Depuis ses débuts en 2011,
Rise Of Avernus s'est fait un petit nom dans la communauté metal, notamment grâce à son premier opus "L'Appel du
Vide". Il a pu ainsi traverser les continents pour tourner avec des grosses pointures comme
Fleshgod Apocalypse,
Apocalyptica,
Rotting Christ ou encore
Enslaved. A cette époque, les Australiens officiaient encore dans un death/doom gothique type Belle & la Bête avec un duo classique growler/chanteuse. L'ambiance était sombre, le rythme lourd et les orchestrations parfois grandiloquentes, accompagnés de plans plutôt death. Si je parle de cette époque (entre
2012-2014), c'est parce que le groupe a légèrement changé de voie. Pour nous le prouver, il avait sorti en 2015 son second EP "Dramatis Personae" qui laissait tomber les éléments gothiques pour s'orienter vers un death/doom plus direct. Malgré ça, le rendu était plus fade, moins inspiré, très perfectible et le mixage pas vraiment au top niveau. Du coup, avec ce "Eigengrau", toujours signé chez Code666, on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre...
En réalité, "Eigengrau" est un réel pas en avant. On change vraiment de dimension, avec cette fois beaucoup plus de maturité et beaucoup plus d'inspirations. Un peu comme le jour et la nuit. Là où "Dramatis Personae" était oubliable, sans grandes prétentions, les nouvelles compositions semblent plus ancrées dans un tout et apportent à la fois noirceur, agressivité, mélodies et atmosphères. Le mixage/mastering de Logan Mader (
Gojira,
Fear Factory...) y est pour quelque chose : plus clair et plus lourd, il apporte une couleur qu'on ne retrouvait pas dans l'EP de 2015.
Les pistes sont plus raffinées, moins cloisonnées. Dans "L'Appel du
Vide", malgré de très bons moments, on sentait que le groupe se cloisonnait vers un metal gothique trop prévisible, ici c'est très ouvert et assez varié, avec une alternances de plans doom, death, prog, parfois black. Les parties orchestrales sont nombreuses mais ne bombardent pas l'auditeur à chaque instant, au contraire elles sont utilisées avec soin et efficacité pour soulever des moments particuliers. Le travail rythmique est tout aussi intéressant avec des passages plus rapides, d'autres plus lents et bien sûr des mid tempi bien venus ("Ad
Infinitum") entrecoupés de plans tribaux ("Tempest").
On se retrouve avec pas mal de bonnes choses. Le premier titre "Terminus" démarre avec une introduction très sombre et menaçante voire sinistre, renforcée par de gros cuivres rappelant le travail d'Howard Shore sur Le Seigneur des Anneaux. On enchaîne ensuite à une alternance death/doom avec des textures sonores assez riches.
On évitera de passer à côté des excellents "Gehena" et "Eigenlicht". L'un joue avec une ambiance ethnique et un côté mélodramatique grâce à des effets vocaux réussis avant une déflagration de noirceur à coups de blasts. L'autre nous la joue melo death prog type
Be'lakor avec de chouettes moments de grâce.
Même si
Rise Of Avernus se rapproche davantage de ses compères Grecs de Septic
Flesh dans son utilisation du death metal et des orchestrations, on reste quand même dans le registre du doom et de l'atmosphérique, même si ces passages là sont plus rares que dans "L'Appel du
Vide". Les Australiens rendent leur musique plus extrême mais la diversifient aussi davantage. Moins prévisibles, les pistes dégagent une grande beauté noire grâce à un riffing impeccable et des orchestrations aux petits oignons. On a ici du death/doom symphonique de grande qualité.
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