Un septennat après l'intense
Surreal Overdose,
Deceased se rappelle à notre bon souvenir avec un nouvel album à la pochette colorée et toujours codée selon les gimmicks usuels du groupe américain (Raul Gonzalez n'a pas oublié le lit à barreaux et l'imagerie comics typique du gang). Fondé en 1984, bien avant que la majorité des groupes encore actifs n'aient été que des spermatozoïdes confinés dans le slip sale de leurs géniteurs, le gang de
King Fowley est rare. Rare par ses sorties (dont la première date de 1991) toujours espacées d'une génération, et rare car pas forcément toujours bien distribué aussi, malgré une licence Relapse en début de carrière. A base de thrash/death féroce et bavard, et sans oublier les vociférations aboyées de son leader,
Deceased possède la particularité de ne ressembler réellement à personne. Aucun autre groupe ne lui ressemble non plus.
Pas pour autant touché par le succès à cause d'une formule touffue et dense, peu accessible au guignol déguisé typique des festivals mainstreem, Deaceased propose des disques exigeants, souvent longs et qui pourront passer comme indigestes pour l'oreille non avertie.
Depuis quelques albums, et plus encore sur ce
Ghostly White,
Deceased, c'est un peu l'oncle bourru qu'on croise aux mariages, qui vieillit, grossit encore depuis la fois d'avant, mais qui, lorsqu'on prend le temps de discuter avec lui, à côté de lui, et de préférence sobre, dévoile un aspect insoupçonné de finesse et de justesse d'analyse qui réjouit son auditoire. Bien plus fin qu'il n'y paraît, et ce dès l'introductif "Mrs Allardyce" et son lead engageant dès son ouverture comme pour dire "viens petit, assieds-toi, écoute, tu ne le regretteras pas". Et en effet, sous ses aspects austères renforcés par les gutturales vocalises de Fowley, la première partie de l'album (les 4 premiers morceaux donc) convainc de rester, attentif, à cette leçon de thrash fortement coloré de soli hérités du heavymetal le plus pur et mâtiné du growl éraillé de son chanteur lui donnant sa particularité. Porté par une production conférant un réel dynamisme à cet album, ce qui n'a pas toujours été le cas par le passé, et par la même plus accrocheur qu'un
Fearless Undead Machines par exemple (les soli doublés de "
Germ Of
Distorted Lore"),
Ghostly White constitue sans doute l'album le plus accessible de la formation d'Arlington.
Sans renier le maître
Slayer ("To Serve The
Insane" et ses riffs finis à la manière de la paire
King/Hanneman), chaque morceau ou presque contient nombre de passages hyper bien troussés, avec un tempo rapide, voire très rapide (le jouissif "A Palpation's Warning" qui renverrait presque à l'intensité du
Pestilence de
Malleus Maleficarum), mais jamais inaudible grâce à des nombreuses interventions en lead remarquables et fluides, tant et si bien que les plus de 13 minutes d'une composition comme le fantastique "
Germ Of
Distorted Lore" passent comme une tranche de saucisson à l'heure de l'apéro. Malgré quelques fautes de goût ça et là (la fin en fade-out de ce morceau, les spoken words qui cassent le rythme de "Thoughts Of A Leaking Brain") et une baisse légère d'intensité au profit de la mélodie sur sa deuxième partie, il ne fait aucun doute que
Deceased a sorti là une des pièces maîtresses de sa discographie, admirablement achevée par le convainquant "
Pale Surroundings", aux voix féminines malsaines à souhait, à l'image du dernier
Darkness.
Toujours aussi généreux dans la profusion d'idées et de breaks (y'en a vraiment de partout, assurant une longévité d'écoute évidente pour tout disséquer), et sorte d'album posthume du batteur Dave Castillo, décédé (!) peu avant la sortie de cet album,
Ghostly White est clairement une réussite.
Plus affiné, plus mélodique sans renier son
ADN, et rempli pendant quasiment une heure de plans à tiroirs inspirés, le nouveau
Deceased ravira ses fans, et peut enfin conquérir ainsi la frange de potentiels acquéreurs ayant toujours boudé, à tort, ce groupe d'une authenticité à toute épreuve. Deathsters pas effrayés par des leads heavymetal, thrashers n'ayant pas peur de titres à tiroirs et même fans de heavy traditionnel pas rebutés par un organe vocale d'ours affamé, il est temps de se réveiller et de courir aller chercher ce disque de l'oncle Fowley.
Super chro Jérôme pour un super album que je n’ai toujours pas chopé et qui aurait pu finir dans mon top death 2018 si ça avait été le cas. Le Mrs Allardyce renvoi certainement au fabuleux film d’épouvante Burnt Offerings.
Oui, le père Fowley est fan de films d'horreur, ça transpire dans tous ces livrets/pochettes, d'ailleurs Testament en avait fait un morceau de ce titre de film sur son premier album.
Chronique qui me fait saliver et qui me convaint à le chopper.
Merci pour le papier poto
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