Je suis d’une putain d’humeur de merde en ce moment.
Pas vous ?
Rapport à la rentrée, les connards au boulot, le pouvoir d’achat, la faim dans le monde, tout ça tout ça. J’ai les crocs !
Du coup, je me fracasserai bien un skeud tiens, histoire de me remonter le moral.
Dans ces conditions,
Bonfire a tout du groupe idéal, une vraie tête de vainqueur même : une carrière de second couteau - au mieux pour les 80’s, aujourd’hui ce serait même plutôt dixième fourchette -, et aucun disque n’ayant marqué au fer rouge les rockeurs que nous sommes en dépit d’une grosse quinzaine d’albums au compteur depuis 1986. Banco !
C’est promis, croix de bois, croix de fer, si je mens j’écoute Mylène Farmer, pour la biographie du groupe, je vais vous la jouer courte. Mais un élément important, et qui n’a pas échappé à ma sagacité légendaire, m’oblige à en passer par là.
Début 1986. Un groupe allemand,
Cacumen, décide de changer de patronyme. A mon sens, ils n’ont pas tort, sachant que
Cacumen désigne en latin le sommet d’une montagne et que Clauss Lessmann, chanteur, et Hans Ziller, guitariste, sont bloqués au pied de celle-ci malgré le fait qu’ils triment depuis déja quatorze ans. Et ce pour que dalle, tout juste un poil pubien de reconnaisance, en dépit de trois albums pourtant pas désagréables. Le combo opte pour
Bonfire, un patronyme plus international et positif (« feu de joie ») selon Lessmann.
Quelques semaines plus tard, le premier album, « Don’t Touch The Light », grace auquel le groupe pénètre enfin les charts allemands, est suivi d’une tournée européenne conséquente en ouverture de
ZZ Top. Lessmann et Ziller décident pourtant d’orienter bien plus fortement leur zique vers l’amérique du nord. Il faut dire que, deux ans plus tôt, un animal redoutable, allemand lui aussi, le
Scorpions, a bien fracassé les charts US avec son « Love at First Sting », lequel s’est écoulé là bas à plus de deux millions d’exemplaires en seulement quelques mois. De là à y voir un lien de cause à effet…
« Yes we can » entonne le duo.
« Bon ben alors, qu’est-ce qu’on compose ? » s’écrit Clauss.
« Laisse man je m’en occupe » lui répond Ziller - je l’assume pas bien celle là -
En cette fin d’année 87, le line-up n’a pas changé, si ce n’est au poste de batteur où Hulshorst se fait dégager avant l’enregistrement pour laisser sa place en studio à un guest de luxe, Ken Mary, dont je vous épargnerai la bio (mais dont je vous conseillerai l’intro groovy de "American nights").
Pour se donner toutes les chances, Ziller prend des billets en direction de L.A. pour la mise en boite de l’album aux Amigo Studios, avec ni plus ni moins que Michael Wagener aux manettes. Un wagener rencontré aux studios de Dierks à Cologne lors de l’enregistrement du premier opus. Le résultat est encore satifaisant aujourd’hui.
Octobre 87, l’album sort. Feu d’articifice ou pétard mouillé ?
Sans surprise à l’écoute, pas besoin de phrases ni de longs discours comme le dirait un chanteur moustachu bien connu de par chez nous, on trouvera dans son cabas du hard US aussi calibré qu’une huitre de la baie de Cancale. L’accéléromètre est placé tantôt sur le 6 ("
Sweet Obsession", "Ready 4
Reaction", "
Champion", "Rock me now"), tantôt plutôt sur le 4 ("
Never mind", "American nights", "
Cold days", "Don't get me wrong", "Fantasy", dont le titre sur le verso du cd first press est intitulé « ? », oui, un simple point d’interrogation, j’ai toujours pas compris pourquoi), souvent accompagnés de bons gros refrains entonnés en chœurs – ça marchait bien aussi
Def Leppard aux States à ce moment là non ? –. On n’oubliera pas l’incontournable ballade, "
Give It a Try", sympatoche, placée en fin d’album.
A noter, pour les historiens du hard rock, que le groupe a bénéficié de l’aide conjointe de
Joe Lynn Turner et
Jack Ponti pour la composition de "
Sweet Obsession" et "
Sleeping All Alone".
Jack Ponti, connu pour sa participation, en tant que zicos ou compositeur, à des albums de
Doro,
Bon Jovi, Cooper,
Keel J .L. Turner et, nooooooonnnnnnn,
Nelson. Il reprendra d’ailleurs ce dernier titre avec son groupe Surgin sur « Tokyo
Rose » (2002).
« Hooked » qu’ils disent les ricains. Hameçonné. Comme un bon gros thon pêché au large. Oui, c’est ça, on se retrouve immédiatement pris au piège de compositions énergiques et mélodiques. A noter que le groupe a eu le bon goût de placer les claviers suffisamment en retrait - Martin Ernst est d’ailleurs crédité en tant que « gest musician »- pour ne pas rebuter les allergiques de l’instrument, exception faite de "
Sweet Obsession" où c’est limite-limite.
Dans ce style musical, et pour cette époque, le résultat est donc tout à fait à la hauteur. Lessmann est un vrai bon chanteur à la voix puissante. Quant aux guitaristes, ils sont archi convaiquants. Ziller balance d’excellents soli et tricotent tout du long avec son compère Horst Maier-Thorn des riffs inspirés.
Ce «
Fire Works » est un disque daté, pour sur. Fané ? Ca dépend des sensibilités de chacun. Perso, j’aime bien mais je ne suis pas sur que si je découvrais le skeud aujourd’hui je serai aussi enthousiaste. A chacun de voir midi à sa fenêtre.
Pour le jackpot aux States,
Bonfire repassera. En effet, en 87, souvenez vous, un certain Guns & Roses vient d’exploser. Comme si cela ne suffisait pas,
Whitesnake,
Def Leppard et
Aerosmith ont également sortis des albums ultra costauds. Force est de reconnaître que ce «
Fire Works » évolue un cran en dessous des œuvres proposées par les groupes pré-cités. Un énorme cran. Un cran de rateau plus que de peigne.
Bonfire ne deviendra jamais un gros vendeur. Lessmann oubliera ses rêves de conquète américaine. Difficile apparemment de réussir une carrière US quand on est né un 11 septembre. Quoi qu’un certain BL n’était pas encore passé par là en 87 – non, pas Blackie
Lawless, je vous conseille de sortir un peu, y’a pas que le métal dans la vie -.
Ce disque, certifié or aux US en 2003, aura quand même marqué l’histoire de la musique à son petit niveau. Bruce Mee, fondateur du magazine
Fireworks, lancé en 2000, choisira son nom en référence à ce disque de
Bonfire. Son idée initiale était Imaginator, en hommage à l’album de, nooooooonnnnnnn,
Nelson, nooooooonnnnnnn. Putain, on a eu chaud.
Bon ben du coup, comme je n’ai pas pu me défouler sur ce disque, je m’en vais de suite faire chier les collègues grace à la technique bien connue du bourrage papier de la photocopieuse. Niark niark.
Je ne sais pas si je parle du chroniqueur, du gros niqueur ou du groupe. Ou d'aucun des 3...
Trêve de plaisanterie, joli papier complet et plein d'humour. Bonfire n'a jamais été trop ma came. Manque peut être d'identité à une époque où il y avait pléthore de nouveaux groupes notamment en provenance d'Allemagne et plutôt méchants.
Avec l'âge, faudrait que je retente...
Merci pour la Chronique.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire