Quand les groupes reviennent après un break de plusieurs années, on peut remarquer deux tendances : soit le nouvel album est une grosse tuerie, avec une solidité à toute épreuve ; soit il n'est que le reflet de ce qui a été fait précédemment et n'apporte rien de nouveau. Quand on voit que les Allemands de
Cytotoxin ont sorti leur "
Radiophobia" il y a maintenant cinq ans, il y a de quoi se poser des questions avec l'arrivée du nouveau "
Gammageddon". Ont-ils réussi à faire évoluer leur musique ou se sont-ils contenté de reproduire ce qu'ils ont déjà fait?
La réponse est : ni l'un ni l'autre, enfin il y a en réalité un peu des deux. Dès le début on reconnait le style du groupe : un son très moderne (une des spécialités d'Unique Leader), des blasts rapides, un riffing véloce et des sweeps endiablés à la
Origin, des growls gras et des pig squeals de mort-vivant. "Radiatus Generis" envoie la pâtée avec un death technique qui ne ralentit pas. C'est brutal, rapide, avec une atmosphère particulière et même quelques semblants de breaks deathcore. On n'est pas très loin du titre "
Survival Matrix" présent dans le précédent opus. Et dès lors on se demande si le groupe n'est pas en mode repeat.
Pas de panique, la suite de l'opus propose son lot de tueries radioactives. La brutalité est de mise, toujours avec fluidité, alternant moments de pure agressivité, touches mélodiques et ambiances pesantes. Ici on ne subit plus les conséquences liées à la catastrophe de Tchernobyl, on est carrément en plein coeur du désastre. Cela commence avec les prémices de l'incident avec "Chaos
Cascade" qui dépeint cette réaction en chaîne impossible à arrêter. Le morceau rappellerait presque un death mélodique ayant bouffé trop de plutonium. Le riffing s'y apparente, avec un groove caractéristique, mais avec un niveau de technicité et de brutalité plus élevée. L'éponyme "
Gammageddon" suit la même logique mais avec un certain côté néoclassique à la
Necrophagist par moments et un certain sens du drama, comme sur "Corium Era"...eh oui, on assiste malgré nous à l'explosion du réacteur et à l'irradiation totale de la zone.
Même si le son de
Cytotoxin reste inchangé, et même si on reste en général dans une combinaison de blasts et de sweeps à la
Dying Fetus /
Origin sauce Tchernobyl, il y a quand même pas mal de petites choses intéressantes. A part le terrible éponyme, déjà cité, on remarque l'intro glaçante de "Chernopolis" qui renforce cette ambiance de mort. Situé en milieu d'album "Deadzone Outpost" fait office de transition ambiante avec les craquements du compteur Geiger et la respiration d'une personne en pleine agonie. Quant à "Redefining
Zenith", on découvre une progression des plus intéressantes avec une variété de riffing et de vocaux et un petit feeling black.
On ne peut pas dire que
Cytotoxin ait fait un phénoménal bond en avant, son death technique / brutal n'a pas changé et on reconnaît la sauce très rapidement. Mais on ne peut pas dire non plus que le groupe en soit resté à "
Radiophobia". Ce "
Gammageddon" est lui aussi très bon : il y a de très bonnes pistes avec une sacrée force de frappe, quelques efforts dans le songwritting pour immerger l'auditeur, une atmosphère radioactive omniprésente... On reste toutefois perplexe quant aux quelques influences deathcore (notamment dans certains breaks). On gagne en lourdeur peut-être, mais la personnalité en prend un coup...
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