Actif sur la scène deathcore depuis un peu plus de six ans, le quatuor américain de
Crown Magnetar ne montre pour l’instant aucune appétence et vocation à révolutionner son style. Avec deux EPs
The Prophet of Disgust paru en 2018 et
Alone In Death en 2022 ainsi qu’un full-length
The Codex of Flesh sorti début 2021, nos musiciens brillent dans un deathcore à orientation technique. Pour autant, la formation n’en oublie pas l’essence même de l’esthétique death à savoir une bonne dose de brutalité et une philosophie old-school.
Dans sa scène underground, le groupe a pourtant réussi un bel exploit notamment avec son titre Deciphering présent dans le premier opus sous le label Slam Worldwide et qui aura dépassé la barre des cents mille vues, une performance qui ne concerne à l’heure actuelle qu’une poignée de collectifs et de sons. Ce gain de visibilité ainsi que ce potentiel, la maison de disques Unique Leader Records l’a vite remarquée. Il ne faudra d’ailleurs qu’une petite année pour que nos Américains reviennent avec un second album intitulé
Everything Bleeds. L’illustration de ce nouveau méfait est, comme ses prédécesseurs, somptueuse avec ce paysage désolant, mourant et d’une certaine revisite du Christ souffrant sur son trône, une image de notre extinction ainsi que de tout ce qui nous entoure.
C’est sans grandes surprises que l’on retrouve notre combo dans son art qu’il maîtrise le mieux, un deathcore cruel, violent et véloce. Le quatuor n’a absolument rien perdu de sa splendeur et de son impétuosité. Au contraire, le groupe semble même gagner en technicité, principalement dans l’exercice de son batteur Bryon
London. Un morceau comme The
Level Beneath affiche clairement les diverses techniques de l’artiste : entre blastbeats, doubles pédales ou encore roulements, la mélodie s’avère excessivement dynamique et nerveuse.
Cette sensation est d’autant plus renforcée avec la performance vocale du chanteur Dan
Tucker dont le growling rappelle en tout point celui de Chris McMahon de
Thy Art Is Murder. La composition en elle-même nous remémore d’ailleurs les tout débuts de la formation australienne, avec de légères aspirations slam. Les Américains ne nous proposent pas un mais bien deux breakdowns très classiques mais endurants.
Outre l’introduction mélodique et acoustique, le reste du morceau ne nous laisse absolument aucun répit.
Les plus puristes trouveront également leur bonheur dans ce
Everything Bleeds avec une musique parfois moins technique mais toujours avec des pannes totalement dévastatrices.
Unholy Neck Stab est sans doute le meilleur exemple : la composition nous façonne un breakdown bagarreur et torturant, une véritable ode à la souffrance et à l’enterrement. Ce sentiment de supplice, de martyre est largement accentué par les pigs squeals qui accompagnent cette descente aux enfers.
Crown Magnetar nous surprend même dans des registres où on ne les attendait pas spécialement. Ainsi, le titre final Prismatic Tomb développe un répertoire mélodique qui se déclenche en milieu de morceau avec cette guitare acoustique dont on avait déjà entendu les prémices sur The
Level Beneath puis par le biais d’un riffing éclairé et d’une atmosphère qui laisse un peu plus entrevoir une possibilité d’espoir. On pourra même timidement discerner quelques ébauches de chant clair, bien dissimulées derrière les grognements de Dan
Tucker.
La production s’avère dans l’ensemble très soignée, même si l’on observe ici et là quelques instants où la batterie paraît assez prépondérante ou au contraire trop en retrait. Pour l’intro d’Only The Spine
Remains, les blastbeats noient un riffing grave et profond. Quant au morceau d’ouverture Nail
Funeral, on regrette que les cymbales sonnent si lointaines De même, à l’instar de son prédécesseur, le contenu du disque manque encore de volume : avec certes dix titres, le disque dépasse pourtant péniblement les trente minutes. Sans le moindre entracte, ni réels moments de répit, les titres ont cette fâcheuse habitude de s’enchaîner avec cette impression de manque ou de fin abrupte.
Hex Ov
Hate est dans cette configuration avec des variations instrumentales qui se concluent bien souvent très brusquement.
Everything Bleeds comprend tout ce que l’on attend d’un album de deathcore à savoir de l’agressivité, de l’énergie, de la diversité et de l’intimidation.
Crown Magnetar sort une nouvelle fois un peu de la masse par son esprit plus technique, aussi bien instrumental que vocal, enrichi par rapport à ses débuts et qui lui vaut un intérêt indéniable. Pour autant, le quatuor n’atteint pour l’instant pas l’excellence, du fait de son manque d’audace et de compositions pour la plupart trop expéditives. Ce second méfait n’en reste pas moins un disque solide et convaincant qui saura ravir les oreilles les moins avertis.
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