Liste des groupes Black Atmosphérique Audn Farvegir Fyrndar

Si Audn est un groupe islandais, il ne fait pas vraiment partie de cette vague de black metal très sombre à forte influence orthodoxe que la scène de Reykjavik vomit férocement depuis une dizaine d’années. Au contraire, nos cinq vikings nous proposent une musique à la fois froide, épique et mélodique, à l’instar de leurs compatriotes de Dynfari.
Le premier album éponyme de 2014 était déjà de bonne facture et laissait entrevoir un groupe à l’énorme potentiel, et c’est désormais épaulé par Season of Mist, qui a décidément le nez creux, que ce Farvegir Fyrndar a la lourde tâche de confirmer l’excellence du quintette.

Veröld Hulin ouvre magistralement ces 49 minutes, avec ces percussions guerrières sur lequel vient danser cet arpège à la beauté mélancolique. Le titre monte lentement en puissance lorsque les guitares électriques résonnent et que la batterie fait son apparition, longue ballade uniquement musicale, à la fois très racée et très épique élevant notre âme de sentiments nobles.
Puis, à 2,40 minutes, le premier blast éclate et les premiers hurlements écorchés jaillissent de la gorge meurtrie de Hjalti Svensson, propulsant le titre dans les bourrasques glaciales d’une nature impétueuse incarnées par ce rythme effréné et ces riff tourbillonnants et froids typiques du black metal. On retombe alors sur un court arpège et le tempo se fait plus lourd et lancinant, avec un solo lumineux qui vient incendier le blanc de la neige pour un titre à la fois ardent, mélodique et contemplatif, porté par ce chant empli d’une noblesse vibrante.
Lifvana Jörd démarre quant à lui sur les chapeaux de roue avec ce blast si cher au style, mais même dans ces riffs roulants et ce rythme guerrier et frénétique, on sent une beauté mélancolique sourdre et nous submerger. D’ailleurs, le tempo se ralentit bientôt, évoluant en un mid vibrant qui nous emplit le cœur d’une émotion indicible.
Et que dire des 8,04 minutes de Haldreipi Hugans, avec ce riff bouleversant qui nous plonge dans une torpeur langoureuse et nous arrache des larmes, des envolées célestes de Blodraud Sol, de l'incroyable Eilifar Naetur au paganisme sauvage, aux guitares tranchantes et vindicatives et aux blasts martelés ou des arpèges et des percussions feutrées qui baignent Skuggar dans une ambiance vaporeuse et onirique ?

Les neufs chapitres de ce deuxième album semblent être les neufs chapitres d’une même histoire, d’une fresque à la fois grandiose et triste qui nous peint les sublimes paysages de L’Islande, soufflant autant les bourrasques de l’hiver nordique que les vapeurs brûlantes des geysers, terre de glace et de feu qui s’incarne dans les hurlements si expressifs du chanteur et un superbe jeu de guitares, nous faisant voyager d’émotions en émotions, entre colère, consternation, rage impuissante et moments d’apaisement, d’espoir et de contemplation.

La musique d’Audn est d’une pureté incroyable,rappelant plus volontiers Winterfylleth voir Moonsorrow que les compatriotes islandais, héraut d’une nature fière et sauvage aux prises à la folie destructrice de l’homme et dont les quelques sursauts d’une violence majestueuse et irrésistible sonnent comme les derniers spasmes d’un monde à l’agonie,
Dans tous les cas, force est de constater que Farvegir Fyrndar, même s’il n’invente rien et n’est pas foncièrement original, est une perle de black metal atmosphérique, épique et mélodique à l’intensité incroyable qui ravira tous les amoureux du Grand Nord. Une belle invitation au voyage, et une nouvelle tuerie venant d’Islande, une de plus. Il n’y a pas grand-chose à ajouter, et dès lors, un seul mot s’impose: Takk !