Blind Revision est un quintet metal/rock alternatif américain fondé à Rhode
Island en 2014, au confluent d'éparses sources d'influence, harmonisant avec habileté la fibre metal gothique d'
Evanescence et de
Lacuna Coil, l'empreinte hard rock de
The Pretty Reckless et d'
Ela et l'univers punk rock de
Bif Naked. Impulsé par Jen Janet (frontwoman et claviers),
Ian Timpany (chant et guitare),
Kirk Scully (guitare), Steve Powers (basse) et James Steele (batterie), ce jeune groupe a également greffé à ses introductives compositions une dimension prog, leur conférant ainsi toute leur élégance et une certaine aura. Enfin, privilégiant le chant féminin non lyrique, le combo étasunien a également misé ses espoirs sur un duo mixte calé sur le schéma de la belle et la bête.
Ce faisant, c'est avec prudence que le collectif s'est lancé dans l'aventure, nous octroyant un EP de 4 titres en guise de message musical introductif, à l'instar de «
Fight of Flight », pas moins d'un an d'un intense labeur suite à la création de la formation ; menue mais dynamisante galette ayant bénéficié d'un enregistrement de bonne facture, réalisé aux No Boundaries Studios à Rhode
Island. Quelle que soit l'orientation stylistique, le groupe parvient à recueillir l'adhésion, notamment quand les duos mixtes se font discrets et que les plans technicistes n'interrompent pas outrageusement les lignes mélodiques, au demeurant souvent accessibles et donc aisément mémorisables. Mais, entrons plutôt dans la petite goélette en quête d'éventuels trésors.
Ainsi, ce sont les deux pistes investies en voix féminine qui parviennent le plus aisément à encenser le tympan. On retiendra, d'une part, le fougueux et progressif « Though Love », distribuant ses riffs corrosifs parallèlement à un incessant pilonnage de caisse claire, dans le sillage atmosphérique de
Bif Naked. Ce faisant, cette offrande se plaît à venir tourmenter nos tympans alanguis, les chaudes et saillantes patines oratoires de Jen contribuant à rendre le climat d'autant plus brûlant, voire suffocant. Furieux, direct, sans fioritures, le moment ne se quitte qu'à regrets. Dans cette mouvance, on retiendra aussi l'offensif « Colors » aux accords et à la dynamique empruntés aux Américains de
The Pretty Reckless, à l'image de « Light Me Up ». De plus, le collectif dissémine ses riffs acides et saccadés calés sur une frondeuse rythmique, tout en nous menant sur une engageante sente mélodique dans la droite lignée d'
Ela, à l'instar de leur 2nd album « Make My Day ». C'est dans un chaudron bouillonnant que nous conduit le jeune combo, nous assénant ses blasts bien sentis, sa basse vrombissante et ses frappes sèches d'olives ensanglantant les fûts, auxquelles s'adjoignent les puissantes et claires impulsions de la déesse. Bref, une structure harmonique et mélodique simple, parfois réduite à sa plus simple expression, mais rudement efficace.
Non que les plages oralisées en voix mixte soient de piètre facture, notamment au regard des séries d'accords plutôt bien sculptées. Simplement, l'ajout de screams pourtant requis n'apporte pas l'effet escompté. Ainsi, on appréciera le progressif et enivrant titre éponyme «
Fight or Flight » pour ses riffs gras et massifs d'une guitare rythmique enfiévrée, nous faisant alors spontanément penser aux premiers élans d'
Evanescence, avec une touche de
Lacuna Coil quant aux harmoniques dispensés. Parallèlement à l'emballement du corps orchestral, la gracieuse empreinte vocale de la belle fait place à un duo mixte, avec pour comparse un saignant screamer, le combo jouant ainsi des contrastes oratoires pour tenter de nous rallier à sa cause. Simplement, évoluant sur des charbons de plus en plus ardents au fil de leur progression, nos deux acolytes ne s'harmonisant qu'imparfaitement ne parviennent que malaisément à nous retenir plus que de raison. De plus, on ne serait pas loin de s'égarer en conjectures technicistes au détriment d'une ligne mélodique que l'on finit, hélas, par perdre de vue. Mid tempo à la lourde rythmique, « If the
Earth Could Stand Still » est dans la même veine stylistique ; titre où rutile une lead guitare au fil de ses gimmicks, où grésillent les riffs et où, et c'est là que le bât blesse, les contrastes vocaux d'un duo mixte aux voix mal assorties s'infiltrent.
On l'aura compris, le combo américain livre un propos à la fois vivifiant, parfois rageur et mélodiquement avenant, propice à headbang bien senti, où les sources d'influence ne sont jamais bien loin. Jouissant d'un mixage plutôt équilibré, d'une technicité instrumentale déjà éprouvée, disposant d'un jeu d'écriture rigoureux et inspiré relatif à chacune des portées, l'opus se parcourt d'une traite le long des 23 minutes d'un voyage éminemment mouvementé. Il faudra encore à nos acolytes diversifier les exercices de style, simplifier quelques plans techniques et éradiquer les lignes de chant parasite pour prétendre à une adhésion plus immédiate et durable. Pour un premier effort, en dépit de ses erreurs de jeunesse, le groupe s'en sort assez honorablement. Du moins, suffisamment pour que l'amateur du genre puisse venir poser une oreille et peut-être s'en imprégner jusqu'à la franche adhésion. Bref, une affaire à suivre...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire