Pas plus tard que l'année dernière,
Borgne avait largué à la face du monde apeuré une véritable bombe de Black
Metal industrialisé et teinté d'ambiances mécaniques, sobrement intitulée "IV". Ce disque, bien qu'excellent, cachait très mal ses influences, allant de
Mysticum à
Darkspace, en passant par
Blacklodge.
Quid de glorification de drogues dIVerses ou d'aphorismes spatiaux ? Que nenni, Bornyhake, gentiment dérangé, recherche avant tout "l'aliénation mentale", en prenant pour exemple l'homme derrière le groupe japonais
Endless Dismal Moan, qui, l'ayant trouvée, finit par mettre fin à ses jours.
Fort heureusement pour les amateurs de musique extrême, le sinistre Suisse n'a pas trouvé cette folie qu'il désire, et balise son parcours d'une nouvelle oeuvre, portant cette fois un nom clair et net : "
Entraves de l'Âme". Un disque plus personnel, voire même plus abouti que ses précédents travaux. Nous allons voir pourquoi.
La première chose qui frappe l'auditeur, ou le potentiel acheteur, est bien entendu la pochette : aussi moche soit-elle, cela fait toujours plaisir de voir que le bonhomme s'est loué les services d'un graphiste, plutôt que ses retouches photoshop très classiques d'avant. Comme je viens de le dire, néanmoins, l'artisanat n'est pas toujours gage de qualité, et l'artwork de cet opus est loin d'être brillant. Trop dépouillé, trop "cheap", mais il a au moins le mérite, dans son minimalisme, de recentrer l'attention de l'auditeur sur la musique à proprement parler.
Alors, quoi de nouveau chez le combo ? Un gros mélange de
Vinterriket et de
Darkspace, pour vulgariser. La production, toujours aussi soignée, fait la part belle aux ambiances employées par le groupe. Malheureusement, la boîte à rythme a changé de son : là ou "IV" possédait un son très proche de la batterie accoustique, "
Entraves de l'Âme" possède un son très Bontampi, nuisant cruellement à l'atmosphère du disque en général.
Bornyhake a également lâché les ambiances industrielles jusqu'au bout des boulons pour se recentrer sur une musique bien plus épique et théâtrale : des influences Goth et Batcave se font ressentir tout au long des titres composant cet opus. Citons comme exemple "Moorwanderung", que n'aurait pas renié un certain Nattramn ou Wintherr. Les claviers de cette pièce, très cosmiques, rappellent immanquablement l'interlude "
Dark 3.15" de vous-savez-qui (Ha, mince, la folie Harry Potter commence à déteindre sur moi).
Les ambiances se font également parfois grandioses, ambiances que l'on retrouve dans le majestueux "
Dark Mirror", dont les envolées de clavier font frissonner de plaisir. Ce n'est ni du sympho, ni de l'ambiance, ni de l'atmosphérique purs, mais un beau mélange réussi de ces trois qualificatifs.
Ne nous leurrons pas cependant, les morceaux violents et incisifs sont également de la partie, en témoigne "
Die Trying To Take
Off The Rope" (on pardonnera d'ailleurs à Bornyhake d'avoir honteusement recyclé le sample du premier morceau de "IV" en guise d'introduction), qui est un titre, parmi d'autres, filant une vraie baffe à celui qui se risque dans cette sombre forêt esquissée par
Borgne.
Petit choc également, l'emploi d'une guitare sèche au son très mélancolique sur "The Plague", sur un sample de vent froid et de pluie. Titre délicieux, et progressif au possible, montant en puissance tout au long de ses huit minutes. Hé, mais... Attendez deux secondes... Ha, excusez moi, j'ai cru que ma playlist avait enchaîné sur un morceau de
Darkspace.
Car oui, aussi bon et abouti soit cet album, les influences de
Borgne ne sont toujours pas bien digérées, et ce "
Entraves de l'Âme" sonne comme un
Darkspace qui aurait enregistré dans un studio clean, et non pas dans un satellite. C'est d'ailleurs fort dommage, au vu du potentiel de Bornyhake, qui s'evertue depuis déjà cinq essais à faire un copier/coller des groupes sus-nommés, en les transformant à peine.
L'opus mérite donc bien ce petit 15/20, note d'encouragement, car "
Entraves de l'Âme" s'en tire avec les honneurs, proposant une musique aussi sombre que racée, bien que trop calquée sur ses illustres modèles. Un bon disque, mais qui aurait mérité plus de travail sur les expérimentations :
Borgne a laissé de côté les bidouillages de "IV" pour proposer un disque un peu plus "classique". Dommage pour certains, tant mieux pour d'autres. Il en reste que le groupe gagne en facilité d'écoute.
effectivement c'est pas "voici" ici mais j'avais entendu d'autres histoires sur Bornyhake bien plus fun mais tout aussi tarées.
on clos le sujet avant que Bornyhake ne siffle trop des oreilles.
Putain le dernier Borgne plus je l'écoute plus c'est un chef d'œuvre...
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