Si autrefois
Stormhammer pratiquait un
Power Metal assez classique et plutôt empreint de ces sonorités dont l'Italie, et, plus généralement, le vieux continent, sont si friandes, tel n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui. Davantage centré sur sa propre culture, il nous propose désormais un art un peu plus âpre, plus Heavy Speed
Metal pourrait-on dire, dans lequel il ne sera pas difficile de déceler les ombres des
Blind Guardian,
Persuader et autres
Manticora.
Echoes of à
Lost Paradise est son cinquième méfait et donne à entendre un ensemble maîtrisé et plutôt plaisant, qui, cependant, manque sacrément d'originalité. Mais n'allons pas trop vite en besogne et accordons à ce disque le bénéfice d'un doute qu'une première écoute succincte aura annihilé.
Après une entame instrumentale un peu longuette, pour ne pas dire ennuyeuse,
Glory Halls of Vahalla démarre et confirme cette légère "radicalisation" voulue par ce collectif. Un changement qui sera d'ailleurs grandement mis en exergue par la voix très "allemande" du nouveau vocaliste du quintet munichois, Jürgen Dachl. Au-delà de ce premier titre pas nécessairement passionnant, d'autres s'enchaînent laissant poindre, assez rapidement, ce satané syndrome, que les plus aguerris d'entre-nous connaissent sous le nom de "Le plaisir est là. Les morceaux sont bons. Les musiciens se démènent avec un certain talent (pour ne pas dire un talent certain) et pourtant rien n'est marquant. Rien ne provoque d'enthousiasme démesuré et, au final, lorsque le silence reprend ses droits, tout est oublié". Fast
Life,
Echoes of a Lost Paradise,
Promises ou encore, par exemple,
Stormrider sont, en effet, autant de moments agréables sur l'instant (ou autant d'instants agréables sur le moment), mais qui s'étiolent pour ne laisser aucune trace, aucun souvenir, une fois terminés.
Le naufrage paraît donc inéluctable. Sauf que, soudain, de manière presque inopinée, survient le miracle que nul n'attendait plus. Au coeur de cet océan d'un bleu interchangeable, quelques remous viennent enfin secouer le navire. Des vagues salutaires provoquées par quelques voix brusquement plus rugueuses, presque Death, en un Leaving pourtant classique. Le break de Bloody Tears nous offre, lui aussi, quelques frémissements pas inintéressants. Tout comme d'ailleurs l'entame toute en finesse d'Holy
War.
Des nuances malheureusement trop rares pour réellement effacer de nos esprits ce sentiment de linéarité et de conservatisme (le mot est lâché) que nous procurent assez souvent cet opus.
Evidemment, mû par un traditionalisme de Panurge,
Stormhammer nous sert ici une ballade, Into Darkest
Void, répondant parfaitement au cahier des charges puisque ce "joli moment poignant" n'oublie pas de s'orner de quelques relents épiques. Excepté son final sympathique, nous rappelant, subrepticement Wasp et sa
Mephisto Waltz (The Headless
Children (1989)), cette piste est plutôt dispensable. Non content d'ainsi nous torturer avec une première pénible, le groupe ira même jusqu'à nous en proposer une seconde,
The Ocean, du même acabit, pour le même résultat.
Un album plutôt correct et plutôt attachant pour peu que le conformisme et le manque d'imagination ne soient pas rédhibitoires pour l'auditeur qui tentera l'aventure. S'agissant de votre humble serviteur, que pourtant le traditionalisme n'effraie pas, loin s'en faut, il préférera passer son chemin en quête d'océan bien moins bleu et bien plus séduisants.
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