1984 ! Victoria, Canada ! A cette époque là le Black
Metal était en pleine mutation, il n'y avait que quelques groupes se réclamant de cette scène. Il faut dire que c'était un gros bordel où tu trouvais aussi bien du Heavy que du Thrash ! Bref ! C'est donc en 84 que Gerry et Sean décident, avec leur ami Jeff, de monter un groupe pour jouer des reprises de
Slayer, Sodom,
Destruction et
Bathory !
Antichrist est né ! Un an plus tard « Black Priest » rejoint la bande, le groupe change de nom pour devenir
Disaster puis Thrash
Hammer et commence enfin à composer ses propres titres ! C'est en 1986 que les canadiens décident d'opter pour le patronyme de
Blasphemy, représentant à merveille l'idéologie satanique du groupe ! Tout le folklore prend forme à cette période, les « Black
Metal Skinhead » commettent divers actes de violence, profanations répétées du « Ross Bay
Cemetary », agressions et liens étroits avec le gang «
Legion of
Hate » ! Toute cette violence se ressent dans le Black
Metal qu'ils composent, l'extrémisme dans les actes et les idées défendues au service de la musique, la marque des plus grands groupes . De 1987 à 1989 les Black
Metal Skinhead montent pas mal de concerts avec des groupes locaux comme
Witches Hammer,
Procreation ou encore Tumult ce qui leur permet de roder leurs compositions en live. C'est en 1989 que les
Blasphemy rentrent au « Fiasco Brothers Studio » pour enregistrer leur première démo baptisée dans le sang «
Blood Upon the Altar » ! A l'instar de
Venom ou de
Bathory, les canadiens décident de se donner des pseudonymes, se considérant comme « des soldats de
Satan dans la guerre contre Dieu »! C'est par conviction profonde que les pseudos à rallonge ont vu le jour, aussi blasphématoire et sauvage que la musique proposé sur leur première démo.
Après la sortie de cette première cartouche qui écrasait absolument tout en terme de violence, de bestialité et d'occultisme, les « Black
Metal Skinhead » poursuivent leurs invocations, profanations et autres rituels sataniques au « Ross Bay
Cemetary », lieux qu'ils considèrent comme bouche de l'enfer tant ce qu'il s'y passe fait froid dans le dos. J'ai eu vent d'une histoire justifiant le départ de « Black Priest of the 7
Satanic Blood Ritual » un peu avant l'enregistrement du premier album. Lors d'un rituel au fameux cimetière, les canadiens auraient saccagé la tombe d'un fétus. En guise de trophée, « Black Priest » ramène chez lui la stèle brisée lors de la profanation. A partir de ce jour son comportement aurait changé du tout au tout, il disait être hanté par un démon lui rendant visite la nuit, lui faisant faire d'horribles cauchemars. Au lieu de se laisser posséder par le diable comme il aurait du, il en a eu peur, ce qui poussa les autres membres du groupe à le foutre dehors ! Il paraît aussi que ces cauchemars ont cessés uniquement lorsqu'il ramena la pierre tombale au cimetière.
« Black Priest » est remplacé aussitôt par « Marco Banco » de
Witches Hammer, connu chez
Blasphemy pour être « The Traditional
Sodomizer of the Goddess of
Perversity ». Une fois ce line up bien rodé avec bon nombre de répétitions et une tournée sur la côte ouest des USA (Seattle, L.A...), les canadiens signent avec « Ricardo Campos » qui tenait à l'époque
Wild Rags Records basé à Montebello en Californie. Ils remettent le couvert au « Fiasco Brothers Studio », satisfait du boulot accomplis sur la démo,
Fallen Angel of Doom peut voir le jours. Il est bon de signaler que le deal entre les canadiens et le label s'est plutôt mal passé, très peu de tirages ont vu le jours, c'est pourquoi cette première version s'arrache à des prix effrayants.
«
Fallen Angel of Doom », ou peut-être bien de l’album le plus haineux, primitif et bestial sorti à ce jour (exception faite du
War Cult
Supremacy de «
Conqueror » allant encore plus loin, il faut le dire). Une avalanche de violence d’un peu plus de 30 minutes qui te retourne le cerveau au point de ne laisser s'exprimer que tes instincts les plus primitifs. Les riffs sont minimalistes et hypnotiques. La batterie monolithique qui, quand elle ne t'écrase pas la boite crânienne avec ces blasts approximatifs et redoutables, te donne envie de tout bousiller avec ces breaks ravageurs. La production est compacte, grésillante avec cette basse saturée à mort rappelant les débuts Goregrind de «
Carcass » (d'où le Black Grinding
Metal pour qualifier le groupe à l'époque) qui donne ce sentiment de mur sonore. C'est accordé plus bas que terre, bien loin des standard Norvégiens post 1990 ! Rajoute à ça des grognements inhumains qui crachent des paroles occultes et dévouées au diable et t'es encore loin du compte. Le plus angoissant avec cet album, c’est «
Winds of the Black Godz ». J’ai rarement entendu quelque chose d’aussi malsain, une messe avec des chœurs féminins passé à l'envers, la version originale se trouvant en introduction de
Morbid Reality de «
Procreation » ! L'occultisme, malgré la vitesse d'exécution hallucinante, est présent tout au long de l'album. Chaque titre est habité par le malin, que ce soit «
Demoniac » et son riffing vicieux ou «
Darkness Prevail » et son intro diabolique (toujours des paroles passées à l'envers!) qui débouche sur le chaos le plus total . «
Beherit », «
Archgoat » et «
Conqueror », aussi cultes soient-ils, ont poursuivit dans la voie tracée par «
Blasphemy » !
Fallen Angel of Doom c'est un album qui te fout en transe, il te laisse toucher du doigt la chaleur insoutenable de l'enfer ! Rares sont les albums qui te retournent au point de devoir prendre 5 ou 10 minutes après l'écoute pour revenir à la réalité, changé à jamais, te disant que tu as non pas écouté de la musique, mais entendu le Diable en personne.
D'une intégrité à toute épreuve, c'est cet opus qui a poussé à son apogée le Black
Metal première période. Ce détachant de ses racines Thrash pour nous envoyer en pleine face une violence et une intensité jamais entendues jusque là. Trop extrême pour beaucoup de monde, les arguments utilisés pour démonter ce chef d’œuvre étaient légions. Batterie pas tout le temps carrée, production brouillonne, simplicité ridicule, etc...Tout ces bouffons qui maintenant, les années et les modes ayant eu raison de leur stupidité, en parlent comme d'un album intemporel peuvent aller se faire foutre. Le Black
Metal bestial (pas Black /Death, Black/Grind ou même Death/Grind comme j'avais entendu il y a plus de 10 ans...) doit avant tout, faire circuler une idéologie et une ambiances fortes. Rien à foutre que la production soit crasseuse, qu'on entende pas toujours bien les riffs de guitares, le Black
Metal c'est sale, c'est bestial, c'est primitif, c'est un putain de gros crachat à la gueule de tous les suiveurs qui ne pensent pas un seul mot de ce qu'ils disent!
Fallen Angel of Doom est ce qu'il se fait de mieux à ce niveau! Ross Bay Cult
Eternal !
WRE901: Blasphemy - Fallen Angel Of Doom (WRR019)
WRE902: Hellwitch - Syzygial Miscreancy (WRR023)
WRE903: Toxodeth - Mysteries About Life And Death (WRR021)
WRE904: Impetigo - Ultimo Mondo Cannibale (WRR020)
WRE905: Reciptients Of Death - Final Flight (WRR028)
WRE906: Arcane - Destination Unknown (WRR027)
WRE917: Nuclear Death - Carrion For Worm (WRR029)
WRE918: Nausea - Crime Against Humanity (WRR018)
Darkness Returns.
Fabien.
Me fait toujours autant kiffer, ce papier. Ca pue les tripes, et ça, c'est bon. Disque culte et fondateur d'une certaine frange qui pique aux extrémités. C'est bon de se le repasser de temps à autres, quand on croule sous les productions se revendiquant de cet héritage mais ne parvenant pas à recréer l'alchimie présente ici.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire