Bien plus qu'une conviction artistique anecdotique, l'attachement à sa langue maternelle, lorsqu'il s'agira du français, demeure, dans les mouvances qui nous intéressent ici, un véritable sacerdoce tant nombreux sont ceux qui n'apprécient que très modérément cette façon de s'exprimer. De tout temps exposer ses convictions créatives dans la langue de Molière sur des musiques aussi énergiques et incisives aura, en effet, constituer un handicap sérieux. Et, à vrai dire, outre quelques formidables exceptions, peu auront réussi à contourner l'obstacle de cette réticence manifeste à l'encontre d'un parler, soyons sincères, pas toujours compatible avec l'âpreté du genre. Pour être honnête jusqu'au bout, disons aussi que nos musiciens hexagonaux n'auront pas toujours été capable, en fin lettrés, d'accoucher d'une prose digne d'intérêt se contentant généralement d'un minimum manquant parfois de subtilité.
Une faiblesse d'écriture qu'a contrario, et fort heureusement,
Messaline saura aujourd'hui éviter en des textes souvent poétiques et souvent plus raffiné qu'un premier abord distrait pourrait le laisser à penser.
Passer la première épreuve de cette expression gauloise, et parfois grivoise, force est de constater que ce quatuor, fort de ce nouvel effort intitulé Eviscérer les Dieux, a, musicalement, de nombreuses vertus à même de séduire les adeptes d'un Heavy
Metal plutôt traditionnelle, plutôt surannée mais efficace et inspiré.
De plus, il y a chez
Messaline de cette folie douce inhérente à certains artistes majeurs et ancestraux de notre beau pays. Mais aussi de cet humour pas toujours très délicat qui les caractérisait. La présence sur ce nouveau méfait du mythique Christian Decamps n'est d'ailleurs pas un hasard tant, évidemment, la filiation avec Ange nous aura traversé l'esprit à l'écoute de titres tels qu'Errare Humanum Est ou, par exemple, Sale Temps. Alors qu'on songera davantage, toutes proportions gardées, aux travaux d'écriture de
Misanthrope sur le superbe IrréméDiable lorsque le groupe nous narrera les épopées d'Ann Bonny, une des premières femmes pirate, le destin de Nicolas
Machiavel ou encore celui de la première compagne d'Adam, nous offrant donc ces morceaux convaincants que sont La Pire Pirate (tous les chemins mènent au rhum),
Machiavel, ou, encore par exemple,
Lilith Requiem, Eric "Chattos" Martelat et ses complices nous séduisent aisément. Tout autant qu'avec d'autres qui viennent, eux aussi, confirmer nos bonnes impressions (Si Belle Cigue, Le Naufrage du Pinardier, Callipyges...).
En réalité dans cette intéressante fresque très, dont votre humble serviteur préfère les accents plus sérieux à ceux plus crus et comiques d'un humour parfois licencieux, seul le faible Errare Humanum Est, aux mots et aux intentions maladroites, apparaît comme une déception.
En définitive Eviscérer les Dieux est donc un album plaisant qui saura convaincre les adeptes d'un Heavy
Metal plutôt conservateur et plutôt passéiste. Une bonne surprise et une découverte attachante, en somme.
Conservateur ? passéiste et suranné ? Ce n'est pas ma lecture. Si le Hard français est un style alors la langue en est le maillon principal, dans le cas présent les textes n'ont pas à rougir mais on est quand même loin des canons du style (Sortilege, High Power et consors), la tonalité du chant qui est atypique avec une accroche à comparer avec Ponce Pilate lorgnant parfois aussi dans le registre de Philippe Courtois de Misanthrope. On a pas affaire au meilleur chanteur c'est sur ! Ce qui me gene plus sur ce disque c'est la production de la batterie, trop claquante, moderne ?
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