Originaire de Melbourne, The Omnific est une formation de rock/metal moderne progressif. Sa particularité résulte de sa lineup : de l’ordre de trois musiciens, celle-ci se compose uniquement de basses et d’une batterie.
Pas de chanteur donc pour un trio purement instrumental, dans une lignée qui ne peut que nous rappeler des groupes tels qu’
Animals As Leaders,
Chon ou encore
Plini. La comparaison entre ces différents noms de musique progressive n’est aucunement le fruit du hasard puisqu’il se trouve également que nos Australiens parcourent un univers djent.
Et à l’instar de ses semblables, nos musiciens font déjà parler d’eux : après trois EPs de grande qualité et de nombreuses dates en présence de grands noms de metal comme
Dying Fetus,
Monuments ou encore
Leprous, la popularité du groupe n’a cessé de grandir. Cela se montre même sur les plateformes de musique où le trio a su s’illustrer outre Océanie avec quelques chiffres qui sauraient faire rougir n’importe quel jeune groupe. Cette percée si soudaine est tout sauf une surprise pour le fougueux trio qui a su au travers de ses premiers travaux construire et développer une essence à la fois atypique et harmonieuse.
Paru sous le label
Wild Thing Records (
Between The Buried And Me,
Mastodon,
Porcupine Tree), spécialisé dans le clairon progressif et masterisé par Ermin Hamidovic (
Devin Townsend Project,
Sylosis,
Haken), les Australiens publient leur premier LP au délicieux nom d’
Escapades.
The Omnific nous dessine sur cet album un véritable éventail d’influences et peint avec brio une toile aux mille et une couleurs. Au-delà de cette croisée entre musique électronique, jazz ou encore funk, c’est également dans un cadre technique que le trio séduit. La bande sait littéralement tout faire dans le spectre de la basse entre taps, harmonies, slaps et autres grooves. Si l’exécution demeure exceptionnelle, on ne se sent jamais étouffé ou noyé envers les nombreux changements de tempos ou d’ambiances.
Le morceau d’ouverture Antecedent nous immerge dans une atmosphère proche du jeu vidéoludique et d’un combat de boss. Le trio s’emploie dans une composition plutôt sombre avec des basses graves et des percussions froides. Comme deux bassistes ne suffisaient pas, le groupe a invité Clay Gober de
Polyphia pour un mystérieux solo, toujours dans une sphère lourde et sérieuse. L’atmosphère se verra quelque peu réchauffée par cette légère couche de piano qui offrira au titre une tendance qui se rapproche de la musique classique.
Le parfum des premières jeunesses, lié à l’imagination débordante des parcs d’attraction ou des dessins animés saura se dégager de certains tableaux. Parmi eux se trouve l’étonnant Scurryfunge, dont le rythme ne nous est aucunement étranger puisqu’il emprunte des traits du fameux générique d’Inspecteur
Gadget. Le milieu forain fait aussi de subtiles apparitions comme dans The
Labyrinth Chronicles où la joie des enfants s’entend au loin au milieu d’une mélodie au piano qui s’apparente parfaitement au monde du cirque. L’utilisation de sonorités électroniques ne font qu’accentuer cette impression de spectacle et de grands numéros.
Dans un tout autre cadre,
Merlin’s Id, production la plus longue de l’album, nous rebascule dans un décor inquiétant et ténébreux. L’instrumental se démarque notamment par une plus grande utilisation de résonances électroniques qui ponctuent une apparence déroutante avoisinant la mélancolie. Ne
Plus Ultra est une belle association entre
Animals As Leaders et TesseracT : parfois brut, la mélodie laisse tout de même transparaitre un caractère étincelant, léger et doux, tel une incitation à se déconnecter de la réalité.
Le morceau final Posterity fait écho à Antecedent puisqu’il adopte un riffing similaire. Une nouvelle fois, le piano va apporter une touche baroque et classique et va même fusionner avec la double pédale de la batterie pour un résultat explosif et inédit.
Escapades est sans conteste une pièce majeure dans son style et montre un trio de musiciens qui ne craint pas d’explorer et d’innover. The Omnific nous prodigue une expérience auditive qui ne ressemble à aucune autre avec une qualité d’écriture déjà stupéfiante, un mélange de styles osé mais pleinement convaincant ainsi qu’une atmosphère tourbillonnante. Si les Australiens se hissent déjà au niveau des cadors de la scène progressive, ils ont surtout réussi à mettre en valeur l’importance qu’a une basse dans une composition musicale. Un opus à ne surtout pas manquer pour les amateurs et mélomanes de musique moderne et progressive !
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