Feuerwalze

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16/20
Nom du groupe Minenwerfer
Nom de l'album Feuerwalze
Type Album
Date de parution 10 Mars 2023
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album10

Tracklist

1.
 Cemetery Fields
 06:07
2.
 Feuerwalze
 06:47
3.
 Eternal Attrition
 08:00
4.
 Nachtschreck
 07:50
5.
 Sturmtruppen III (Sommekämpfer)
 05:27
6.
 Shrapnel Exsanguination
 05:54
7.
 Labyrinthine Trench Sectors
 08:28

Durée totale : 48:33

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Minenwerfer


Chronique @ Icare

09 Avril 2023

Des titres moins originaux mais plus sombres, crus et dévastateurs, montrant la guerre dans ce qu'elle a de plus hideux

Minenwerfer, il y a fort à parier que vous ne connaissiez pas ce groupe il y a encore quatre ans de cela et que, depuis, vous ayez jeté une oreille ou bien deux sur la musique du duo américain. Comment je le sais ? Parce qu’en 2019, Alpenpässe sort sur Purity Through Fire et nous assène une claque monumentale de black à la fois guerrier, mordant, poignant et mélodique très immersif, qui met tout le monde d’accord, auditeurs comme presse spécialisée.

Autant vous dire que lorsque l’on a sorti un album qui cartonne à 1,2 millions d’écoutes sur Youtube (sur le fameux canal Black Metal Promotion), et qu’on signe sur le mythique Osmose Productions, on génère quand même un certain engouement, et le petit successeur est forcément quelque peu attendu au tournant. Et c’est là que Minenwerfer frustre autant qu’il force le respect !
Oui, je ne vais pas vous mentir, j’ai été déçu par les premières écoutes de Feuerwalze, album qui, si on s’en tient au style flamboyant et assez unique de Alpenpässe, semble beaucoup perdre en personnalité et en subtilité, même si, en réalité, c’est tout le contraire puisque ce quatrième album renoue avec les racines du groupe et continue à exploiter le style dans lequel ce dernier a fait ses premières armes (ho ho !).

Dès les premières secondes de Cemetery Fields, on est plongé au cœur de la bataille, avec ce coup de sifflet sinistre qui marque le début de l’assaut, la voix enrouée des soldats qui hurlent pour se donner du courage et des détonations et autres explosions qui vibrent de toutes parts. Puis un riffing impitoyable, froid, tranchant et tournoyant nous harcèle de ses stridences et de ses attaques répétées, galvanisé par le feu incessant de blasts roulants, rapides et saccadés qui, telle les salves d’un fusil mitrailleur, annihile toute forme de vie. Les vocaux de Generalfeldmarschall Bestial Warhammer ne sont plus humains, hurlements sauvages et perçants qui nous violent les tympans et l’âme et dégueulent toute leur haine, leur noirceur et leur folie, témoignant de la transformation de l’homme en bête lorsqu’il est fatalement confronté au choix ultime du soldat : tuer ou se faire tuer. Feuerwalze enchaîne, avec ces blasts qui martèlent leur course dominante jusqu’à l’écoeurement, la tête nous tourne à cause de l’âcre fumée et l’odeur des corps carbonisés qui nous prend à la gorge et nous suffoque, et nos oreilles vibrent sous le fracas des obus qui éclatent, du sifflement de la mitraille et des cris d’agonie de milliers d’âme moribondes : à 2,24 minutes, on a une courte respiration salvatrice qui permet de reprendre ses esprits, calme relatif retrouvé dans la sécurité toute précaire d’une tranchée, même si bien vite la furie meurtrière nous retombe dessus, magnifiquement incarnée par ces soli hyper rapides qui font penser à une pluie de feu purificatrice qui s’abat sur nous.

Oui, vous vous direz peut-être que cette description, vous l’avez déjà lue une bonne dizaine de fois sur d’autres chroniques, et effectivement dans sa déclinaison du thème de la Grande Guerre, Minenwerfer ne se montre pas particulièrement original, même si ici la violence et le jusqu’au boutisme de la musique forcent le respect. Pour être honnête, après une ou deux écoutes seulement, j’aurais pu être tenté de me contenter d’une note lambda pour un album lambda (un petit 12), les Américains semblant livrer un album solide sans réelle faute de goût mais d’un classicisme un peu navrant…

Et pourtant… Bien m’a pris de persévérer car Feuerwalze offre une immersion totale et assez incroyable, nous immergeant sur un champ de bataille de la Somme en 1916, et rarement un album uniquement centré sur la guerre n’aura dégagé une ambiance aussi épaisse, une odeur de mort et un désespoir aussi tenaces, nous plongeant littéralement dans un charnier bosselé de corps sanguinolents et crénelé de trous d’obus.

Eternal Attrition s’ouvre sur ce larsen déchirant qui se prolonge à l’infini dans un ciel embrasé, porté par des salves sporadiques de batterie, se faisant lourd et entraînant, bien plus lent mais tout aussi inéluctable, un peu comme la mort que l’on voit arriver lentement sur un champ de bataille, vomie par les hoquets nauséeux d’une basse qui nous fouaille les chairs et un chant black toujours aussi décharné et terrifiant. Ce passage lent et sensible et ce magnifique solo autour des 4,35 minutes, empli d’un désespoir glaçant et magnifique, précédant une dernière charge héroïque qui annonce la fin, nous montre que Minenwerfer n’a pas perdu toute sa subtilité et sa magie mélodique : elle est juste embourbée dans l’humidité putride des tranchées, surnageant à peine, se débattant pour survivre au milieu de l’horreur bestiale du conflit.
Nachtschreck aussi baisse sensiblement le tempo, se faisant plus nuancé et presque épique, distillant en partie ce feeling indéfinissable présent sur Alpenpässe : à la fois dur, martial traînant et funeste, rythmé par une batterie métronomique ainsi que la danse virevoltante d’une basse infernale, il parvient à dégager cette ambiance incroyablement dense, ce sentiment d’inéluctable aussi terrible qu’apaisant qui annonce l’imminence de la mort. Là encore un long solo éblouissant vient nous fouiller les entrailles comme une baïonnette rouillée, annonçant un Sturmtruppen III ultra rapide et destructeur qui, avant même de nous éclater à la gueule comme un shrapnel aux éclats multiples avec ce pilonnage de blasts serrés et nourris, nous enveloppe d’emblée d’un sentiment de menace et d’angoisse peu commun avec ces guitares larvées et le raclement de gorge sec et putride du commandant en chef Bestial Warhammer, une sorte de magie noire et malsaine aussi envoûtante que repoussante qui nous possède dès les premières notes, à l’instar d’un Endstille. Puis, en milieu de titre, un magnifique solo, encore un, jaillit de nulle part et nous éclabousse, portée par cette cavalcade sauvage de basse, gonflant le cœur des survivants d’un sentiment de bravoure quasiment surnaturel et élevant enfinl’âme des agonisants loin au-dessus de ce cimetière de boue, de metal, d’os broyés et de chairs carbonisées, ressuscitant l’espace d’un instant la magie intemporelle des plus beaux passages de der Blutharsch ou Kaiserjägerlied.


Vous l’aurez compris, si dans un premier temps, j’ai été déçu que Minenwerfer ne continue pas à creuser le sillon à la fois épuré et sanglant tracé par l’incroyable Alpenpässe, je dois reconnaître que ce Feuerwalze est un très bon album, impitoyable, glacial, inhumain et vibrant de violence et de haine, finalement fermement ancré dans le style très martial du duo américain. Loin des envolées oniriques du cru de 2019, ces sept nouveaux titres sont certes moins originaux mais bien plus sombres, crus et dévastateurs, nous montrant la guerre dans ce qu’elle a de plus hideux.

Numb
Cold
Pale
Purging the blood
Fragmentation
Exsanguination
Hemorrhaging
Lacerations
Paralyzed
Can't stop the flow
Fading consciousness
The body falls away

2 Commentaires

5 J'aime

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fufupue - 11 Avril 2023:

Comme quoi on peut jouer du black épuré mais redoutablement efficace et tripant, comme des anciens Endstille ou surtout Stream of Blood. Super chronique comme d habitude qui fait venir pleins d images en tête. Cet album est sur liste d achat (et tout en haut) tout comme les anciens d ailleurs. 

Jibe - 21 Avril 2023:

Merci, j'ai écouté cette semaine suite à ta chro et j'ai très accroché !
J'en ai profité pour repasser Alpenpässe et c'est vrai qu'on sent les différences.
Au final, j'aime beaucoup les 2 :-)
 

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