Le label chypriote
Pitch Black Records se félicite beaucoup d’avoir fait entrer dans sa maison la formation grecque «
Marauder », jouissant d’un prestige assez important dans la communauté metal hellène, que ce soit en Grèce ou à Chypre. C’est aussi un vœu qui se réalise pour le patron de la boutique, M. Phivos Papadopoulos, grand fan du groupe, qui avait été un de ceux s’étant offert un exemplaire de la première démo de «
Marauder » 20 ans plus tôt. Le groupe a 20 ans passés aujourd’hui et en arrive désormais à son cinquième album, intitulé «
Elegy of Blood ». Que le temps passe vite! Il restera cependant figé pour certains, des anciens fans, imaginant assez naïvement une vieille gloire revenir à ses vertes années, comme par enchantement. Il faut dire aussi que leur précédent opus, «
Face the Mirror », réalisé en 2008, avait marqué une baisse de régime, à des encablures d’un solide chef d’œuvre comme «
1821 ». La bande des compères Andreas Tsaousis et George Sofronas subirait le temps qui passe.
Tout d’abord «
Elegy of Blood » retrace quelques grandes périodes historiques. Certaines tragiques d’autres glorieuses. L’introduction «
Elegy » servira donc de première page à ces évènements rappelés par la formation grecque de heavy speed. Une petite mise sous tension en réalité, un passage épique et solennel porté par un chœur, puis par une légère brise symphonique. Cette mise en bouche nous mènera directement vers « The Great
War ». On y ouvre alors les hostilités dans un heavy speed furieux et calibré. Les couplets seront pour les membres une occasion de cogner de toutes leurs forces, de ressortir toute leur rage. Ainsi, le chant d’Alexandros monte haut dans les aigües, prenant une tonalité halfordienne. De même la furie gagnera les guitares et la batterie de Grigoris Vlachos. Cette dernière ébranle la piste de ses coups, sans parvenir pour autant à nous retirer cette mauvaise impression d’avoir à faire avec une caisse à savons. Aucun rapport en tout cas avec le refrain du morceau beaucoup plus apaisé, se rapprochant d’un style power mélodique.
Du power metal, il en serait évidemment question sur «
Crusader », mais également sur « Alexander ». En effet, on se base essentiellement sur une rythmique rapide, incluant quelques riffs proches de ceux d’«
Helloween », et un ton volontiers enjoué. Si, toutefois, on ne prête pas trop attention aux quelques écarts aigües produits par le chanteur. « Alexander » offrira une subtilité alléchante, s’accommodant d’une bonne dose d’épique lui donnant des airs de «
Virgin Steele ». Ce serait en revanche un tout autre résultat pour l’autre titre précédemment cité. Mal mené, déséquilibré, l’auditeur risque de se perdre dans ce que l’on pourra appeler l’imbroglio «
Crusader ». Ce cas illustre, à contrario, que la puissance n’est pas forcément le corolaire de la vitesse. Néanmoins, ces deux éléments sont à retenir pour l’instrumental « Hiroshima », qui pour l‘occasion, fait preuve d’une redoutable maîtrise. À la fois sec et mélodieux, incluant ici une nette influence thrash metal. Cas à part, si on le prend en compte avec l’intégralité de la galette.
On pourrait croire le riff d’entame de « World
War II » emprunté aussi au thrash metal. Même si un heavy metal alliant la foudre et les ténèbres arrive aussitôt au grand galop. Le morceau bien qu’intimidant, ne profite pas d’une grande perspective. Plat, maladroit, saboté par un chant et des chœurs mal fichus. Nous nous rendrons compte très tôt du manque d’inspiration du duo de guitaristes qui avait autrement su diriger le groupe, malgré les persistants problèmes de chant rencontrés durant ces années. Voila deux albums où Alexandros Kostarakos chante pour la formation. Il serait en définitif le moins mauvais de la troupe. On aurait en revanche bien à lui redire de ses performances sur le titre bonus «
In Memory ». Il se distingue par une voix éprouvée, fatiguée. Le morceau ne casse pas trois pattes à un canard mais aurait le mérite de nous accorder davantage en mélodies. Moins en revanche que la tendre ballade « Mother ». Il était à douter qu’avec un nom pareil, ils n’allaient pas faire autre chose qu’une ballade. Les membres s’emploient donc à un rythme slow, rehaussant le volume du chant et de la batterie pour marquer durablement le pas à pas.
Cela se montrera plus adroit en tout cas qu’un « Black Gold », tentant de nous emmener dans le désert avec ses airs arabisants. La magie de l’Orient n’opère décidément pas à l’écoute des sons horribles réalisés par la batterie. En plus de cela, le cheminement s’illustre par sa redondance, par l’ennui qu’il nous procure. Cette sensation se produira également pour des titres pourtant assez solides dans leur composition. Peut-être trop solide, si on prend le cas du poussif «
Warriors », taillé à l’arrache dans le rocher. Il se remarque pour son manque flagrant de mobilité, pour ses chœurs sans saveur. Bref, on fera aussi impasse sur « Roman
Empire » issu de la même veine. Il y aurait juste un peu plus de jus et une meilleure circulation de la musique. Néron du haut des remparts de
Rome n’en sera pas pour autant inquiété.
L’Histoire ça passionne quelques uns et ça fatigue tous les autres. Il serait fort peu probable que ce «
Elegy of Blood » passionne beaucoup de monde. Hormis quelques titres, parfois optionnels comme l’instrumental ou la ballade, qui tirent leur épingle du jeu par leur qualité appréciable sans pour autant en être remarquables, nous rencontrerons un «
Marauder » dénué du moindre éclat. Le groupe qui avait incarné le heavy speed grec avec des opus tels que «
Sense of Metal » ou l’illustre «
1821 » ne représente plus aujourd’hui l’image, le symbole que l’on voudrait encore lui donner. Terne, ballant, sans profondeur, le maître peut désormais se ranger aux côtés des élèves.
12/20
Pour "Sense of Metal", ce qui me gène encore ce sont les lignes de chant (je prends "Homicide" comme exemple). Pour cela, je trouve que "1821" s'en tire mieux. De "Life?" j'ai pu écouter que trois titres qui m'avaient pas l'air trop mauvais.
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