Liste des groupes Heavy Speed Paragon (GER) Force of Destruction

Pendant toute leur carrière, certains travailleurs empruntent le même trajet pour aller à l'usine, puis exécutent les mêmes taches sans sourciller. Puis ils rentrent chez eux par le même itinéraire. Après un léger détour pour ravitailler leur "locomotive", ils rejoindront bien vite leurs rails pour n'en plus bouger jusqu'à la retraite. Une vie professionnelle rassurante ou ennuyeuse ? A vous de voir.


Fondé en 1990 par Martin Christian, Paragon dispense un Power-Heavy Metal pur et dur. Imaginez un croisement entre UDO et un Manowar blindé, turbo-compressé et débarrassé de toute son emphase. Aucun clavier ni aucune ambition symphonique ne viennent parasiter les salves de riffs et les chœurs guerriers de ces forçats du True-Metal à l'allemande.
Après l'excellent triptyque "Steelbound-Law of the Blade-Dark Legacy" qui posait les bases d'un Power-Heavy traditionnel, Paragon signe avec "Revenge" en 2005 un album particulièrement réussi, doté d'un souffle épique et d'une puissance décuplée par l'excellente production de Piet Sielck. "Forgotten Prophecies" suivra bientôt sans baisse de régime, puis "Screenslaves" en 2008 pour un opus un peu moins épique qui reprend toutefois les recettes des albums précédents avec une production moins massive.

Malgré une fan-base relativement importante en Allemagne, la reconnaissance tarde à venir à l'échelle européenne et Martin Christian quitte le groupe qu'il avait pourtant créé plus de vingt ans auparavant. Gunter Kruse et Dirk Seifert désertent également. Paragon vacille, mais c'était sans compter sur la ténacité d'Andreas Babuschkin le chanteur inamovible du combo. Deux nouveaux guitaristes (Wolfgang Tewes, Jan Bertram )sont engagés, Jan Bunning reprend la basse qu'il avait lâché pendant quelques années et Christian Gripp reste fidèle au poste de batteur. Ce sang neuf allait-il forcer le destin et guider enfin Paragon vers des cieux plus cléments ? Nous l'espérions sincèrement.

A l'écoute de "Force of Destruction", une constatation s'impose d'emblée: ce nouvel album est un bloc de Metal lourd, épais, incompressible mais malheureusement sans aucune aspérité. Paragon y met à l'évidence toute sa force de conviction, mais la machine tourne en rond. Il y a bien évidemment des "kilomètres" de riffs saignants, des refrains fédérateurs en diable mais tout a déjà été joué et entendu des milliers de fois auparavant. Paragon fait du sur-place, se contentant de recycler sans innover une seule seconde. Toutefois, l'interprétation est sans faille, les guitares tranchantes et la production une nouvelle fois en "béton-armé"(Piet Sielck again). Andreas Babuschkin nous livre ici une prestation vocale toujours aussi rugueuse et virile, dans la lignée de ce qu'il proposait déjà sur les albums précédents. Mais cela ne suffit pas pour combler un manque d'inspiration préoccupant. Paragon ne se renouvelle pas et nous laisse sur notre faim avec onze titres terriblement prévisibles. L'efficacité est intacte, mais la répétition de structures usées jusqu'à la corde devient très vite lassante. Il est assez difficile d'extraire un titre ou un autre en particulier pour illustrer cette chronique, tous étant assez similaires et construits de la même manière."Blood And Iron" est le morceau épique "obligé" du disque, lourd et sans surprise. "Bulletstorm" est le plus rapide, avec des rafales de riffs et des bruitages amusants mais sans plus. A la fin du CD, on peut se poser la question suivante: Ai-je écouté le nouveau Paragon, ou bien "Law of the Blade", ou bien encore "The Dark Legacy" ?
Paragon ne trouve pas son second souffle et le manque d'originalité flagrant de "Force of Destruction" pourrait handicaper une carrière déjà difficile a assumer pour ce groupe pourtant très fort sur scène, et si sympathique hors scène.


La locomotive Paragon est donc de retour sur ses rails. Aucun aiguillage en vue, la voie est dégagée mais le paysage qui défile est toujours le même..."Force of Destruction", un album rassurant ou ennuyeux ? A vous de voir, vous êtes prévenus.


Eclectic2013