First Visit

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17/20
Nom du groupe Rogue Male
Nom de l'album First Visit
Type Album
Date de parution 1985
Style MusicalNWOBHM
Membres possèdant cet album89

Tracklist

Re-Isssue in 2007 by Metal Mind Productions with 2 Bonustracks
1. Crazy Motorcycle
2. All Over You
3. First Visit
4. Get Off My Back
5. Dressed Incognito
6. Unemployment
7. On the Line
8. Devastation
9. Look Out
Bonusttracks (Re-Isssue 2007)
10. The Real Me
11. All Over You

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Rogue Male


Chronique @ samolice

01 Janvier 2012

Prenez un shaker, mélangez à tiers (quasi) égaux rock, métal et punk, secouez le tout : ROGUE MALE

Dans l'avant-propos d'un superbe livre, « Heavy Metal Thunder : Album Covers that Rocked the World » (Neil Aldis & James Sherry, 2006), Scott Ian raconte qu’il a acheté de nombreux albums, parmi lesquels certains de ses favoris, uniquement parce que les pochettes lui plaisaient. Cela surprendra peut être les plus jeunes lecteurs mais à l'époque, malgré le proverbe qui veut que l'on ne juge pas un livre à sa couverture, le choix d'un disque se fait parfois sur des critères "esthétiques" qui n'ont que peu de rapport avec la musique.

Bref, 16 septembre 1985. Face au rayon des nouveautés d'une célèbre enseigne musicale à quatre lettres, une pochette m'interpelle. Elle représente un visage, mi-homme mi-cyborg, tout à fait dans l'esprit du célèbre film Terminator. Trop intrigué, et bien que n'ayant jamais entendu parler de ce groupe, je sors fébrilement 63 francs de mon porte-monnaie… Une fois rentré à la maison, je comprends, en ôtant le film plastique qui enveloppe la pochette, que ce visage est celui de Jim Lyttle, chanteur, guitariste et auteur de toutes les compositions de l’album. Sur l’une des photos intérieure, le look des musiciens m’évoque les films de la série Mad Max (cf. le lien youtube ci-dessous). Aujourd'hui, je dois avouer que je la trouve vraiment kitsch cette illustration. Pour autant, elle colle toujours plutôt bien au contenu de l'album.

Flash-back. En 1977, Jim Lyttle évolue au sein de Pretty Boy Floyd And The Gems, un des premiers groupes de punk irlandais. Au début des années 1980, Jim part s'installer à Londres et décide de monter un groupe dont il serait le seul maître à bord. Ce sera le Male Solitaire. Il se met à composer des titres qui rassemblent l'énergie du punk et l'agressivité des combos de la NWOBHM. Repéré grâce à ses prestations scéniques, le combo signe avec le label Music for Nations. Le 19 avril 1985, suprême honneur, Rogue Male est invité dans le programme musical anglais Extra Celestial Transmission Heavy Metal sur Channel 4 où il joue 2 titres en live (once again cf. le lien youtube ci-dessous). L'émission fait caisse de résonance, la machine est lancée à pleine vitesse. La presse anglaise, il est vrai toujours prompte à encenser les groupes nationaux, en fait le nouveau joyau de la couronne. Les propos sont dithyrambiques : Metal Forces ou Kerrang ("the next big thing" et couv' du magazine pour le numéro 101 aout-septembre 1985) écrivent des articles élogieux sur ce nouveau groupe au leader originaire de Belfast. Contrairement à de nombreux cas ou les britanniques sont les seuls à s'exciter et où le soufflé retombe bien vite (par exemple plus récemment The Darkness), le reste de l'Europe suit. Ainsi en France, le combo est élu révélation de l’année et disque du mois pour Enfer Magazine (juillet 85, n°26). En juin 1986, lors de la sortie du 2ème album, Rogue Male fait la une de Hard Rock magazine.
Cette même année, Télécommando, émission qui succède aux Enfants du Rock et qui est présentée par Manoeuvre (oui, celui qui fait aujourd’hui le poser dans un télé crochet) et Dionnet, reçoit le groupe qui interprète "I Don't Take No Shit" ainsi qu’une reprise des Sex Pistols à l’issue de laquelle ils brisent leurs instruments. Il paraîtrait qu’un autre groupe devait se produire ce soir là mais avait dû annuler à cause d’un accident ayant coûté la vie à leur bassiste, un certain … Cliff Burton.

Comme un hommage à leurs glorieux aînés, le groupe assure même la première partie de Motorhead lors du concert du 10ème anniversaire du combo à l’Hammersmith Odeon de Londres. Motorhead, le nom est lâché.
Souvent assimilé, à tort, à un simple clone du groupe de sieur Kilmister, l'influence est néanmoins évidente ; Jim Lyttle a des intonations très Lemmyesque tout au long du disque et la basse claque sur de nombreux titres (écoutez par exemple l’énorme "Crazy Motorcycle" ou le break de "First Visit"). En outre, Tank, dont j'entends toujours d'ailleurs - à tort - Rogue Male scandé sur le refrain de "Hot Lead, Cold Steel", titre issu de l'album de 1983 « This Means War », Saxon, et dans une moindre mesure le WASP des débuts pour le côté catchy des compositions, méritent également d'être cités. Pour autant, le son du groupe est assez original, soufflant en permanence le chaud (l'urgence du punk et la puissance du métal, "Get Off My Back", "On the Line") et le froid (pour le son « synthétique » des guitares, "First Visit", "Dressed Incognito" et tous les autres titres en fait !). Le groupe a une indéniable identité, une patte. Le chanteur parlera parfois en interview de cyber punk. Cet esprit punk se retrouve dans les paroles ("Unemployement" et "On the Line" traitent de la misère sociale, notamment du chômage, tandis que "All Over You" parle, heu ben je vous laisse traduire, « I'm going to shoot my load All Over You ». Classe !). Comme pour ses textes, pas de demi-mesure avec ce groupe : on aime ou on déteste. Néanmoins, dans ce style musical, "Dressed Incognito", "All Over You", ou "Crazy Motorcycle" sont autant de tubes !
La production est datée, certes, mais cela ajoute à l’aspect plaisant de l’album, un peu comme si l’on assistait à une leçon d’histoire du métal (l’album a été réédité en 2008 avec les 2 titres du single "All Over You" mais je n’ai que le vinyle original). En revanche, l’ensemble manque un peu de diversité pour tenir l’auditeur en haleine sur la totalité de l’album. Enfin, malgré ses atouts et comparativement à ses influences, Rogue Male/Jim Lyttle n’a ni la puissance irrésistible d’un Motorhead, ni les compétences techniques d’un Saxon, ni le côté immédiat du W.A.S.P. des débuts, ni les capacités vocales d’un Halford. Reste de solides compositions, une véritable rage ainsi qu’un sentiment d’urgence qui rendent ce premier album indispensable aux amateurs des groupes précités.

Malgré le succès critique, l'avenir s'assombrit rapidement. De l'aveu même de Lyttle, le "Monsters of the Universe Tour 85" aux USA est un fiasco : « Nous sommes arrivés à New York en pensant que nous allions tourner avec Motley Crue. Mais 24h avant le début de la tournée, Elektra Record nous a convoqué et informé que nous ne ferions pas la tournée avec les Motleys, parce qu’apparemment ils avaient écouté “First Visit” et avaient insisté pour qu’on ne fasse pas la tournée ». Frileux les Crüe ? L'album suivant, « Animal Man » (1986), comporte également son lot de très bons moments, mais nous en parlerons une autre fois... De profondes divergences avec le label, et Martin Hooker, manager véreux (pléonasme…), entraîneront le split du combo. Le dernier concert donné par Rogue Male a lieu à la fin de l'année 1987. Revenu d'entre les morts en 2009 le temps d'un album fort médiocre et trop éloigné du style originel (« Nail It »), avec un Bernie Tormé perdu à la guitare, l'avenir du groupe ne s'annonçait guère lumineux. A ma grande surprise, en septembre 2011, un excellent nouveau titre "Liar" est proposé en écoute sur le site du groupe (http://rm2kmusic.com). Un vrai retour aux sources qui s’explique probablement en partie par le fait que le line-up de First Visit est quasiment au complet : Jim Lyttle, John Fraser Binnie (guitariste originel), Phil Clark (bassiste originel) et Larry Paterson (batterie, aperçu avec Blaze Bailey de 2007 à 2010).

Rogue Male, c'est l'histoire qui se répète pour l'un de ces nombreux groupes de la toute fin de la NWOHM qui n'a pu surfer sur la vague du succès initiée par ses illustres prédécesseurs, ces derniers n'ayant souvent laissé que des miettes. Rogue Male, c'est l'histoire d'un de ces nombreux groupes qui auraient dû devenir énorme. Même s’il est encore temps (cf. Anvil), quel gâchis !

26 Commentaires

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DIO41 - 11 Août 2020:

Merci pour la chro' ! j'ai toujours le vinyle, je l'ai écouté en boucle pendant des mois à sa sortie. Ce qui me plaisait  ( et me plait toujours d'ailleurs ), c'est leur son que nul autre groupe avait : métallique, un peu criard, qui semble venir de loin, voix et guitares dans le même registre. Crazy Motorcyle, All Over You, On the line sont des bijoux. 

grogwy - 16 Janvier 2021:

Juste pour information "Télécommando" ne succédâ pas à l'émission "Les Enfants Du Rock", mais à "Sex Machine" (Soul et Funk) au sein de cette même émission où on en trouvait plusieurs dont "Rockline" (specialisée dans la scène britannique) et "Rock'N'Roll Graffitti" (consacrée aux années 50).D'ailleurs "Télécommando" ne fit pas long feu, certains membres de l'émission "Les Enfants Du Rock" (qui détestaient le Hard Rock) usèrent de leur influence pour dénigrer "Télécommando" qui ne durera que quelques mois (même sur Wikipedia lorsqu'on tape "Les Enfants Du Rock", à aucun moment "Télécommando" n'est évoqué !).A la même période je me rappelle que Philippe Barbot (le chroniqueur Rock de Télérama) avait craché sur "Télécommando", expliquant que cette nouvelle émission dévalorisait "Les Enfants Du Rock"! A cette époque le Hard Rock/Heavy Metal n'avait pas bonne presse.

samolice - 17 Janvier 2021:

Ah ok, merci Grogwy pour la précision.

Un disque qui vieillit à mon sens aussi bien que le bon vin. Quasiment à chaque soirée avec les copains, on le balance au bout de la nuit et l'énergie revient pour une dernière danse. Juste indispensable dans sa disco de hard rocker!

Elevator - 18 Janvier 2021:

Quand Rogue Male est apparu, la presse a crié au génie et je m'attendais à un truc énorme. En fait, j'avais été (presque) déçu à la première écoute de mon vinyle car c'était certes efficace, mais rien d'exceptionnel. Quelques écoutes plus tard, j'étais conquis, et aujourd'hui encore j'adore ce premier album, varié dans les tempos mais plein d'énergie de bout en bout. Quelle grande époque !

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