Suivre un courant musical porteur comporte un risque majeur qui peut tout autant être le facteur déclencheur d’une reconnaissance précoce.
Le groupe faisant cela peut être taxé d’opportuniste tout comme il peut profiter de l’engouement nouveau, mais souvent éphémère, d’un univers musical pour se faire un nom auprès du public. C’est un peu ce qui arrive avec
Jenx qui sort son deuxième opus, "
Enuma Elish", dans un genre industriel plus que saturé ces derniers temps.
Conceptuellement, les français sortent en revanche du lot en proposant un concept et un artwork sur les anciennes civilisations ; la très réussie pochette présentant les tablettes d’écritures babyloniennes d’antan, à une époque où la communication avait un sens bien différent d’aujourd’hui.
Dans la lignée de son premier album sorti il y a plus de cinq ans,
Jenx officie dans un metal indus violent et sans concession, se rapprochant évidemment de
Fear Factory mais également de groupes plus brutaux comme
Ministry ou parfois aussi tourmenté que pouvait l’être Slipknot à ses débuts.
Clairement,
Jenx n’invente rien mais fait plutôt bien son boulot, déversant un flot d’agressivité et de rage industrielle avec un son monstrueux et écrasant tout sur son passage.
"The Flood" délivre dès le début une production énorme mettant parfaitement en lumières les multiples arrangements du groupe, les riffs et surtout le chant massif et sans fioritures de Xav’. Les ambiances sont lourdes et suffocantes, et la musique de
Jenx invite à la déchéance, la chute de l’homme et la victoire de la machine, de la mécanisation sur l’humanité d’une société en plein déclin.
Relativement noir, les ambiances se rapprochent parfois de
Nine Inch Nails ou plus récemment des français de
Zuul FX, notamment dans le son étant très proche et tout aussi direct. Le presque complètement électronique "RFID" démontre la maitrise de
Jenx à créer des atmosphères sombres et glauques, tout en restant toujours foncièrement menaçantes, voir violentes. Il sert de préambule à un "Nibiru" où les vocaux se rapprochent plus visiblement de
Corey Taylor, agrémentés de multiples overdubs qui renforce le sentiment d’oppression du chanteur, comme enfermé dans son propre corps.
Néanmoins, sur l’ensemble du disque,
Jenx manque d’originalité et de prise de risques, faisant de cet excellent "
Enuma Elish" un album qui donne plus envie de réécouter les opus des groupes susnommés plutôt que d’approfondir réellement notre découverte des bordelais. Il manque à l’album une personnalité propre, une âme qui en ferait une entité personnelle et portant la marque de
Jenx. Une certaine monotonie s’installe, un manque de surprise qui devient rédhibitoire après quelques écoutes. "
Enuma Elish" utilise les mêmes recettes sur la quasi intégralité des compositions et peine réellement à captiver l’auditeur pendant ses cinquante minutes.
Qu’ajouter de plus ?
Jenx réalise un album très acceptable dans le genre mais ne se détache presque jamais, récitant impeccablement ses gammes mais n’osant pas transgresser des codes confortablement installés dans sa méthode de composition. Il y a fort à parier qu’"
Enuma Elish" sera apprécié principalement par les acharnés du genre, les autres réservant leurs écoutes à des albums plus empreints à les surprendre et les emmener là où on ne l’attend pas.
Le son, la technique et l’interprétation y est…il manque juste la petite étincelle qui ferait de
Jenx le groupe à suivre…sans doute la prochaine fois.
Bonne chronique. Un peu plus courte qu'à ton habitude, j'ai l'impression, mais toujours très claire, et précise. :-)
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