L’expression artistique d’un univers propre à chacun, passe par de nombreuses étapes fondamentales. En premier lieu naît l’éveil crucial de ces envies créatives, excité par la délicieuse fébrilité du plaisir issue de ces diverses confrontations à l’œuvre de différents peintres, cinéastes ou, par exemple, musiciens. Vient ensuite le délicat processus de l’appropriation et de la restitution de ces envies insufflés par les idées des autres. C’est au cours de cette douloureuse étape que doit s’affirmer l’univers créatif de l’artiste au travers de ces influences assimilées et retranscrite alourdis de son propre souffle. Or c’est souvent dans cette retranscription distinctive que les artistes sans discours personnel se contentent de reproduire ce que d’autres ont déjà écrits, composés, peints et filmés avant eux.
On pourrait voir dans ce
Enter Deception premier véritable album de
Cellador, un hommage appuyé à la scène Heavy Speed/
Power Metal européenne, puisant sa source en divers lieux, et diverses époques. Ou, plus simplement, l’expression éhontée d’un plagiat manifeste dans lequel il nous suffirait de citer
Stratovarius,
Helloween,
Gamma Ray, Dragonforce et quelques autres pour en faire un résumé, certes, incomplet mais assez proche, tout de même, d’une certaine réalité. Cependant, si
Cellador nous propose un condensé, duplicata sans âme des groupes précités, c’est en Dragonforce qu’il trouve sa plus grande inspiration. Il nous en propose, incontestablement, un reflet à la personnalité assez semblable, et ce, même si, son visage n’en porte pas exactement tous les stigmates.
Ainsi, si la musique des Américains ressemble à s’y méprendre à celle des Britanniques, elle tente, parfois, de manière infime, de s’éloigner de sa fougueuse vélocité systématique. Si le résultat donne à l'ensemble un aspect un peu moins monotone et monolithique; elle n’en devient pas nécessairement plus intéressante. Et ce d’autant plus que dès lors que
Cellador parvient à s’émanciper de l’empreinte anglaise, c’est pour mieux se rapprocher de ses aspirations saxonnes ou scandinaves. Ainsi n’est-il pas rare, au détour d’un riff ou d’une mélodie, de reconnaître assez précisément certaines similitudes parfaites avec les travaux des groupes déjà évoqués. Cette embarrassante faiblesse d’imagination est même d’emblée confirmé sur un
Leaving All Behind, premier titre de l’album, possédant de troublantes ressemblances avec
Hell is thy
Home que l'on peut retrouver sur l’opus
Majestic de
Gamma Ray. Impuissance créative réaffirmée, subrepticement encore, sur un Forever Unbound aux allures furtivement similaire à Eagles Fly
Free d’
Helloween, ou sur, par exemple, un Seen
Through Time au prélude soudainement proche d’un Tomorrow de l’album Episode de
Stratovarius.
Quoi qu’il en soit, et passant outre ces imperfections grossières, le propos de ce
Enter Deception s’efforce vainement de nous convaincre. De ce Heavy Speed à la vivacité, souvent, foudroyante (
Leaving All Behind, À
Sign Far Beyond, ou, par exemple, Wakening) naît, effectivement, un invariable sentiment pesant d'ennui que rien ne peut venir troubler.
Bien évidement l’extrême technicité de cette œuvre pourra séduire. Cependant sans un concept fort capable de véhiculer des émotions profondes autres que celle de la contemplation extatique stérile face à ces gens capables de maîtriser une telle rapidité, et sans davantage de nuances, selon moi,
Cellador ne s'en sortira pas.
Souvent les idées élémentaires sont artistiquement les meilleures, et ce
Enter Deception, alourdi de cette excessive vélocité vaine, n’a assurément rien de ces voyages artistiques délicieux nés de cette simplicité. De plus sa créativité, empruntée à tant d’autres, nous propose la fade représentation d’une pièce tellement de fois proposé par de tellement plus illustres. Or il vaut toujours mieux préférer l’original à la copie puisque, le plus souvent, le faussaire est bien moins talentueux que le véritable artiste.
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