Généralement, je ne suis pas un adepte des mélanges, que ce soit d’un point de vue musical ou gustatif. Combien de groupes tentant de rapprocher deux styles opposés ont dû échouer pour qu’un seul d’entre eux finissent par créer l’alchimie parfaite ? On ne les compte plus…
Les américains d’
Helmsplitter, bien qu’inconnus au bataillon, sévissent depuis maintenant 6 ans, durée pendant laquelle ils n’ont donné vie qu’à une seule démo en 2009. Les voici donc 5 ans plus tard avec leur premier album sous la main, «
Enraptured by Suffering » distribué par Horror
Pain Gore Death Productions (HPGD pour les intimes).
Je parlais tout à l’heure des mélanges de genres musicaux. Eh bien sachez que
Helmsplitter propose ni plus ni moins qu’une subtile association de death, de black, de thrash et même de sludge. Vous l’aurez compris, limiter le style du groupe à du thrash death (ou death thrash) serait une erreur. Difficile de se faire une idée sur le style pratiqué, n’est-ce pas ?
Dès "
Tyrants for
Blood", un puissant riff de black thrash que même
Impaled Nazarene ne renierai pas saute à la gorge de l’auditeur. Mais très vite, c’est un mid-tempo typé death qui prend le relais pour le plus grand plaisir de nos cervicales. Il va falloir vous y faire, les américains prennent un malin plaisir à varier les styles au sein même de leurs compositions sans pour autant que ces dernières ne s’en révèlent incohérentes. Les exemples sont légions dans ce disque : citons "Dance of the
Heretic" qui débute sur un rythme en 3/4 (figure rythmique typique de la valse) pour déboucher sur un riff bien huilé et au groove jouissif, façon
Entombed sur «
Wolverine Blues » ou "The Grounds Bleeds
Sorrow" et ses influences death ‘n’ roll au solo old school du plus bel effet. Autre atout primordial de ce premier méfait, la production dopée à la testostérone élaborée par Scoot Creekmore qui était également aux commandes de «
Omen of
Disease » de
Broken Hope. Le son des guitares est gras à souhait et fait office de mur sonore, la batterie est puissante et organique, et cerise sur le gâteau, les lignes de basse de Lyndon sont audibles.
Le nombre d’influences canalisé dans les compositions étant important, il est difficile de ne pas citer chacun des morceaux composant ce «
Enraptured by Suffering » qui se révèle en conséquence très hétérogène. L’écoute du disque s’en révèle tout de même agréable, les majorités des compositions reposant sur l’efficacité des riffs proposés par la paire Grevas/Mallie et sur les changements de rythmes incessants des lignes de batterie. Pour compléter le tableau, Blakk lui aussi fait preuve de diversité en mêlant chant écorché, growl caverneux et screams tout au long de l’album, son timbre rappelant celui de Mikael Åkerfeldt (
Opeth, ex-
Bloodbath). Enfin, le groupe propose un "
Summon the Leeches" apocalyptique aux relents doom et black plutôt réussi d’un point de vue composition mais légèrement altéré par la production qui ne sied pas parfaitement à ce style.
En bref, «
Enraptured by Suffering » allie la puissance du death metal à la lourdeur et au groove du sludge en saupoudrant le tout d’arpèges et de blasts black bien pensés. On notera cependant l’absence de passages mémorables, de refrains fédérateurs qui permettraient à cet album de réellement faire la différence. Si vous cherchez du death crade et malsain, passez votre chemin : cette première offrande des américains est plutôt le genre de disque à vous coller la patate de bon matin grâce à son riffing surprenant et sa puissance de feu imparable. Vous voilà prévenus…
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