L’équilibre précaire sur lequel repose l’identité d’un groupe est le résultat de la conjonction des particularismes de chacun des tempéraments qui le compose. Rompre le moindre des liens de cet aplomb incertain, en se séparant par exemple de l'une de ses individualités, peut engendrer un changement radical. Si dans le meilleur des mondes, chacun des musiciens représente, à sa manière, un morceau de l'ensemble, plus que tout autre, le chanteur symbolise sa face la plus visible. La plus reconnaissable. La plus identitaire. Il est donc le fil le plus ténu et le plus propice à la rupture de cette stabilité. De fait, un changement de chanteur est souvent compliqué, toujours périlleux et se fait rarement sans heurts.
Après un premier assaut plutôt réussi, et plutôt dévastateur,
Powergod nous revient donc un an plus tard avec cette deuxième offensive judicieusement intitulée Evilution Part II : Back To
Attack. Le premier changement, le plus notoire, est donc la disparition de la voix rauque et éraillée de Léo L Sing, au profit de celle plus variée, plus étendue, mais aussi plus traditionnelle de
President Evil. Le timbre de ce nouveau venu, bien que plus classique dans l'ensemble, nous propose quelques variations bien senties, tel que sur ce
Temple of the Forbiden
Eyes où il nous prouve tout de même qu’il ne manque pas d’un certain talent en se permettant de pousser sa voix en des contrées extrêmes, tantôt très aiguës, tantôt
Death. Ces digressions confèrent à l'ensemble un surcroit d'originalité pas inintéressant.
Une oeuvre plus originale donc.
Plus originale mais assurément moins cohérente. Ce que la musique de
Powergod gagne en diversité, elle le perd en clarté. Nous nous retrouvons donc avec un album, vaste champs de batailles aux investigations diverses, où les canons du Heavy
Metal viennent se confronter à ceux du Speed Teuton, mais aussi à des touches plus subtiles et
Death, enfin surtout dans l’intention. Ou encore à ceux du Thrash. Une terre brûlée chaotique laissant entrevoir une fragilité désagréable. De Anybody
Home aux riffs plus lourds et plus lents, à l'ambiance plus sombre, à la croisée d’un
Power à l’américaine et d’un semblant de
Death, enfin, encore une fois, surtout dans l’intention, à Observator morceau ultra-rapide à l’atmosphère Thrash, où le batteur martèle une sorte de Blasts de manière aussi constante que déplacée pour un tel groupe, en passant par un
Powergod, morceau lent aux parfums Heavy
Metal classiques, tout y est disparate, nous plongeant dans une confusion des plus gênantes. Après celui concernant le vocaliste, cette démarche de composer dans des styles aussi divergents est le deuxième changement notoire de ce disque. Des modifications qui ont pour résultat de laisser l’auditeur totalement perplexe.
Back to
Attack, morceau véloce aux refrains ratés,
Lost Illusions, un autre titre rapide mais banal aux breaks mid-tempos et Evilution Part II, habitude épique et progressive (terme galvaudé s’il en est) de plus de 9 minutes possédant des refrains moins ennuyeux que ceux d'Evilution Part I et avec lequel le groupe aime terminer ces opus sont, quant à eux, les derniers reliquats agonisants de ce Heavy Speed
Metal direct et jubilatoire que, feu,
Powergod nous offrait autrefois. En excluant ces titres il ne reste qu’un amas décousu de mélodies diverses et variées. Différentes et changeantes mais quelque peu indigestes et surtout contradictoires.
Ce Evilution Part II : Back To
Attack est donc un album très inégal, où
Powergod s’est égaré, rendant ses compositions très hétéroclites. Ce faisant, il perd du même coup cette simplicité, cette spontanéité et cette fraîcheur qui faisaient tout son charme. Dommage.
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