S'il est des projets loin de s'assimiler à un long fleuve tranquille, celui de cet expérimenté combo de heavy/power mélodique brésilien serait assurément du nombre. Créé à São Paulo en 1993 sous le nom de
Twilight, le groupe réalisera deux ans plus tard son seul et unique album studio, «
Watching the Sky », avant de cesser toute activité en 1997. Après une longue traversée du désert, ce n'est qu'en 2020 que ce dernier renaîtra de ses cendres,
Twilight devenant alors
Twilight Aura, et ce, suite à un remaniement de fond de son line-up. Etat de fait qui ne sera pas sans effet sur l'orientation générale conférée par le collectif sud-américain à son propos.
Ainsi, de la formation initiale ne subsistent que : Andre Linhares Bastos (ex-
Angra, ex-Skyscraper,
Revenge), aux guitares ; Filipe Guerra (Preachers, ex-
Revenge, ex-
Wizards), à la basse ; Claudio Reis (ex-Skyscraper), à la batterie. S'y adjoindront prestement les talents de
Leo Loebenberg (ex-Masa
Fire Hoshino), en remplacement de Sandra Reis, aux claviers, et de Rodolfo Elsas, aux guitares, les guitaristes Luigi Pilosio (Preacher), Marcos
Nazareth (Skyscaper), Ricardo Camilato et Dodi Rovari ayant, eux, très tôt quitté le navire. Côté lignes de chant, dès 2020 sera intronisée Daísa Munhoz (
Vandroya), en lieu et place de Tomas Kenedi et Rick Ricci (Skyscraper,
Krusader) ; une couverture vocale loin d'être anodine, traduisant une certaine envie d'en découdre de la part de nos six valeureux gladiateurs.
De cette étroite collaboration naîtront deux singles, «
Watching the Sky » et «
Inner Prison », successivement, tous deux inscrits au sein de leur premier album full length, «
For a Better World » ; une galette généreuse de ses 60 minutes, signée chez le jeune label brésilien
Metal Relics. Ce faisant, le combo nous octroie un manifeste heavy/power mélodique aux relents progressifs et symphoniques, à la fois solaire, détonnant, voire sanguin, parfois fringant, un poil épique, et romantique à ses heures. Cette œuvre sculpturale et luxuriante se placerait alors dans le sillage de
Frozen Crown,
Vandroya,
Soulspell,
Temperance,
Ancient Bards,
Battle Beast, et consorts, la touche personnelle en prime.
Preuve qu'elle n'a nullement tourné le dos à son passé, la troupe a requis, pour l'occasion, les prestations d'anciens membres du groupe, dont celles des quatre guitaristes remplacés, ainsi que celles de Sandra Reis et Tomas Kenedi. Une belle brochette d'artistes qui a pour corolaire une production d'ensemble de bonne facture et des arrangements instrumentaux de premier ordre. Produit, enregistré, mixé et mastérisé, tout comme pour
Soulspell, Scars et
Almah, par le producteur, pluri-instrumentiste et vocaliste brésilien Tito Falaschi (
Arena, Nostalgica, ex-
Symbols, ex-
Wizards), le méfait jouit d'une belle profondeur de champ acoustique et ne concède que fort peu de sonorités parasites. Un tour du propriétaire s'impose...
C'est au cœur d'une terre de lave en fusion que se plaisent à nous projeter nos acolytes, laquelle recèle quelques brûlantes pépites. Suite à la cinématique et somme toute dispensable entame instrumentale, «
Aura (Intro) », les éléments ne sauraient tarder à se déchaîner... Lui emboîtera le pas le tempétueux «
Inner Prison », un tubesque up tempo heavy mélodique aux riffs acérés, mis en exergue par les toniques inflexions de la sirène et assorti d'un fuligineux solo de guitare. dans la veine de
Vandroya. On ne sera guère moins secoué par «
Freedom », offensif effort power symphonique à l'inaltérable et martelant tapping, au carrefour entre
Soulspell et
Ancient Bards. Egrainant de sémillants gimmicks guitaristiques, ne relâchant pas la pression d'un iota tout en sauvegardant une ligne mélodique épurée et des plus fédératrices, le magmatique passage séduira non moins l'amateur de folles embardées. Dans cette dynamique, difficile d'occulter le bien-nommé «
Rage », tant pour son pont techniciste du plus bel effet que pour ses enchaînements intra piste des plus sécurisants, tout comme « Shouting in the
Dark », au regard de ses joutes oratoires judicieusement amenées et des plus originales. Non moins percutant, disséminant de grisants arpèges, et exclusivement dispensé en voix masculines claires, l'échevelant « Living Is
More than Surviving » poussera lui aussi à un headbang bien senti.
Quand il retient un tantinet les chevaux, le combo trouve à nouveau matière à aspirer le tympan. Ce qu'il prouve à l'aune de « Prayer », un éruptif et seyant mid/up tempo aux puissants roulements de tambour doublés d'une sanguine rythmique, à la croisée des chemins entre
Battle Beast et
Temperance. Mis en relief par un duo mixte en voix claires bien habité, les claires ondulations de la belle répondant en écho aux serpes oratoires de son comparse, et agrémenté d'un fin legato à la lead guitare, se dotant en prime d'un refrain immersif à souhait, le tonitruant méfait jouerait, lui aussi, dans la catégorie des hits en puissance, que l'on ne quittera que pour mieux y revenir. Sur un même modus operandi, c'est cheveux au vent et en parfaite osmose qu'évoluent nos deux tourtereaux sur le plantureux et enivrant low/mid tempo « Limits of
Reason ». Dans cette énergie, le félin mid tempo «
Watching the Sky », pour sa part, dévoile ses riffs épais et son refrain certes convenu mais des plus engageants, entonné par une frontwoman ici muée en une redoutable prédatrice. Et la magie opère, une fois encore. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses insufflées par « Sunlight », invitante piste pop metal mélodique aux fringants accords pianistiques ?
Lorsqu'ils nous mènent en d'intimistes espaces, c'est d'un battement d'ailes que nos compères feront voler en éclat toute tentative de résistance de la part du chaland. Ce qu'illustre « One Day », ballade d'une sensibilité à fleur de peau et aux airs d'un slow qui emballe, que n'auraient nullement reniée ni
Ancient Bards ni
Frozen Crown. Mis en habits de soie par les hypnotiques volutes de la maîtresse de cérémonie, couplets finement ciselés et fondants refrains glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Un exercice de style qui sied bien à nos acolytes, à exploiter davantage, peut-être.
Mais ce serait à l'aune de son orgiaque pièce en actes power mélodique et progressif que le combo brésilien serait au faîte de son art. Ainsi, on ne tardera pas à se voir chahuté par «
Twilight », ''vandroyenne'' fresque déroulant ses 10:29 minutes d'un parcours épique, où les innombrables variations rythmiques ont pour pendant d'abondants et sémillants changements de tonalité. Aux puissants et féroces coups de boutoir tout le long distribués s'adjoignent une basse résolument claquante et un dantesque solo de guitare à mi-morceau. Sans omettre le juste partage de l'espace oratoire entre nos deux vocalistes patentés, semblant alors déambuler en tout sérénité dans ce vaste champ de turbulences. Bref, un véritable feu d'artifice pour clore le chapitre, que l'on se repasserait volontiers, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
On ressort de l'écoute du skeud interpelé par la capacité du combo sud-américain à disséminer ces séries d'accords des plus accrocheuses, susceptibles de rester longtemps gravées dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, cet opus bénéficie en prime d'une ingénierie du son plutôt soignée, mais nullement aseptisée, mais aussi d'une technicité instrumentale maîtrisée et de la féconde inspiration mélodique de ses auteurs. D'aucuns auraient sans doute espéré un soupçon d'originalité supplémentaire et quelques séries de notes un poil moins empruntées qu'elles n'apparaissent pour se sustenter. Pour son premier envol sous cette dénomination, les arguments du collectif semblent toutefois suffisants pour le voir s'en sortir avec les honneurs. Bref, une œuvre puissante et magnétique à mettre à l'actif du sextet brésilien...
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