Les conflits de générations, même s'agissant de domaine aussi futile que l'art, sont souvent source de discordes permanentes. Ces terres hostiles où s'affrontent des hordes d'adeptes aussi caricaturaux que contradictoires, ont même trouvés un écho formidable dans ces préaux virtuels où votre humble serviteur et quelques autres aiment défendre leurs opinions opposées en des joutes pas toujours amicales. Certains de ces puristes, arc-boutés sur des positions grotesques arrêtées à une époque précise, et rejetant donc tous le modernisme qui ne se conforme pas à cette vision passéiste qu'ils ont de la musique, ne se gênent, en effet, pas pour cracher leur fiel sur l'objet de leur haine. Prenons, par exemple, les amateurs de ce Heavy
Metal traditionnel suranné ou de ce Heavy Speed
Metal antique. Ne jurant que par les groupes fondateurs, et ceux qui en découlèrent, ces intransigeants patentés ne peuvent pas envisager le
Power Metal autrement que comme une injuste trahison dénaturant la pureté de leur premiers amours. Les inébranlables puristes de ce genre là ne vaudraient donc, au final, pas mieux que les inaltérables puristes de l'art noir?
Pas impossible.
Mais que ces intégristes conservatistes soient rassurés. En ces temps propices au retour de tous leurs groupes favoris et en ces instants où ces honteuses mouvances plus récentes semblent s'être un peu essoufflées, ils pourraient bien assister au renouveau de leur genre de prédilections.
Qu'ils se réjouissent car après tant d'autres c'est au tour des musiciens d'
Attacker, vétérans de la scène américaine, de faire leur grand retour triomphale. Plongé dans un mutisme gênant depuis 2006, après une première tentative avorté au son d'un discutable
The Unknown sortis dans l'indifférence général, en cette année 2013, ce nouvel effort baptisé
Giants of Canaan pourrait bien réussir là ou son prédécesseur aura échoué.
Pour se faire le quintette aura mis toute les chance de son côté, notamment en recrutant un nouveau chanteur dont les interventions vocale nous évoque tant les Etats-Unis (James Rivera (
Helstar,
Seven Witches...), Harry Conklin (
Jag Panzer)) que ces contrées britanniques berceau de ce nouvelle vague dont s'inspire aussi ce groupe (
Bruce Dickinson (Iron Maiden)). Bobby "
Leather Lungs" Lucas, surtout connus pour ces prestations au sein de
Morbid Sin,
Overlorde,
Jack Frost et
Seven Witches, ne parviendra cependant pas à se démarquer suffisamment de ces influences les plus notoires et donnera même parfois dans un systématisme assez pénible (notamment dans ces passages aigus, dans ces phrasés ou dans ces moments aux intonations graves et maniérés).
Notons aussi l'arrivé de Jon Hanemann à la basse sur ce nouvel opus.
Hormis ces changements notoires, la formation originaire de Weehawken, dans le New Jersey, poursuit musicalement, peu ou prou, dans ces habitudes habituelles. Délivrant un Heavy
Metal classique aux confins de ce
Power Metal US exhalant quelques parfums Thrashy et quelques arômes NWOBHM, il exécute ses figures de styles avec une certaine application. Malheureusement son propos manque cruellement de nuance et ne parvient que trop rarement à nous surprendre (
Giants of Canaan,
Born into Battle, The Glen of
Ghost). Des inspirations un peu trop flagrantes (certaines structures de Sands of Time ressemble, par exemple, à s'y méprendre à celle du titre Powerslave d'Iron Maiden) viennent également, de surcroit, gâcher le plaisir.
Ce disque ne résoudra définitivement pas le conflit.
Pas sûr non plus, d'ailleurs, que de telles offrandes soient de nature à rendre toutes ses lettres de noblesses au genre. A oublier, sans regret aucun.
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