Idéalement, avec ce premier opus intitulé
God Save, Satan Deprave!!!, les Brésiliens de
Tormentor Bestial avaient tous les atouts en main pour me séduire aisément. Leur musique Heavy
Metal aux divers passages
Hard Rock, et surtout à l'esprit sans concession, majeur tendu bien haut, très Rock, servie par des guitares épaisses, au son que ne renierait certainement pas quelques groupes de Stoner, le tout dominé par la voix grave écorchée de ce bucheron de Zeck Monster, avait, en effet, toutes les qualités, et plus si affinités, que je recherche chez ce genre de formations. En outre cet aspect éminemment subversif, qui rien qu'avec le titre de ce manifeste, nous faisait sentir quelques vapeurs délicieusement sulfurées n'était pas non plus pour me déplaire. Et je pensais déjà avoir découvert un nouveau joyau à mettre aux côté des
Macbeth,
Bat et autres
Baphomet's Blood. Sauf qu'en réalité, pour être tout à fait francs, le voyage ne fut pas aussi paisible que je l'avais cru initialement. Ni même aussi agréable pour tout dire.
Pourquoi donc? D'abord parce que la production de ce disque laisse, un peu, à désirer. Si chacun s'exprime intelligiblement dans l'espace qui est le sien, eu égard aux côtés très gras de cette démonstration, le traitement de la batterie, et surtout de ces caisses les plus aigues, me semble un peu déplacé. Et ce d'autant plus que, pour une raison qui m'échappe totalement, l'instrument de Niko Teixeira se détache du reste par une mise en avant inexplicable. Du moins selon moi.
De plus, le batteur aura aussi quelques petites (et insistons sur le "petites") difficultés, parfois, à placer correctement toutes ces notes de doubles grosses caisses proprement. On aura, en effet, parfois l'impression qu'il peine à être parfaitement calé dans le temps (l'entame de
Bad Blood par exemple). Cela dit, j'ai le sentiment que c'est un défaut qui est davantage dû à ce mixage difficile que réellement du fait de ce musicien.
Concernant le contenu à proprement parlé, si l'ensemble nous séduit d’emblée, l'amertume finit assez rapidement par nous gagner. Dès le deuxième morceau de ce méfait, Easy Woman, en tout point semblable au premier
Bad Blood, ou presque, on aura compris que le groupe compte essentiellement miser sur cette lourdeur et cette densité pour nous convaincre. Du coup, sans les nuances minimums nécessaires à ce genre de démonstrations, les titres s'enchainent invariablement, l'album s'embourbe et nous avec.
Il faudra attendre l'excellent Almost
Human aux rythmes lancinants pour qu'enfin, nos cinq de Sao Paulo nous offrent, enfin, une piste bien construite et qui sorte de cet ordinaire bourbeux dans lequel ils nous avaient baladés jusqu'alors. Etonnamment, après cette première délicieuse alerte, l'opus prend une toute autre tournure et parvient à nous offrir de bien meilleures choses. Comme par exemple ce vif et superbe
Reborn from the
Ashes ou encore ce
Highway to Death très âpre, aux skank beat Thrash et aux voix Death, et au final qu'aurait très certainement adoré le regretté Lemmy et son Motorhead.
La cause n'est pas totalement désespéré mais il faudra, à l'avenir, que
Tormentor Bestial soit bien plus inspiré et bien plus besogneux s'il veut réussir. Il lui faudra, en effet, ne pas totalement se reposer sur des acquis, certes très intéressants, mais qui ne sont rien si aucun travail ne les accompagne. Tout ça pour parvenir, in fine, à nous proposer autre chose qu'un album très réussi pour sa seconde moitié et bien plus dispensable pour sa première.
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