Liste des groupes Metal Symphonique Eagon Equilibrium Part 1

Encore un ixième groupe metal symphonique à chant féminin, voué, comme tant de ses homologues, à une disparition prématurée, me direz-vous, et vous auriez sans doute raison. C'est toutefois avec prudence mais mû par une réelle détermination à en découdre que se lance cette jeune formation italienne native de Bari (dans les Pouilles), créée en 2018 sous l'impulsion de la compositrice, guitariste et bassiste Valeria Tritto et de la mezzo-soprano et parolière Monica Cimmarusti.

Dans ce dessein, le duo entreprit de dépoussiérer des titres longtemps restés enfouis au fond des tiroirs, et n'accouchera de son premier single, « I Want to Die as an Astronaut », qu'en 2019. Titre qui, précisément, comptera parmi les 5 pistes de son introductif et présent EP « Equilibrium Pt. 1 » ; auto-production modeste de ses 19 minutes sortie un an plus tard. Il s'agit-là du premier volet d'un diptyque, ultérieurement complété d'un second EP 5 titres dénommé « Equilibrium Pt. 2 ». Une carrière au long cours que semble dores et déjà vouloir embrasser le valeureux combo transalpin...

Le collectif italien évolue dans un rock'n'metal mélodico-symphonique gothique traditionnel, doublé d'une fibre power, progressif et atmosphérique, surmonté d'une touche pop rock mélodique old school. Dans cette veine, la troupe demeure influencée par quelques cadors du metal symphonique et gothique, à savoir : Nightwish, Delain, Diabulus In Musica, Sirenia, Therion, Ayreon, Autumn, The Gathering, entre autres. Ce faisant, nos compères nous immergent au sein d'un paysage de notes éminemment luxuriant, plutôt souriant, parfois énigmatique, sous-tendu par une impulsive mais non agressive rythmique. En outre, la menue rondelle bénéficie d'un enregistrement de bon aloi, d'un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation, et d'arrangements soignés, laissant à penser que le projet n'en est plus à ses balbutiements et que le duo aurait de sérieux arguments pour faire entendre sa voix...

C'est le plus souvent sur un torrent de lave que nous propulse le groupe rital, trouvant alors quelques clés susceptibles d'aspirer le tympan. Ainsi, inondé de délicats arpèges au piano, « My Hero » n'en développe pas moins une inaliénable et communicative énergie, sans accuser l'ombre d'un temps mort. A mi-chemin entre Diabulus In Musica et Nightwish (première période), ce pulsionnel et grisant up tempo rock'n'metal symphonico-atmosphérique se voit doté d'un tapping effilé et mis en habits de lumière par les troublants médiums de la sirène. Pourvu de couplets finement ciselés, relayés chacun d'un refrain immersif à souhait et qui ne saurait faire oublier l'empreinte de ses sources d'influence, l'enivrant effort réserve néanmoins de sémillantes et singulières séries d'accords. Première ogive d'un arsenal déjà affûté...

Dans cette dynamique, d'autres espaces d'expression s'assimileraient à de véritables hits en puissance, aptes à nous retenir plus que de raison. Aussi, ne saurait-on éluder ni « I Want to Die as an Astronaut » ni « Not Yet Lost », tubesques et magmatiques offrandes aux forts accents ''nightwishiens''. Au regard de leur infiltrant cheminement d'harmoniques, enjolivées par les pénétrantes patines de la déesse, non sans rappeler une certaine Tarja à ses débuts, et pourvues d'un sémillant solo de guitare, ces enjouées ritournelles sont de véritables invitations au voyage. Dans cette mouvance s'inscrit encore « Starry Niche », incisif, rayonnant et ''delainien'' méfait, glissant sur une ensorcelante sente mélodique, propice à une inconditionnelle adhésion du chaland.

Quand nos acolytes se plaisent à varier leurs effets, ils ne se sont guère montrés plus malhabiles, loin s'en faut. Ainsi, c'est au son d'une gracile flûte samplée et d'un fin legato à la lead guitare que nous accueille « A Passage », pimpant et intrigant mid/up tempo pop metal symphonique gothique à la confluence de Nightwish, Autumn et The Gathering. Au cours de la traversée, si de forts contrastes rythmiques et atmosphériques se dessinent, jamais l'on ne perd le fil de la prévisible mais seyante ligne mélodique, un duo mixte en voix claires bien harmonisé contribuant, pour sa part, à nous retenir un peu malgré nous.

Résultat des courses : on ressort de l'écoute du laconique opus à la fois séduit par les lignes mélodiques esquissées, magnétisé par les chatoyantes inflexions de la belle, et interpellé par une ingénierie du son déjà soignée mais non aseptisée. On aurait toutefois souhaité une mise à distance plus franche de leurs maîtres inspirateurs et l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges. Encore peu diversifiée sur les plans atmosphérique et oratoire, et en matière d'exercices de style, la galette laisse néanmoins entrevoir un réel potentiel technique et une optimisation de chaque espace sonore. A l'instar de son premier essai, le combo italien aurait donc quelques cartes en main pour espérer se hisser parmi les outsiders avec lesquels la concurrence devra compter, sans pour autant s'en inquiéter. Peut-être le second volet lui permettra-t-il de maintenir ses opposants en respect, toujours plus nombreux à affluer dans ce registre ? Wait and see...