Rome aurait pu devenir gauloise. Il s’en est fallu de peu. Souvenez-vous de l’épisode fameux des oies du Capitole. Souvenez-vous du sac de la cité de
Rome par les troupes de Brennos, dont on rapporte les mots «
Vae Victis », malheureux pour les romains. Souvenez-vous que la ville de Milan avait été fondée par les gaulois. Et, c’est de là-bas que provient justement «
Furor Gallico », formation fondée en 2007 par le trio Stefano Centineo (guitare),
Melissa Milani (basse), Elisabetta Rossi (harpe celtique), qui sera rejoint la même année par Luca Rossi (guitare), Davide Cicalese (chant), Laura Brancorsini (violon), Maurizio Cardullo (bouzouki) et Marco Boyer (batterie).Une très grande troupe qui ne tardera pas à réaliser une démo intitulée « 390 B.C. – The Glorious
Dawn ». Les départs de
Melissa et de Marc seront remplacés par la venue de Mac et de Simone Sgarella. Par la suite, ils intéresseront le label italien Scarlet Records qui sera chargé de la réédition d’un premier album éponyme alors tiré artisanalement à 500 exemplaires, mis en plan à partir de décembre 2009, entièrement produit et mixé par Maurizio Cardullo. Cette œuvre originaire de la Gaule Cisalpine, tient moins de la Gaule même, que de l’Irlande ou de la Helvétie. En effet, «
Furor Gallico » puise son appartenance celtique quelque part entre «
Cruachan » et «
Eluveitie ».
Impossible de se tromper en écoutant l’introduction. Pris sous un rythme tribal effréné, l’auditeur découvre la présence de divers instruments, en premier lieu le bouzouki, ensuite la flute et quelques percussions entretenant une avancée au galop. Cette ouverture champêtre et entrainante est toutefois teinté d’un aspect épique, que l’on croit hérité d’«
Ensiferum ». Tout ceci n’annonce que le meilleur. On est alors surpris de l’écoute du morceau « Vente di Imbolc », au ton particulièrement timoré malgré les growls. Le chant clair dans la belle langue italienne et quelques passages plus intempestifs font la différence. Toujours en italien et dans un registre généralement mid tempo, on retiendra plus certainement « La Caccia Morta », un fabuleux titre voluptueux charmé par les gazouillis de la flûte. Ce confort est relativisé par une seconde partie plus rugueuse commençant peu avant le milieu de piste. Il faut retenir celui-là comme une force majeure pour «
Furor Gallico », un formidable atout, qui plus est, en concert. Tout comme le prodigieux « Medhelan », caractérisé par une forte mélancolie, n’entravant pourtant nullement la puissance, l’intensité du morceau ou sa grande richesse mélodique et émotionnelle.
Le groupe fait le choix de l’anglais pour d’autres chansons, à commencer par un «
Ancient Rites » mélodique et dynamique, alternant assez efficacement entre passages en chant clair et en growls, avec changement de rythme à la clef. On sent bien là l’influence d’«
Eluveitie », malgré quelques notes de harpe ou même la dimension plus médiévale que revêt le morceau des italiens. Il y a un fort côté médiéval d’ailleurs qui fait songer à «
In Extremo » ou à leurs compatriotes de « Folkstone » sur le frénétique « Curmisagios ». C’est simple, mais ça opère efficacement.
Plus efficacement que des titres plus alambiqués comme un terne « Cathubodva », singulier pour son rythme syncopé et quelque peu affadi ; ou encore «
Banshee », qui avait tout pour nous séduire au départ, en partie grâce à la délicatesse du trio violon/flûte/harpe. La partie metal à la structure plus moderne avait aussi de quoi intéresser. Cela dit, le tout perd en substance avec la durée. On constate à force l’effet de redondance. Prenons « The Glorious
Dawn », pour en revenir à la musique médiévale, du moins si on s’en tient à l’entame ; là encore c’est une semi-déception. La rythmique n’est pas des plus fluides, les chants ne sont pas toujours appropriés à l’instant, ni très inspirés. On se contente tout de même de la part folklorique, qui, elle, a du charme.
Les instruments folkloriques seuls nous emmènent dans un endroit isolé et verdoyant. L’instrumental « Bright
Eyes » est un hommage à cet endroit, à l’Irlande. Nous avons là un pur extrait traditionnel de leur héritage celtique, avec la flûte en porte-drapeau. Bien plus joyeux et rapide que le doux et glacial « Golden Spiral », mettant cette fois en valeur le violon, jouant sur du velour, dans une ambiance brumeuse, quasi-fantomatique. II avait précédé « The Gods Have Returned », dont on jurerait puisé dans l’ouvrage «
Pagan » de «
Cruachan », hormis les growls, désormais caractéristiques de «
Furor Gallico », venant atténué la féerie pour porter des charges nerveuses et ombrageuses. Il est étonnant de s’apercevoir que « Miraculous Child » commence à peu près de la même manière, par l’intervention de la harpe celtique. Néanmoins, ce morceau affiche plus ample énergie. Et cela malgré ses riffs plus gras, s’accommodant parfaitement avec les growls. Le charme folklorique aura le temps de reprendre ses droits le temps d’un break. Chaque chose à sa place. Chaque moment demeure marquant.
Suite à cet album, la formation italienne s’est vue immédiatement propulsée au milieu des plus grands. Ils ont su trouver un alliage convainquant en associant «
Eluveitie », «
Cruachan » et même un peu d’«
In Extremo » pour établir leur propre marque musicale, arrivant aujourd’hui à éclipser leur compatriote de « Folkstone », qui a pourtant l’ancienneté en plus et plus d’ouvrages à son actif. Une rapide notoriété curieuse si on s’en tient au seul effort éponyme de «
Furor Gallico », car bien qu’ayant des titres forts, il n’est pas complétement remarquable, et comporte même quelques morceaux plutôt dispensables. Cette agitation trouve plus exactement son explication dans les prestations live du groupe, absolument dantesques, mettant même l’actuel «
Eluveitie » aux oubliettes de la mémoire. Après «
Elvenking » et « Folkstone », l’Italie trouve un représentant folk metal tout ce qu’il y a de plus sérieux. Un représentant celte, qui aurait pu provenir, à l’origine, d’Irlande ou de Suisse, et qui viendra faire le sac de votre cité.
14/20
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