Formé en 2001 par Dara Toibin, Torben Pedersen et Jacob Aa Hansen,
The Interbeing n'était juste qu'un élément de plus dans la sphère du metal danois, avant la sortie de leur première démo et l'obtention de plusieurs prix, dont le Danish
Metal Awards, l'Underground Music Awards ou le Royal
Metal Grand Prix. Dix ans plus tard, la formation devenue quintette arrive sur le devant de la scène afin de développer un son déroutant, influencé par différents styles musicaux.
En effet, dès les premières écoutes, nous retrouvons facilement à l'intérieur de ces onze morceaux, les riffs syncopés et polyrythmiques de
Meshuggah, des mélodies à la
Soilwork, des parties industrielles à la
Fear Factory voire
Sybreed, ainsi que de forts relents metalcore. Du neo-thrash à tendance metalcore donc ? On pourrait dire ça, même si l'album et la musique de
The Interbeing restent riches et ne se limitent pas qu'à cette étiquette-ci...
Car à travers ce style particulier, ce genre de metalcore industriel moderne, nous nous retrouvons en plus avec de forts accents cybernétiques, la faute aux nombreux éléments indus aux claviers, à cet aspect froid, mécanique et futuriste, à l'alternance chant crié/clair/synthétique, à ces ambiances déshumanisées, sombres et perdues...
The Interbeing, même si piochant dans différents styles, originalise le cyber metal en cette année 2011, lui donnant plus de force, d'intensité et d'agressivité...
Ici, comme une majorité de groupes cyber, la musique suit un concept et un certain type de parole. «
Edge of the Obscure » n'est autre que l'arrivée d'une nouvelle ère pour les personnes les plus décharnées...le concept met en avant une entité de fiction, mi machine-mi humaine (la pochette la représente bien), entité que nous suivons du début à la fin de l'album. « Ledge of Oblivion », dernier titre, n'est autre que le passage de la créature de « l'autre côté », après que nous l'ayons suivi dans la dystopie et des mondes distincts. Le côté obscur donc, n'est autre que le passage vers ce monde sombre et oublié, dans lequel règne une imposante et perpétuelle éclipse de soleil.
Cela ne vous dit rien ? Un certain groupe français,
Fractal Gates, bien qu'officiant dans un melodic death, avait exploité ce genre de concept avec un «
Altered State of Consciousness » (le livret en est le plus belle exemple) grâce à une production signée Jacob Hansen dans ses propres studio. La relation ? Rien à voir avec le bassiste Jacob Aa Hansen (il y a de quoi se tromper avec un patronyme presque identique!) mais le sieur a produit ce "
Edge of the Obscure" ainsi que des groupes tels que
Volbeat,
Mercenary, Clonecircle ou
Hatesphere...
Jetons maintenant une oreille plus attentive à la musique, attachée par de solides chaînes à ce concept atypique. Dès l'introduction « Elusive Atmosphere », l'auditeur se retrouve plongé dans un monde obscur et étouffant, les claviers en arrière plan et les bruits étranges ne pouvant être qu'un pas de plus. Cette intro cybernétique est suivie de près par un «
Pulse Within the
Paradox », résultat de la fornication de
Fear Factory,
Meshuggah et de
Trivium version cyber. Étonnant mais pas si original que ça, rien que le passage aux alentours de 03:05 aurait pu apparaître dans le «
Chaosphere » de
Meshuggah, tandis que le reste est du FF tout craché.
Toutefois, ce morceau est sans doute le seul à approcher de près les frontières de ces groupes, le reste étant tout de même plus personnel, malgré les riffings du même acabit.
Brutal, ambiancé, synthétique, électronique, futuriste, apocalyptique...les morceaux s'enchaînent avec une violence inouïe et décapante, tels des lames de rasoir, à la manière d'un
Sybreed en plus poussé, comme en témoigne « Tongues of the Soiled » . Ne vous attendez donc pas à un metalcore niais et peu original comme on en a l'habitude d'entendre ces derniers temps. La facette core est exploitée à bon escient, sans atteindre l'over dose, au sein de ce cyber neo thrash.
Si un « Fields of
Grey » et son intro futurico-mécanique émotive nous propulse dans une déflagration étonnante de riffs syncopés, et de cris déshumanisés jusqu'à un refrain fort et poignant, « Swallowing the Light » n'est autre que l'approche continue vers les terres sombres précédemment évoquées. Ce titre marque la moitié de l'album et montre une approche beaucoup plus sombre et torturée, plus robotique et déstructurée.
The Interbeing se fiche donc des codes et mélange encore et encore ses influences avec des éléments beaucoup plus personnels et originaux. « Celestial
Flames » marque un véritable contraste avec son riffing syncopé, ses éléments electro, et son refrain destructeur. Remarquez...nous sommes avec cette créature, près de ce monde et de cette éclipse salvatrice.
L'aventure se termine en douceur et en ambiance avec un « Ledge of the Oblivion » torturé. Les cris décharnés et presque étouffés en fond renforcent l'aspect mélancolique et désolé (« oblivion » étant l'oubli), les riffs sont continu et désorientés, aseptisés, procurant un aspect technologique, et les mélodies et les arrières plan, si on élude les parties guitares (comme au début et à la fin du morceau), peuvent évoquer un « Oxygene » d'un certain Jean-Michel Jarre...
Une très bonne révélation danoise dans le domaine du cyber metal, un genre qui s'étend, s'étend, s'étend...Ce «
Edge of the Obscure » signé chez
Target Distributions/Mighty Music reste un album puissant et monstrueux, fait aux petits oignons, où la fusion des instruments, du concept et des styles est des plus réussie, même si les influences sont là. A découvrir donc, et à suivre de très près !
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