphonico-progressives, non sans l'une ou l'autre troublante série de notes à la clé. Et dès l'entame, le ton est donné. Ainsi, à mi-chemin entre The 69 Eyes et Lacrimas Profundere, « Black Wedding » déverse ses 8:20 minutes d'une fresque gothico-symphonique pétrie d'élégance et des plus enivrantes, où les péripéties sont loin de manquer à l'appel. Recelant une violoneuse assise et de saisissantes accélérations, inscrivant, par ailleurs, dans sa trame une basse vrombissante et un inattendu final au xylophone, lui-même relayant un flamboyant solo de guitare, l'opulent passage n'aura pas tari d'armes de séduction pour nous faire plier l'échine. Au maître de cérémonie eu égard à ses félines inflexions et aux virevoltantes envolées de sa garde rapprochée de contribuer à rendre l'instant privilégié inoubliable.

Dans cette mouvance, lorsque Therion marque de son empreinte certains arpèges d'accords, l'accroche ne mettra qu'une poignée de secondes pour s'effectuer. Ainsi, c'est sans ambages que le tympan sera aspiré par « The Crow », low tempo progressif aux riffs satinés et d'une efficacité redoutable. Harmonisant les soyeuses patines de la sirène et les limpides impulsions de son comparse, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et nous octroyant une insoupçonnée et poignante montée en régime de son corps orchestral en bout de course, le rayonnant manifeste ne se quittera qu'à regret. Comme pour boucler la boucle, ce second chapitre s'achève comme il a commencé, et de la plus belle des manières qui soit. Ainsi, c'est à l'opératique outro, « Clamor Gothici », que revient l'honneur de fermer la marche. Au fil de ses quelque 14 minutes d'une immersion dans un bain orchestral aux doux mais graduels remous, choeurs en liesse, fins legati à la lead guitare, gammes effilées au piano et légers coups de boutoir alterneront en toute sérénité. Ce n'est qu'en milieu de parcours que s'adjoindront au convoi nos deux vocalistes pour une véritable effusion. Bref, une pièce d'anthologie signée par le combo russe, susceptible de laisser quelques traces dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon.

Pour le reste, si quelques accélérations sont au programme des réjouissances, la cadence se fait néanmoins volontiers mesurée, nos acolytes trouvant alors à nouveau matière à nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Hunter and Prey », tubesque mid tempo progressif dans la veine coalisée de Visions Of Atlantis et The 69 Eyes. Mis en exergue par les chatoyantes empreintes des deux vocalistes, couplets finement ciselés et fondants refrains glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Et l'on se surprendra à remettre le couvert sitôt l'ultime mesure de la solaire offrande envolée. En second lieu, « This Is Our Time » se pose tel un vibrant mid tempo rock'n'metal mélodico-symphonique à la jonction entre Xandria et Delain, recelant d'ensorcelantes sonorités roots ainsi qu'un entêtant refrain mis en habits de lumière par les angéliques ondulations de la belle. Autre hit en puissance à mettre à l'actif de nos acolytes.

Dans cette dynamique mais à la coloration gothique plus marquée, d'autres espaces d'expression tirent également leur épingle du jeu. A commencer par « Halloween », intrigant et violoneux mid tempo surmonté d'un hautbois aussi hypnotique que bien amené, et mis à l'honneur par les abyssales et frissonnantes modulations de Dmitriy. Plus énigmatique encore, et non sans nous renvoyer à un Therion première période, le graduel et éthéré mid tempo « Hail Thyself » retiendra l'attention tant pour la chatoyance de ses sonorités orientalisantes et ses percussions tribales que pour ses contrastes vocaux, une bête aux growls caverneux partageant cette fois le micro avec la belle. Et la magie opère, une fois de plus. Mais là ne s'interrompt pas la ronde des saveurs exquises...

Lorsqu'ils en viennent à nous mener en d'apaisantes contrées, nos compères se mueront une fois encore en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre, d'une part, « Lullaby for Wolves », romantique et ''xandrienne'' ballade aux airs d'un slow qui emballe. Se greffant sur un infiltrant cheminement d'harmoniques, encensé par les câlinantes volutes de la princesse, agrémenté d'un fin picking à la guitare acoustique, et se chargeant en émotion au fil de sa progression, le moment ouaté ne saurait être éludé par l'aficionado du genre intimiste. Lorsque Dmitriy relaye sa comparse, la petite larme au coin de l'oeil ne sera pas moins au rendez-vous de nos attentes. Ce que prouve « Death of the Puppet », somptueuse ballade atmosphérique gothique évoluant sur un soyeux tapis de violons, laissant parallèlement entrevoir de délicates gammes pianistiques ainsi qu'un fringant solo de guitare, et emmené par les profondes et pénétrantes oscillations du vocaliste. On regrettera toutefois l'improbable et somme toute dispensable final au xylophone, atténuant un tantinet la charge émotionnelle du sensible effort.


Plus que d'être le digne héritier de son illustre aîné, ce second et émouvant opus s'en distingue par l'exploration d'horizons stylistiques encore vierges de toute incursion par nos acolytes. Une prise de risque parfaitement assumée par le combo, qui a pour pendant des lignes mélodiques aussi grisantes que travaillées en profondeur, moult variations atmosphériques et vocales, et surtout une qualité de production d'ensemble que pourraient avoir à lui envier bon nombre de ses pairs. Pour se sustenter, d'aucuns auraient sans doute espéré davantage de pugnacité conférée au message musical délivré, un zeste d'originalité supplémentaire ainsi qu'une plus rapide digestion de ses sources d'influence.

Doté d'une solide architecture compositionnelle, témoignant d'une technicité éprouvée et judicieusement exploitée, et s'avérant des plus impactants, ce charismatique méfait poussera irrémédiablement le chaland à y revenir. C'est dire que les sept longues années séparant ce luxuriant et chavirant manifeste de son prédécesseur auront été mise à profit par le groupe, faisant de lui une valeur montante du metal symphonique à chant féminin. Bref, un retour sur des chapeaux de roue symbolisée par cette dantesque et chatoyante offrande...

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