Endorphin

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17/20
Nom du groupe Infected Rain
Nom de l'album Endorphin
Type Album
Date de parution 18 Octobre 2019
Style MusicalNéo Metal
Membres possèdant cet album23

Tracklist

1.
 The Earth Mantra
 
2.
 Black Gold
 
3.
 Symphony of Trust
 
4.
 Pendulum
 
5.
 Passerby
 
6.
 Lure
 
7.
 Victims
 
8.
 Walking Dead
 
9.
 Taphephobia
 
10.
 Storm
 

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Infected Rain


Chronique @ JeanEdernDesecrator

31 Décembre 2019

Qui aime bien châtie bien.

Je vous ai peut-être déjà parlé de Rigobert, mon stagiaire attitré de 20 ans, qui me sert de pigiste corvéable à merci, d'espion des réseaux sociaux en freelance, de virtuose de la machine à dosettes et de catastrophe orthographique incurable. Il remplit aussi mes longues soirées au coin du feu, au cours desquelles nous nous jetons à la figure des colles musicales, un bon moyen de pallier des lacunes qui ne font pas bon ménage avec l'excellence intersidérale en matière de chronique.
En lisant une interview sur un journal de hard (pas Le Journal du Hard, ami des années 90), je trouve une occasion de moucher le jeune hyperactif multitâche sur son propre terrain :
- Qu'est ce qui a les cheveux bleus, et en compte compte cinq ?
- Une Social Justice Warrior qui fait un stop de cowboy ?
- C'est pas une blague, c'est un groupe qui vient des pays de l'Est.
- Jinger !!!!
- Perdu ! C'est Infected Rain, ils viennent de sortir un nouvel album. Vas me faire un capuccino.
- Rhooo, je croyais qu'elle avait les cheveux orange, Lena, Pffff…

Infected Rain pourrait sembler un avatar à la mode tout juste sorti du moule, et pourtant ce groupe issu de Moldavie bourlingue depuis plus de dix ans, et en est déjà à son quatrième opus. Formé à l'origine par la chanteuse Lena Cataraga, le guitariste Vidick Ozhog et d'un DJ, Ivan Kristioglo, Infected Rain a tout de suite joué la carte "surprise !" en mêlant électro, neo metal industriel burné, et accortes évanescenceries. Le line up s'est stabilisé ensuite autour d'une formule plus classique basse/batterie/guitares/chant, sans perdre pour autant cette touche d'originalité.
Après un premier EP sorti en 2009, leur premier album autoproduit "Asylum" sorti en 2011 jouait avec les contrastes entre ce qui ressemblait à du Pleymo Fear Factorisé survolé par une Lena aussi douce dans la mélodie que rauque dans le growl. Si le son était très brut de décoffrage, ça jouait déjà vachement bien ensemble et cela faisait un premier jet très prometteur.
Tel un artisan local appliqué, le combo a sorti deux autres albums produits dans les mêmes conditions, bien au chaud dans son studio Moldave, et produit par Valentin Voluta, qui n'est autre que le frère de l'actuel batteur Eugene Voluta. La musique d'Infected Rain a lentement progressé, et le son et la maturité des compositions s'est bien améliorée.

"86", leur troisième album sorti en 2017, a bénéficié de plusieurs singles en vidéo, et le groupe a été enfin signé par un vrai label, Napalm Records, alors que la plus grande partie de l'album qui nous intéresse ici était déjà enregistré.

On reste en terrain connu, dans la continuité directe de "86". Même au niveau du son, très propre et maîtrisé, qui atteignait auparavant déjà la limite supérieure de ce qu'on peut faire en autoproduction.

L'album commence avec le plat de résistance , "Earth Mantra", premier single bon pour la planète dévoilé il y a quelques mois. Riff saccadés, ambiance inquiétante, et une structure assez osée avec de soudaines accalmies électro avant un très beau refrain ou la chanteuse fait parler sa sensibilité.

Comme sur "86", Infected Rain sait se montrer catchy et efficace, même si on note pas mal de tics metalcore : accordage bien grave, quelques guitares aériennes chargées de shimmer ("Black Gold", par ailleurs assez badass), cymbale china qui martèle posément le temps à la noire ("Victims"), ainsi que des breakdowns avec le sempiternel fatal accord méchant-core ( "Pendulum").

Lena est la frontwoman, la tête pensante, la locomotive d'Infected Rain, elle écrase tout. Son chant clair, gracile, fait souvent penser à Amy Lee, et ses refrains donnent à "Symphony of Trust ", "Pendulum", ou "Walking Dead" des airs d'Evanescence ou de Paramore en version brutale. Sur "Lure", elle se montre psycho comme j'aime, en la jouant faussement ingénue avant de finir sa phrase en mode super-vénère. Par contre… son chant growlé tape souvent dans le même registre criard en fry scream, et même rythmiquement il y a des schémas qui se répètent plus que de raison. En revanche, quand Lena fait glisser son growl vers le grave plus gueulé, il faut bien dire que ça arrache, et qu'on aimerait bien qu'elle module plus souvent de ce coté-là, ou d'autres, vu ses énormes capacités vocales.
De même, je suis sûr qu'elle en a suffisamment sous le pied pour aller chercher la mélodie en dehors des canons des cantatrices du metal sus-citées.

Coté section rythmique, c'est efficace et sans fioriture pour la batterie, avec la grosse caisse/caisse claire qui suit à la lettre les guitares, comme souvent dans le metalcore, et c'est très propre, comme je l'ai déjà dit plus haut pour le son en général. La basse est discrète, mais présente, et elle suit genTiment les guitares, sans dépasser. Comme c'est parfois le cas dans des groupes où la leadeuse prend toute la lumière et catalyse toute l'énergie, il est à regretter que les musiciens semblent avoir du mal à s'extravertir.

La touche indus, est toujours là, apportée principalement par la paire de guitaristes Vidick et Sergey dans les quelques harmoniques ou squeals dissonants mis ça et là ("Black Gold", "Passerby"), donnant à ces riffs abrupts un coté Fear Factory metalcore light. Cependant, la dissonance est faite de manière pas très inspirée le plus souvent, comme si la note était choisie au pif. Même sur "Earth Mantra", le titre phare de l'album, où les riffs metal indus restent monocordes et ne s'impriment pas dans la tête ; ce qui aurait dû être un atout rend la musique du quintette la moitié du temps assez quelconque.
Dommage, car quand c'est développé, comme sur "Lure" qui est franchement metal industriel, ou que c'est augmenté d'électro et de claviers pleins d'emphase - le dernier titre, "Storm", qui est purement électro/trip-hop, à la Björk, aussi incongru que réussi - Infected Rain se démarque largement de la masse des groupes metalcore ou Djent.

Car, depuis deux albums, Infected Rain a fait un upgrade metalcore pour la base de son bi-classage de genre , alors qu'il semblait plus inspiré dans le neo metal. Parfois, il vaut mieux exceller dans son genre de prédilection, même s'il est un peu passé de mode, que de se retrouver noyé parmi 10000 groupes qui se copient tous les uns les autres.
Tout cela est d'autant plus rageant qu'on sent le groupe à l'aise avec l'énergie et la haute intensité. Il n'y a qu'à voir leurs vidéos live, où leur puissance de feu semble assez explosive ; c'est un groupe que j'aimerais bien voir en concert.

Si je devais demander l'avis de Tonton Casse-Bonbons (à savoir moi-même), je dirais que l'exigence quand à la qualité et la musicalité devrait s'appliquer autant aux riffs cartons qu'aux passages mélodiques. C'est dans ces derniers qu'Infected Rain surprend et accroche le plus. Sur "Lure", par exemple, au moment où le morceau perd en intérêt, paf, un riff atonal venu de nulle part scotche les oreilles. C'est le cas aussi sur "Taphephobia" qui a un goût de déjà entendu, avant de basculer sur un très bel intermède électro, et de finir dans un désespoir poignant, dans une autre dimension.

Infected Rain était resté très longtemps dans l'autoproduction de qualité avant de vouloir passer un cap avec leur signature chez Napalm Records. A comparer ce nouvel opus "Endorphin" avec le précédent, "86" on peut regretter que l'évolution entrevue n'ait pas eu lieu. Tout du moins pas encore, et pour ne pas rester dans l'ombre d'un Jinjer qui a encore plus de chance dans les bons coups que notre Didier La Dèche national, il va falloir mettre les riffs moyens à la poubelle et aller creuser pour sortir le plein potentiel de ces musiciens encore un peu timorés et de leur chanteuse survoltée…

2 Commentaires

4 J'aime

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Game_system - 02 Janvier 2020:

Chronique intéressante, d'autant que je viens de voir Infected Rain en live il y a peu, en première partie d'Eluveitie. Ils se débrouille plutôt bien, bonne énergie et bonne performance de la chanteuse, c'était intéressant de découvrir un groupe néo moderne, chose assez rare aujourd'hui.

JeanEdernDesecrator - 03 Janvier 2020:

En plus j'aurais pu les voir, ils sont passés à Bordeaux en novembre, deg...

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