Après le succès de la compilation First Daze Here en 2002 auprès des Pentafans, Relapse Records remet le couvert en 2006, toujours sous l’impulsion du batteur historique Geof O’Keefe qui souhaite de nouveau porter au jour des morceaux issus de la première période du groupe. 22 nouveaux titres restés enfermés durant plus de trente ans, tous composés entre 72 et 76 et récupérés de vieilles master tapes détériorées dont la qualité sonore peut ainsi varier en fonction des différentes captations (live, rehearsals, démo…). Répartis sur deux disques, les morceaux témoignent encore une fois de l’activité extraordinaire d’un groupe poisseux jamais signé en son temps, auteur de compos qui prennent aux tripes, délivrant un heavy rock façon
Blue Cheer aux accents proto doom à la Black Sab, et dont la reconnaissance ne viendra finalement qu’à partir du début des années 80, lorsque après le split de
Pentagram, Bobby Liebling, son chanteur fou, intègre Death Row qu’il renomme de nouveau
Pentagram trois ans plus tard, délaissant son heavy rock seventies originel pour un doom metal totalement précurseur.
Si First Daze Here présentait des morceaux composés en grande partie par Bobby Liebling durant la première partie des années 70 et repris plus tard dans la discographie du groupe dans un habillage doom 80’s, ceux de
First Daze Here Too apparaissent comme plus confidentiels bien que dotés de highlights tout à fait géniaux. Alors que le disque 1 présente des morceaux majoritairement composés par Geof O’Keefe, le disque 2 est lui totalement hanté par Bobby, la totalité des pistes provenant de différentes sessions studios et répétitions live.
Dès les premières notes de "
Wheel of
Fortune", l’adorateur de la première compile First Daze Here est rassuré ; on écoute bien du vieux
Pentagram, toujours aussi épais, charnel et profond. "
When the Screams Come" juste derrière entérine la sensation. Déjà présent sur First Daze Here mais joué cette fois live en studio, cette version alternative et plus rapide est toujours aussi cool. A noter d’ailleurs que les doublons sont rares entre les deux compilations, puisqu’en sus de ce morceau, il n’y a que le doomy "
Be Forewarned" qui apparaisse également dans les deux First Daze Here, mais là aussi dans une version différente bien qu’éternellement sombre, viscérale et prenante : inoubliable palm mute sur la montée crescendo menée par la basse de Greg Mayne jusqu’au solo magistral de McAllister. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la plupart des titres du second CD sont enregistrés live avec seulement une guitare, et que durant le solo, c’est la basse de Mayne qui conduit la rythmique en tissant son propre motif. Ce qui donne lieu à des passages savoureux ou ce dernier fait littéralement pleurer sa basse dans un groove imparable tandis que McAllister délivre encore ses soli de dingue.
Du sombre et trainant "Catwalk" au fabuleux "
Target" qui propose un final en apothéose façon guitar hero, on est époustouflé par tant de feeling pour un obscur groupe non signé. Chaque morceau contient les soli vertigineux de McAllister, et l’on peut encore citer le très heavy "
Nightmare Gown" ou encore la piste finale de la compile, l’incroyable "Show’Em How", où le guitariste est littéralement possédé. Alors certes on tiquera sur la qualité sonore de l’enregistrement, mais quand on sait que c’est l’unique version de ce titre, qu’il a été capturé live avec un micro défectueux, et qu’il a de surcroît bénéficié d’une certaine restauration en raison de drops sur la cassette originale, on se dit que finalement, c’est assez saisissant d’entendre une telle alchimie musicale. On nage en plein trip psychédélique, aérien, captivant, hypnotique, avec un gros passage typé
Blue Cheer sous psychotropes : larsens, vibratos, leads hurlants, basse vrombissante, le happening musical total.
D’autres morceaux tirent aussi leur épingle du jeu : le punchy "
Smokescreen" et son jeu rapide à la
Deep Purple où McAllister passe presque pour un Blackmore ; la cover de The Yardbirds intitulée "Littles Games" avec ses twin guitars façon
Wishbone Ash ; "Much Too Young to Know" et ses duels de soli imparables, ou encore le radio friendly "
Teaser" dont le refrain vous collera au bulbe. Là aussi un morceau très généreux en soli qui montre encore une fois le talent de Bobby pour tout chanter et la facilité déconcertante du guitariste à pondre un solo plein d’identité toutes les 30 secondes. Quatre chansons issues de la même session studio de 76 que le hit "Starlady" de la première compile First Daze Here, et pour laquelle Marty Iverson tient une seconde guitare en renfort. Une chanson d’ailleurs en partie écrite par
Randy Palmer, le membre temporaire de
Pentagram, sorte de cinquième roue du carrosse, et dont l’apport sur "
Wheel of
Fortune", "When the Screams Gone" ou la cover très sympathique du "Under my
Thumb" des Stones n’est pas non plus négligeable.
Alors si quelques morceaux de
First Daze Here Too paraissent anecdotiques, comme "Cartwheel", "Man" ou "Frustration", cette seconde compile narrant les débuts d’un groupe aussi talentueux que malchanceux, contient tout de même de sacrées pépites qui rendent son acquisition indispensable pour tous les Pentafans qui souhaitent prolonger les sensations sombres et groovy apportées par le premier First Daze Here. Des soli héroïques de McAllister à la basse prenante et pleine de feeling de Mayne en passant par les frappes lourdes de O’Keefe, le tout sublimé par le chant habité et le songwritting génial de Bobby Liebling,
Pentagram n’en finit pas d’exhumer des reliques inestimables de son passé.
Qu’aurait bien donné le groupe s’il avait été signé dès les années 70, s’il n’avait pas été jugé trop sombre, uncool et non professionnel par un studio comme Columbia qui se désintéressa d’eux suite aux frasques de son leader ? La suite est connue et sera d’un apport inestimable pour la scène doom metal de manière générale. Mais peut-être que, dans une réalité alternative, le classic line up de la Ram family continue de nous transporter avec son heavy sombre, intense et viscéral… Alors, à quand un First Daze Here 3 ?
Ca donne envie de s'y plonger
Commence par la première compile First Daze Here surtout Jérôme. Et si le côté hard rock est trop prononcé à tes oreilles, passe directement à l’album éponyme de 85, ressorti en 93 sous le titre Relentless. Là t’auras du gros heavy doom.
Merci pour ce voyage dans la préhistoire du metal, ta chronique donne envie de se replonger dans cette période...
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