Aux côtés de formations telles que
Traitors,
Black Tongue ou encore
Cabal,
Bound In Fear fait partie de cette vague du milieu des années 2010 qui composent le downtempo. Néanmoins, on doit plus ce style de deathcore (ou tout du moins ses influences) par les premières parutions de
The Acacia Strain. Le downtempo ou beatdown est encore aujourd’hui assez fermé et n’est pas à mettre sur toutes les oreilles. En effet, avec une grande lenteur et lourdeur, qui mise principalement sur des pannes temporisatrices, l’expérience est certes attirante mais elle risque sûrement de vous lasser passée les premiers titres.
Après un premier EP en 2017 ainsi qu’un album en 2019 relativement simplistes mais néanmoins percutants, le quatuor anglais revient, avec le même rythme qu’il s’impose jusqu’à présent, avec une troisième parution se prénommant
Eternal. Pour cette nouvelle sortie d’EP, les Anglais voient leur effectif subir quelques mutations, même si la révélation de ces derniers changements, notamment sur les réseaux sociaux, reste plutôt discrète. Pour ce qui est de la maison de disques, Unique Leader Records reste le chef d’orchestre des opérations.
Si les musiciens continuent à maîtriser leur sujet, les cinq morceaux qui façonnent cette troisième toile ne sont pas du tout exempt de défauts. La première désillusion se situe au niveau du mixage. Pour un groupe qui n’en est quand même pas à son premier coup d’essai et qui se veut être dans un sous-genre où la massiveté est d’une importance primordiale, la qualité de la production laisse fortement à désirer. Les guitares et la batterie manquent cruellement d’entrain, de punch et, alors que c’est généralement le reproche inverse, leur tempérament et leur puissance reste modéré. Pourtant, dans les précédentes publications, cette faiblesse n’était pas du tout d’actualité, ce qui surprend d’autant plus.
Au niveau de l’écriture, là encore, on ressent une certaine régression de la part de notre quatuor. Si l’atmosphère menaçante et paresseuse s’interrompt rarement, on regrette cette ressemblance flagrante entre les compositions. Seule Everblack maintient un semblant d’étonnement, avec des cassures un peu plus audacieuses, un riffing qui ne persiste pas dans les abysses et qui soumet un travail de distorsion agréable, plus expérimentale et comparable à la dernière pièce de Humanity’s
Last Breath. De même, les guitares esquissent une ambiance plus mélancolique, plus oppressante également. Le travail lyrique quant à lui offre une vision plus personnelle, celle de l’abus dans toutes ses formes.
La formation anglaise se sauve de ses imperfections avec une prestation et une palette vocale riche et imposante. Ben
Mason nous expose son impressionnante technique avec un chant guttural parfois au-delà de l’inimaginable. Les derniers instants d’outre-tombe de Left To Drown nous procure une sensation d’anxiété et de malaisance frappante. On retrouve aussi le vocaliste dans une performance d’équilibriste entre un chant moins grave et une voix plus sinistre dans
Cardinal Sin ou dans un registre murmurant inquiétant sur Everblack, preuve d’une variation fascinante.
Eternal n’est pas le coup de massue que l’on attendait de
Bound In Fear. La quatuor anglais se dirige généralement trop dans la facilité et on regrette amèrement cette qualité audio qui est presque impardonnable avec l’expérience accumulée. Heureusement que les Anglais sont sauvés par un travail vocal remarquable et un Everblack aventureux. On espère qu’il ne s’agira que d’un simple faux-pas de nos musiciens qui, même s’ils signent une troisième toile correct, ont su montrer sur leurs précédentes toiles qu’ils avaient les atouts pour convaincre.
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