Dans la scène metal, les petites îles de Malte sont d’abord réputées pour leur death metal. A vrai dire, on connait plus aujourd’hui «
Beheaded », «
Abysmal Torment » que les groupes de doom metal «
Forsaken » et «
Weeping Silence », qui ne sont pourtant pas nés de la dernière pluie. «
Weeping Silence » va ici nous intéresser pour la sortie de son troisième album, «
For the Unsung ». On pourrait définir cette formation comme une subalterne de «
Draconian ». Nous nous situerons, en effet, bien dans un style doom gothique, altéré par un chant clair féminin et un growl masculin. En revanche, cette comparaison va s’avérer limitée. Rien d’assimilable chez «
Weeping Silence » à la qualité de «
Draconian », qui semble à l’évidence et à l’écoute de ce présent opus, inégalée. Encore une fois, «
Weeping Silence » manque de s’affirmer. Méconnu, il l’était. Méconnu, il l’est. Et la situation n’est, à l’évidence, pas prête de changer.
Le groupe avance néanmoins ses arguments sur un « Mourning Sighs
Farewell », séduisant en apparence. Ils auront mis en avant la sensibilité produite par des fredonnements et des airs harmonieux, quelque peu tirés vers le registre symphonique pour nous charmer. Hormis le petit aspect artificiel qui en ressort, la magie opérerait. La voix limpide de Rachel Grech accompagne cette musique en symbiose. On aurait pu s’attendre à un véritable titre, mais en fait nous n’avons affaire là qu’à l’introduction. Les hostilités commencent véritablement avec le titre «
Love Lies Bleeding » et nous fait directement rencontrer le grésillement enrobé des guitares. On ressent bien la lourdeur du genre et le côté gothique, ressortant notamment des parties vocales de Rachel, qui joue parfois les imitations avec Sharon den Adel. Cette ressemblance est plus frappante quand on en vient à «
Fallen From Grace ». Sa voix est alors plus fluette, et d’ailleurs plus en harmonie aux côtés du growl de Joseph Grech. Le titre donne aussi de meilleurs retours de la part des claviers et des guitares. Le jeu ne tourne pas dans la redondance.
Cette redondance, c’est ce qui ferait néanmoins le plus de mal aux compositions de «
Weeping Silence » sur cet album. Elle s’érige en véritable fléau sur le titre « The
Search Within », pourtant un des plus courts de l’album de ses 5 minutes 15. La légère touche symphonique incorporée ne parvient pas véritablement à étoffer ce morceau. Même le dynamique et radieux « Desillusionned » afficherait des éléments corrosifs, qui rendront l’écoute moyennement appréciable. Il faut se pencher avec insistance sur le growl fade de Joseph et sur la batterie plate, sans envergure, pour comprendre notre sentiment. « Bitter Screams » fait de nouveau état de la porosité du growl. Musicalement ce titre montre davantage le potentiel technique de la formation, si on retient pour l’essentiel, l’entame flottante, étincelante, et quelques sonorités arabisantes. Le rythme est toutefois laborieux, et le solo de guitare marque encore peu de son empreinte pour renverser la situation. La seconde moitié du titre donnerait néanmoins des perspectives plus intéressantes.
Inversement, en ce qui concerne «
Mire Of Pity », très aguicheur sur ses premiers instants, dès que l’on entend une musique tout droit en provenance d’un vieux film d’horreur des années 20-30-40. On pourrait presque sentir là un parfum de vieille chapelle abandonnée. Le morceau va malheureusement s’étaler en longueur et les chants n’offrent pas le volume qu’on était en droit d’espérer. Le même reproche pourrait être fait au timoré « Your
Darkest Hour ». Moins d’hésitations en revanche sur « My
Possession », le couple est ici à la lutte, et c’est Rachel qui prend le pas. Le growl se contentant de tenter simplement de s’immiscer dans la piste. Ce regain d’investissement se ressent également sur la musique. Elle serait devenue plus ouverte, plus aérée. Des bonnes proportions, une fluidité, qu’on aurait souhaité plus présentes tout le long de l’album.
Persévérer n’est pas synonyme de réussite. La seule intention ne compte pas.
Seul le résultat prévaut. Et c’est valable pour tout. «
Weeping Silence » poursuit dans l’obscurité son triste chemin, dans la méconnaissance. Un changement de line-up du côté des vocaux, suite à cette troisième sortie du groupe, pourrait signifier une future évolution. Pour autant, il ne faut pas voir les quelques imperfections de «
For the Unsung » uniquement chez les chanteurs. Il aurait été préférable que les guitaristes et le batteur fassent davantage pour en ressortir leur technique. Les étoiles, même les plus lointaines, ne brillent que par leur éclat.
12/20
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