Outre son histoire particulière et son patronyme sympathique,
Cretin fait un peu figure de curiosité dans le monde du Grindcore. En effet, quand on appuie sur play, assez rapidement on en vient à se demander si Relapse a sorti un remaster monstrueux de
Repulsion ou si c'est leur nouvel album. Fondé en 1992, le groupe de consanguins a quelques raisons de considérer ces vieux briscards comme leurs grands frères, puisque Col Jones joue avec eux. Du reste, Matt Olivo nous gratifie d'un solo (enfin, oui, euh... un truc qui ressemble vaguement à un solo, de loin, la nuit) sur Making Roadkill, par ailleurs un des meilleurs titres de l'album.
Cretin offre toutefois un peu plus qu'une simple imitation actualisée de
Repulsion. Et même beaucoup plus. En 16 titres et une demi-heure de musique, les Californiens défoncent toutes les portes ouvertes et finissent en sautant par la fenêtre, avec un Grindcore mâtiné de
Death primitif, datant de l'époque où les deux n'étaient pas encore totalement distincts. Le blast est ininterrompu, avec toutefois un son de caisse claire suffisamment mat et étouffé pour ne pas casser la tête, et des cymbales qui n'arrêtent pas de vibrer dans tous les sens. Si cela vous rappelle une version basique d'
Exhumed, ou les débuts de
Napalm Death, c'est normal, c'est bien de cela qu'il s'agit. Les riffs quant à eux s'enchaînent à toute vitesse, la basse gronde comme si Dan Lilker était aux commandes, et le chant mi-scandé mi-hurlé, dans un registre grave et rocailleux, suit avec aisance le tout grâce à un débit impressionnant. Cerise sur le gâteau, le son est d'époque, avec juste ce qu'il faut de puissance en plus pour ne pas sonner daté.
Alors bon, on est pas à l'aube d'une révolution formidable dans le style désormais bien balisé du Grind, mais là où la plupart des groupes s'acharnent à pratiquer la surenchère de
Gore et de brutalité, ou à copier
Carcass ou autre référence mythique, ou encore dérivent inévitablement vers un Noisecore bas de gamme et brouillon (bien que fort sympathique),
Cretin ravive avec talent la flamme d'un style qu'on croyait disparu, seulement entretenu par des micro-formations à travers le monde et par la reformation épisodique d'une légende d'époque.
On peut tortiller du cul, éructer des "oui maaaiiiiiis...." hésitants et penser très fort que rien ne vaut l'original, le fait est que dès que la galette commence à tourner, on ressent l'envie immédiate de monter le son, d'arrêter toutes affaires cessantes ses activités et de bouger la tête dans tous les sens en se demandant la dernière fois où on s'est retrouvé dans un pogo vraiment bourrin. Sans nostalgie aucune, mais au contraire avec la satisfaction de voir que la vieille école brille encore, je recommande ce disque à tout amateur de Grindcore authentique, non bâtardisé par du
Death, de la Noise, de la Funk ou du Bal Musette.
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