Avez-vous vu le film « The Wrestler » de Darren Aronofsky ? Sorti dans les salles obscures de l’Hexagone le 18 février 2009, ce quatrième long métrage du réalisateur juif new-yorkais de l’excellent «
Requiem for a
Dream » voit renaître à l’écran le légendaire et rescapé Mickey Rourke incarnant pour l’occasion le rôle de Robin Ramzinski alias
Randy « The Ram » Robinson ; ancienne gloire désormais déchue du catch américain des années 80 qui dès lors survit tant bien que mal entre son job précaire d’employé de supermarché, quelques shows donnés dans des gymnases d’écoles primaires pour des sommes dérisoires devant une poignée de fans nostalgiques et des séances de dédicaces payantes. Confronté à une solitude dévastatrice, lâché par ce qui lui reste de famille, habitant seul dans un mobil home délabré du New Jersey ouvrier et atteint d’un grave arrêt cardiaque dans les minutes qui suivent un combat particulièrement violent,
Randy « The Ram » Robinson trouve un semblant de réconfort auprès de Cassidy, gogo danseuse d’un strip club miteux incarnée par la classieuse Marisa Tomei qui l’exhorte à pacifier son existence.
Ode à l’amitié vraie et à la rédemption, « The Wrestler » constitue un film remarquable primé au Golden Globe Award et à la Mostra de Venise qui ne peut laisser de marbre l’amateur de sleaze rock/hair metal quant à sa bande originale :
Quiet Riot,
Cinderella,
Ratt,
Slaughter,
Scorpions,
Accept,
Rhino Bucket, Guns N’ Roses et un certain
Firehouse avec le titre « Don’t Walk Away ».
Firehouse nait à
Charlotte dans l’état de Caroline du Nord en 1989 de la fusion des combos
White Heat et
Maxx Warrior, respectivement composés entre autres par les guitariste et batteur Bill Leverty et Michael Foster et par les vocaliste et bassiste C.J. Snare et Perry Richardson. Composant et enregistrant démos sur démos le jour dans la chambre de Bill Leverty et jouant le soir et une bonne partie de la nuit sur les scènes des quelques clubs rock locaux de la cité d’origine du mythique grunter/bassiste David Vincent de
Morbid Angel,
Firehouse finit par taper dans l’œil du A&R de
Epic Records Michael Caplan en décembre 1989 au cours d’un des nombreux gigs du groupe. Rapidement signé sur le label-filiale de CBS,
Firehouse entre quelques semaines plus tard au
Bear Tracks Studio de Suffern dans l’Upstate
New York sous les directives du producteur David Prater (Glen Burtnick,
Dream Theater entre autres). Cette collaboration se concrétise le 21 aout 1990 par la sortie d’un premier album éponyme bien évidemment intitulé «
Firehouse ».
Un son relativement propre et puissant, des compositions on ne peut plus directes et efficaces, une technicité instrumentale remarquable, des thèmes lyriques inhérents au quotidien et aux préoccupations existentielles de Monsieur Tout-le-monde ; nul doute que les caractéristiques de ce premier disque éponyme de la Maison de Feu appellent à ce que l’on qualifie le style pratiqué par le quartette du surnommé Tar
Heel State de hard FM, ce style hard rock d’obédience commerciale formaté pour les ondes radiophoniques et grandement popularisé quelques années plus tôt par les mythiques
Dokken,
Van Halen,
Def Leppard,
Europe et autres
Bon Jovi pour ne citer que quelques uns des plus gros chartbusters chevelus et usines à tubes invétérées des saintes années 80. L’introductif au patronyme on ne peut plus significatif « Rock on the Radio » ne faillit pas à la règle et propose à l’auditeur un titre certes mid tempo mais faisant l’étalage d’une efficacité sans faille et fédératrice. Effectivement, même si l’on doit admettre apprécier personnellement une vision du hard rock plus crade et spontanée que perfectionniste et esthétique techniquement et structurellement parlant, comment ne pas prendre son pied et chopper sur son autel dédié à la Déesse Rock N’ Roll deux drumsticks ayant été martyrisés au choix par Robert Sweet, Pete Sandoval, Tony Laureano ou encore Steven
Adler pour devenir un Michael Foster imaginaire et battre le rythme plus fort que de raison sur les très bons « All She Wrote », « Shake & Tumble », « Lover’s Lane », «
Home is Where the
Heart Is » et autres « Overnight Sensation » ? Paroxysme de cette indécente efficacité qui semblerait constituer à juste titre la marque de fabrique de ce «
Firehouse » de feu, la sublime « Don’t Walk Away ». Sensuel et groovy à souhaits, c’est sur cet hymne à la retenue d’un amour en partance vers de nouveaux horizons sentimentaux que s’effeuille langoureusement la sexy milf Cassidy au cours d'un numéro de table dance donné entre les murs d’un sinistre strip club de banlieue dans le film « The Wrestler ». De la rythmique imparable des Perry Richardson et autres Michael Foster jusqu’aux riffs divins et précis de six-cordes électrique de Bill Leverty en passant par les vocaux chaleureux et non moins inimitables de C.J. Snare, « Don’t Walk Away » s’avère être une véritable petite bombe pleine de feelings et immortalisée dignement rappelons-le dans l’exceptionnel quatrième long métrage de Darren Aronofsky « The Wrestler » ; véritable diatribe des sans âmes et moroses années 90/00 et parallèlement louange inconditionnelle des affriolantes et insouciantes années 80.
Bien que constituant un premier opus à la facture qualitative plutôt remarquable, «
Firehouse » comporte cependant quelques titres assez en deçà des hits précédemment cités dont il est quasi impossible de ne pas accompagner les refrains au cours d’une écoute à plein volume une bouteille de Kentucky Straight Bourbon
Whisky Jim Beam dejà bien entamée à proximité ainsi qu’une Camel Orange aux bout des lèvres. Difficile d’adhérer effectivement à « Don’t
Treat Me Bad » pourtant objet d’un single ayant atteint la 19ème place du Billboard Hot 100 en 1991 ou encore à la suivante « Oughta Be a Law ». Sans être des titres foncièrement mauvais ni des plus inaudibles, ces morceaux relativement perfectibles et assez dénués d’inspiration peinent à rivaliser à armes égales avec l’enthousiasme des titres précédemment cités et tendent au cours de l’écoute de l’album à casser le rythme effréné imposé des le début du disque par les hyper efficaces « Rock on the Radio », « All She Wrote » et autres « Shake & Tumble ». Illustrant la rigueur musicale des musiciens de
Firehouse et plus particulièrement la dextérité technique de Bill Leverty, relevons la courte mais mélodieuse et acoustique « Seasons of Change » ; unique instrumentale de la galette qui présente le double intérêt d’offrir à l’auditeur un intermède unplugged inspiré et bien senti en fin d’opus et de prouver à qui aurait pu en douter que Bill Leverty s’avère être beaucoup plus proche techniquement parlant d’un
Tony MacAlpine que d’un C.C. DeVille. Respect du cahier des charges de tout album de
Hard FM se décrivant comme tel oblige, «
Firehouse » comporte bien évidemment une ballade sirupeuse sur laquelle verser une petite larme ou penser nostalgiquement à une conquête perdue dans les affres d’une nuit sans étoiles. Ainsi, « Love of a
Lifetime » constitue sans aucun débat possible un modèle absolu du genre. Inspirée, efficace et faisant son petit effet ; la légende raconte par l’intermédiaire de C.J. Snare que cette wedding song par excellence écrite par ses soins dans la chambre d’un Holiday Inn un soir de blues sentimental n’était à la base pas désirée par le quartette de
Charlotte sur l’album et qu’elle fut imposée par
Epic Records. Ultime offrande du release, la catchy « Helpless » bien représentative de «
Firehouse » et magnifiée accessoirement par un solo Satrianesque qui mettra certainement tout le monde au diapason quant au talent du génial Bill Leverty.
Globalement inspiré et objet d’un hard FM efficace et très (trop ?) bien produit, le premier effort éponyme de
Firehouse s’avère être un disque de qualité que l’on prend plaisir à écouter d’une seule traite et ce malgré quelques maladresses largement pardonnables pour un premier album et compte tenu de la facture qualitative générale de l’opus. Mettant en scène des musiciens talentueux tant au niveau de la composition que de la maitrise instrumentale, le groupe
Firehouse peut certainement à l’instar des
Slaughter,
Steelheart,
Trixter,
Southgang et autres
Tyketto regretter d’être arrivé un peu trop tard sur le marché du hair metal au sens large du terme. Un disque porteur d’une atmosphère bien particulière à conseiller vivement à tous les amateurs de hard rock efficace et bien fait sensibles à la réhabilitation d’artistes extraordinaires injustement affectés par un destin cruel et sarcastique.
Je n'adhère cependant pas au fait que tu évoques "Don't Treat Me Bad" ou d'"Oughta Be A Law" en des termes vraiment durs: dénués d’inspiration.
Si ces titres sont certes légers dans l'esprit j'en conviens, ils sont pour moi imparables dans ce style.
Je vais rédiger la chro de "3" très bientôt.
Je planche quant à moi depuis pas mal de temps sur la chro du 1er Trixter, qui sera plutôt sarcastique, dans l'esprit de celle du premier Nelson.
Hâte de la lire.
Et c'est vrai qu'il manque pas mal de chro qui se comblent petit à petit.
Libre à toi agalement de pondre une seconde chro de Hold you Fire.
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