C'est bien connu, il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Pour la musique, c'est pareil. La pochette de ce « Evilution Part I » (1999) présente une épée et un crâne ? Et alors ? Le combo est Allemand ? Et alors ? Le nom du groupe contient le mot "power" ? Et alors ?
Ben et alors ... si. Inutile de chercher midi à quatorze heures, vous ne le trouverez pas, de tourner autour du pot, ou bien encore de tortiller du cul,
Powergod fait bien du power métal.
Ma philosophie de ce courant musical - associer les deux je sais, fallait oser - est simple. Avec le power, c'est un peu comme avec la bouffe d'un fastfood, ça colle au bide, les saveurs sont sans finesse mais ce n'est pas désagréable pour autant. L'analogie culinaire, où l'art de se fâcher avec les amateurs de power ET ceux de bonne cuisine en une seule phrase...
Il n'empêche que ce disque m'a filé une petite claque tout à fait inattendue. Et donc dans ces cas là, que fait-on (si l'on est un minimum curieux)? On se renseigne sur les membres composant le groupe pardi. Au boulot!
Powergod, c'est tout d'abord un trio - j'aime bien les trios - composé d'illustres inconnus aux magnifiques pseudos - j'aime bien les pseudos - :
Leo L. Sing, chanteur, parti après ce premier enregistrement , Hama Hart, batteur, et
Riff Randall, guitariste et bassiste. Super, me voilà bien avancé. Heureusement, internet ne me laissera pas tomber.
Quelques clics sur Google plus tard, l'ami
Riff Randall se nomme en réalité Andy Brings. Il ne m'est donc pas du tout inconnu puisque le gars a fait parti de Sodom entre 1991 et 1995 avant de se faire virer par Tom Angelripper. Et ce n'est pas tout. V'là-t'y pas en effet que je retrouve la trace de Brings au sein des Traceelords. Pour les plus anciens, ce nom évoquera sans aucun doute quelques (bons) souvenirs érotiques. Allez faîtes pas les mecs qui font mine de ne pas connaître : Traci Lords, la grande star US du porno des 80's, restée célèbre autant pour sa plastique avantageuse que pour le scandale qu’elle provoqua en 1986 lorsque le FBI découvrit qu’elle avait tourné la quasi-totalité de ses films en étant mineure. Moi, en tous les cas, je m'en souviens parfaitement (mes draps aussi probablement).
Brings et les Traceelords ont sorti un mini-album intitulé "Pussy!" (avec un certain Jorg Michael aux drums), hommage au charmant surnom qu'Angelripper donnait à Brings, puis un premier lp, «
Sex,
Money, Rock'n'Roll », sorti en 2001, c'est-à-dire après le premier
Powergod (1999), mais pourtant composé auparavant. Vous suivez toujours? Brings y chante en plus de tenir son manche (de guitare, je préfère préciser au regard de ce qui précède). Tout amateur de wok n woll se doit d'écouter un jour les énormes covers présentes sur cet album de "
Born to be alive" (Patrick Hernandez) et "Daddy Cool" (Boney M). De Sodom à
Powergod, en passant par
The Traceelords, bel éclectisme - j'aime bien l'éclectisme -.
Mais revenons à nos power moutons. L'intégralité de ce « Evilution », musiques et paroles, a été composé par
Riff Randall, surnom choisi en référence au personnage (féminin) du film « Rock'n'Roll High School » (1979) dans lequel les immenses Ramones font quelques savoureuses apparitions, et son pote batteur. Si je me suis permis ce long développement sur le parcours musical de Brings, c'est tout d'abord parce que je fais-qu'est-ce-que-j'veux, mais ce n'est pas un bon argument, et surtout parce que la description du contenu musical ne nécessite pas autant de tomes que pour La Pléiade. Et ce n'est pas non plus le contenu des paroles qui m'offrira de quoi longuement disserter - j'aime bien disserter -. Comme ils le confessent, "No brain no pain". Pour sur, ils ne se sont pas cassés la tête. Pour tout dire, à côté,
Dream Evil, c'est Shakespeare.
Dixit
Riff lui même, le titre de l'opus n'a rien à voir avec
Running Wild qui a proposé une chanson portant ce titre sur l'album «
Death Or
Glory » (1989). Pour autant, les influences de quelques glorieux anciens compatriotes sont présentes :
Accept ("
Children of lost horizons" qui ouvre excellemment l'album avec son heavy au refrain entraînant et au solo décapant), Udo ("Mean clean fighting machine", où la grosseu Bertha envoie de la double-grosse caisse et adresse un clin d'œil à notre gnome germain préféré puisque le refrain scande les termes "mean machine"), ou encore
Helloween ("
Salvation").
Manowar, dans une moindre mesure et bien que n’ayant de germanique que leurs fans, mérite également d’être cité (le break scandé de "No brain no pain", "I'm on fire").
Riff est un grand fan de
Manowar,
Powergod ayant d'ailleurs repris "
Kill With
Power" sur l'un des tribute albums aux géants du heavy proposé par
Powergod («
Bleed for the Gods », 2001).
Si le niveau d'ensemble reste toujours (au minimum) un ton en dessous des groupes précités, la qualité est bien présente, notamment sur la première partie de l'album, de loin la plus réussie à mon goût. Le track listing, bien pensé, alterne morceaux speedés et davantage mid-tempi. Peu de place est faite aux claviers, ce qui n'est pas toujours un mal. Ici, rien de superflu.
Pour autant, si, au milieu de tous ces titres qui traduisent un certain savoir faire allemand, je ne devais en retenir qu'un, ce serait sans conteste "Gods of war". D'entrée de jeu s'y installe une ambiance plus angoissante, assez proche de ce que peut proposer
King Diamond, avec des variations vocales évidemment/hélas moins extrêmes. Hama Hart pilonne de tout son cœur, les riffs de guitare pleuvent, le solo impressionne et le refrain est déclamé de manière très convaincante. On peut même y entendre le son de cloche d'une cathédrale sur le refrain - j'aime bien les cathédrales ... moi aussi -.
Le chant de
Leo L Sing ne fait pas tâche mais son timbre de voix manque quand même d'un gros poil de personnalité, tant il évoque de nombreux autres chanteurs au fur et à mesure des morceaux (Hetfield, écoutez donc le premier couplet de "No brain no pain", Peavy Wagner, Boltendahl et autres). Pour percer dans le power, je pense qu'il est essentiel de disposer d'un chanteur talentueux - évidemment - mais aussi immédiatement identifiable. Un gars qui marque de son empreinte le son d’un groupe. Ce n’est pas le cas ici.
Ce manque de personnalité, associé à des compos peu originales, fait sonner la deuxième moitié de l'album comme du
Hammerfall de série B ("Into the battle", et son intro au son d'un tacatac-tacatac toujours agréable mais tout ce qu'il y a de plus classique, "
Salvation", "I'm on fire").
Enfin, notons en dernière piste la présence du titre qui donne son nom à l'album. Pendant plus de dix minutes, cette pièce à tiroirs, pas vraiment dans l'esprit du reste de l'opus dont nous avons déjà souligné que la qualité première est d'aller droit au but - hommage! - sans faire de chichis, peine à décoller pleinement. Peter Waldhelm y accompagne Sing au chant. Heu, c'est qui Peter Waldhelm? Seule la partie centrale du morceau, qui propose un passage instrumental avec guitare acoustique suivie d'une attaque rythmique franchement plaisante et d'un bon solo, accroche l'oreille. Notons d’ailleurs sur ce titre, comme sur tout le reste de la galette, le très bon boulot abattu par
Riff, tant en leads qu'en rythmique.
En résumé, voilà un disque sans friture, pardon, sans fioriture, mais un peu bancal avec sa très bonne première moitié et une seconde nettement plus banale. Ceci étant dit, vu que cet opus peut se trouver à moins de un euro sur certains sites bien connus, il serait dommage de s’en priver. Une fois la dernière piste achevée, on se dit "ouais, sympa mais je ne pense pas le réécouter avant un bon moment". Et pourtant, on y retournera bien plus vite qu’on ne le pense. Un peu comme avec un fastfood...
Blurp.
Désolé - j'aime pas roter -.
Pour "Gods of war", je te trouve sévère. Si tous les titres de l'album étaient de ce niveau, ça le ferait vraiment pour moi.
Bon aprés, je vais pas vous le vendre comme l'album de 1999 non plus.
Non t'énerve pas Zaz, je te taquine; en plus le Hammerfall date de 98 :-)
Et puis, la vague de thrash/power/speed d'outre Rhin ne m'intéresse pas plus que ça, à tort pour certains sans doute.
Merci pour le clin d'oeil, jeune Padawan... et cet humour délicieux.
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