Revoici Edu Falaschi et son désormais bien connu
Almah, qui passe de simple projet à groupe à part entière. Alors, exit les membres venus d'illustres formations telles
Stratovarius ou
Kamelot, cette fois le line-up est brésilien, point. Et il se trouve que les musiciens sont beaucoup plus impressionnants que ceux du premier brûlot, qui d'ailleurs n'avait pas rencontré le succès escompté. Ce coup-ci, la technique est partout, on en prend souvent plein les oreilles, mais cela ne fait pas tout. Pour faire vivre un groupe, et plus particulièrement sa musique, il faut leur insuffler une âme qui fera figure de signature unique.
C'est bien là que le bât blesse.
Fragile Equality, c'est un peu le méli-mélo de ce qui se fait de mieux dans le power, le prog', le heavy, le speed, ... Bref, tant d'influences, correctement digérées, peuvent donner un résultat digne des rêves les plus fous, surtout en présence de musiciens aussi surdoués. Edu est un grand chanteur, son travail récent au sein d'
Angra le prouve, et ici il se montre sous un nouveau jour, plus agressif. Mais n'oublions pas le reste du panier : deux guitaristes terrifiants de technique, un batteur qui ne mérite pas moins de louanges, et un bassiste d'exception lui aussi (Felipe Andreoli) et un peu plus célèbre grâce à son travail avec
Angra, également.
Alors qu'est-ce qui ne va pas (pour moi en tous cas ...)? Il y a du bon sur ce disque, voire de l'excellent, mais on a du mal à voir où Edu veut en venir, l'utilité de ce groupe, sa raison d'être.
Fragile Equality ne sort qu'un an après l'éponyme qui avait eu un mal fou à sortir de la masse, et la recette n'a pas changé si ce n'est qu'elle est plus technique et plus épique par moments. Certains morceaux pétrifient sur place tant la barre est placée haut (
Beyond Tomorrow, You'll Understand, ...), mais les autres sont loin d'être de taille en comparaison.
Birds Of Prey débute l'album avec entrain, tout se passe très vite mais impossible de crier au génie et de se dire qu'on tient la baffe de l'année, on se demande juste si on ne va pas finir par trouver le temps long si tous les morceaux ressemblent à celui-ci. Heureusement,
Beyond Tomorrow débarque ensuite et assène ses mélodies imparables, son chant furieux et ses passages épiques. La volonté d'en mettre plein la vue est bien là, on sent que la musique prend forme.
Mais les choses ne tardent point à se gâter... Magic
Flame est une bonne chanson, à ceci près qu'elle s'intégrerait sans mal au répertoire d'
Angra, sauf qu'elle est un cran au dessous du niveau de ce groupe.
All I Am est une ballade tout ce qu'il y a de plus classique, sans la moindre once d'originalité, et Edu ne donne pas du tout le meilleur de lui-même! On me parle de ''leçon de heavy-metal'', moi je dis qu'ils feraient bien de prendre un peu plus de temps pour composer des ballades qui frappent! Ce chanteur, qui peut s'élever dans des hauteurs impressionnantes avec sa voix, offre une performance sans grande conviction ni é
Motion. Oh, je vous l'accorde il chante juste, mais où sont les parties de chant, véritables leçons cette fois, qu'il offre dans
Angra, avec par exemple ses montées en puissance progressives (Ego Painted
Grey, The
Shadow Hunter) ou sa subtilité empreinte de fragilité (So
Near So
Far)?
Bon, le coup de gueule passé, il faut bien avouer également qu'on s'en prend aussi quelques unes sur le coin du museau, et pas des petites. You'll Understand est un marathon musical, une déferlante de soli de guitare comme de basse, de couplets épiques qui déclenchent à tous les coups une crise de rire tant c'est bon et bien exécuté. Là, Edu sait parfaitement le ton qu'il doit donner. Il en impose et chante à merveille, tout comme sur l'autre grosse claque, je veux parler de
Torn. On sent des couplets très travaillés au niveau du chant, qui est plus doux que sur le reste de l'album mais qui donne presque plus de puissance. Comme quoi, la démonstration n'amène pas forcément au résultat voulu, il faut parfois savoir rester fin. Ces deux chansons, musicalement assez brutales (en tous cas pour le style, un effet en partie dû aux riffs et à cette double pédale ''frappante''), permettent de se rendre compte à quel point le potentiel pour arriver à quelque chose d'énorme est bien là.
Le titre éponyme,
Fragile Equality, déçoit pourtant quelque peu. Les mêmes ingrédients sont réunis, la puissance est effarante au premier abord, mais on remarque rapidement de gros défauts dans les couplets. Edu nous sort le chant le plus agressif qu'il ait jamais laissé entendre, et perd beaucoup de sa musicalité. Une fois en passant, pourquoi pas. Mais, pour ceux qui connaissent, si vous écoutez la chanson Crucify de l'album
Elements Of Persuasion de James Labrie (
Dream Theater, chant), le rapprochement tant au niveau de la voix que de la musique est évident. À moins d'une grosse coïncidence, la similitude est très apparente... Dommage car l'originalité en pâtit une nouvelle fois.
La ballade
Shade Of My Soul laissera enfin une place plus grande à l'é
Motion (pour la première fois avec succès en tous cas), et le final, techniquement irréprochable, ne laissera pas un souvenir impérissable tant on a l'impression de l'avoir déjà entendu.
Peut-être en ai-je trop attendu de ce ''super groupe'' comme on dit, composé de pointures indéniablement doués techniquement, mais pour le coup moyennement inspirés. Les meubles et l'honneur restent saufs, grâce aux quelques morceaux de bravoure que j'ai cité et à une exécution impeccable, mais pas de quoi crier au chef d'oeuvre et à l'incontournable. La prochaine fois, peut-être...
13/20
Ne t'en fais toutefois pas, à ce que j'ai pu entendre je te crois sur la qualité du cd que j'ai d'ailleurs commandé et j'en bave à l'idée qu'il sera mien...
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