Pourtant impulsé par un puissant et magnétique «
For a Better World », l'expérimenté et talentueux sextet brésilien ne reviendra que trois années plus tard dans la course. Ce qui ne signifie nullement que ce dernier soit resté terré dans l'ombre ce laps de temps durant, loin s'en faut ! Aussi nos six acolytes concocteront quelque quatre singles («
Sacred Earth » et «
Hold Me Tight » en 2023, suivis de «
Yourself Again » et «
Laws of Life » en 2025), soit quatre des neuf pistes du présent mouvement du nom de «
Believe ». Si son sculptural aîné se voyait enorgueilli de ses 60 luxuriantes minutes, ce second opus devra, lui, compter sur les 40 minutes de son ruban auditif pour tenter de nous rallier à sa cause. Ce faisant, les arguments esthétiques et techniques développés dans ce message musical seront-ils à même de porter le groupe parmi les valeurs montantes du heavy/power mélodique à chant féminin ?
Dans ce dessein, se trouvent réunis les membres d'équipage de la dernière traversée au grand complet, soit : Daísa Munhoz (
Vandroya) en qualité de frontwoman ; Andre Bastos (ex-
Angra, ex-Skyscraper, ex-
Revenge) et Rodolfo Elsas aux guitares ; Filipe Guerra (Preachers, ex-
Revenge, ex-
Wizards) à la basse ; Claudio Reis (ex-Skyscraper) à la batterie ; Leo Loebenberg (ex-Masa
Fire Hoshino) aux claviers. De cette étroite collaboration, et, conformément à ses aspirations premières, le collectif sud-américain continue d'évoluer dans un univers heavy/power mélodique aux accents progressifs et symphoniques. Aussi effeuille-t-on une œuvre aussi rayonnante et pulsionnelle que romanesque, à laquelle ont contribué de nombreux invités (que nous évoquerons au fur et à mesure de leur apparition dans ce set de compositions), dont les sources d'inspiration seraient, là encore, à chercher dans le patrimoine compositionnel de
Frozen Crown,
Battle Beast,
Temperance,
Ancient Bards,
Vandroya et
Soulspell, pour l'essentiel.
Connu pour le soin apporté à sa production d'ensemble, le groupe n'aura pas failli à ses habitudes. Coproduit par Andre Bastos et Tito Falaschi (pluri-instrumentiste et vocaliste (ex-
Arena, ex-Nostalgica, ex-
Symbols, ex-
Wizards) et producteur (
Soulspell, Scars,
Almah,
Twilight Aura...) de son état), ce second élan jouit d'une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut doublée d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et de finitions passées au crible. Bref, des conditions d'écoute quasi optimales incitatives à une traversée sans escale dans cette mer plutôt houleuse, ayant pour corolaire une technicité instrumentale plus affutée aujourd'hui qu'hier et des sentes mélodiques des plus entraînantes. Mais embarquons sans plus attendre à bord du navire, en quête de quelque terre d'abondance...
A l'instar de son devancier, le cadet nous place volontiers au cœur de braises incandescentes, non sans laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Real World », up tempo aux riffs épais adossés à une sanguine rythmique, à la confluence de
Battle Beast et de
Frozen Crown ; instillé de fulgurantes accélérations, parallèlement pourvu d'un refrain catchy mis en exergue par les puissantes impulsions de la déesse, et d'un fringant solo de guitare signé Felipe Andreoli (
Angra), le torrentiel effort ne se quittera qu'à regret. Dans une mouvance plus ''temperancienne'', le frondeur «
Sacred Earth », pour sa part, imposera tant les insoupçonnées montées en régime de son corps orchestral que les rocailleuses attaques de BJ. On pourra, enfin, se voir aspiré par l'enfiévré «
Hold Me Tight » eu égard aux assauts répétés de sa basse vrombissante et aux prégnants médiums d'un certain
Jeff Scott Soto (
Trans-Siberian Orchestra, ex-
Axel Rudi Pell, ex-
Yngwie Malmsteen...). Mais là n'est pas l'argument ultime de cet essai pour tenter de nous prendre dans ses filets...
Un poil moins enfiévrés, certains espaces d'expression sauront à leur tour nous retenir plus que de raison. Ce à quoi nous sensibilise, tout d'abord, le ''temperancien'' mid/up tempo aux riffs crochetés «
Yourself Again », au regard d'une ligne mélodique, certes, déjà courue mais des plus efficaces, et de son entêtant refrain mis en habits de lumière les fluides ondulations de la sirène. Et ce n'est pas son fuligineux solo de guitare qui nous déboutera davantage de ce hit en puissance, tant s'en faut. Dans cette dynamique, c'est cheveux au vent que l'on parcourra le ''vandroyen'' mid/up tempo « Right Thing » ; doté de sémillantes séquences d'accords et d'un refrain immersif à souhait encensé par les sensuelles patines de la frontwoman, l'enivrant manifeste se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Dans une visée bluesy, l'engageant « One Day at a Time » nous happera, lui, aussi bien par son pont techniciste bien amené et savamment échafaudé que par son énergie aisément communicative.
Lorsque les lumières se font plus douces, nos acolytes se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre, d'une part, « Coming
Home », ballade atmosphérique pétrie d'élégance, que n'aurait nullement reniée
Vandroya ; glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se calent de concert les chatoyantes modulations de la maîtresse de cérémonie et les inflexions tout en rondeur de Fábio Caldeira (
Maestrick, Holy Tide, guest chez
Soulspell...), et souligné par la basse ronronnante de Marcel Ribas, cet instant privilégié aux airs d'un slow qui emballe est une réelle invitation au voyage en d'oniriques contrées. Difficile également de contenir la petite larme au coin de l'oeil sous le joug de l'infiltrant cheminement d'harmoniques que nous invite à suivre «
Believe » ; une ballade d'une sensibilité à fleur de peau, se chargeant en émotion au fil de sa progression, que magnifie là encore, le pénétrant filet de voix de la diva.
Mais, une fois encore, ce serait à la lecture de leur pièce symphonico-progressive que nos compères marqueront plus fort les esprits de leur empreinte. Ce que révèle «
Laws of Life », fougueux mouvement aux virulents et inaltérables coups de boutoir ; Issu d'une démo de 1991 de Skyscraper, l'un des groupes d'origine d' Andre Bastos, ce titre sort donc 33 ans plus tard, avec non seulement la participation virtuelle de feu André Matos en voix additionnelle, mais aussi de celle de son frère, Daniel Matos, à la basse et au chant, et de Fabio Elsas (ex-Skyscraper), frère de Rodolfo Elsas, derrière les fûts. Offrant un joli face à face entre les angéliques oscillations de la belle et celles, éminemment sculpturales, de Daniel Matos, inoculé de grisantes rampes synthétiques et d'un fin legato à la lead guitare, cet élan exalté poussera assurément à un headbang bien senti et quasi ininterrompu.
Arrivés au terme d'un voyage aussi palpitant qu'enivrant, un agréable sentiment de plénitude nous étreint. Nous livrant un propos varié sur les plans rythmique, atmosphérique et oratoire, n'accusant pas l'once d'un bémol harmonique tout en bénéficiant à son tour d'une ingénierie du son rutilante, le sextet brésilien s'en sort très honorablement, une fois encore. Moins opulent mais tout aussi fringant et un poil plus entreprenant et émouvant que son devancier, ce truculent méfait offre à nos gladiateurs des armes supplémentaires et des plus efficaces pour espérer tenir l'âpre concurrence en respect.
Plus encore, et en dépit d'un soupçon d'originalité manquant toujours à l'appel, la troupe aurait-là une belle carte à jouer pour espérer rejoindre dès lors les valeurs montantes de son espace metal d'affiliation. Bref, une seconde gemme à placer dans l'écrin de la formation sud-américaine...
Pas mal du tout la vidéo de fin de chronique! Il faudrait que je l'écoute en totalité pour m'en donner une impression globale mais ça plaît à mes oreilles!
Encore merci pour cette millième découverte et pour la chronique!
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